La voiture électrique a-t-elle toujours sa place dans le débat politique à quelques jours des élections législatives françaises ? La mobilité électrique est particulièrement absente des programmes des différents partis politiques, comme Numerama a pu le constater.

Pouvoir d’achat, insécurité et services publics semblent capter toute l’attention lors de cette campagne des législatives anticipées du 30 juin et 7 juillets. Pour autant, l’automobile n’est pas complètement invisibilisée. Cependant, elle n’apparait pas toujours sous la forme attendue, comme a pu le constater Numerama en parcourant les programmes.

Quelle est la place de l’automobile et plus spécifiquement de la voiture électrique dans les débats politiques des élections législatives ? Alors que les dirigeants politiques sont habituellement prompts à s’exprimer sur le sujet, la voiture électrique est particulièrement absente des promesses électorales. Bonne ou mauvaise nouvelle pour le développement des véhicules électriques ? Difficile à dire, l’automobile n’est apparemment pas une des priorités politiques de cette élection.

Le parti présidentiel poursuit les mesures existantes

C’est sur le programme du parti Ensemble ! que la seule occurrence de l’expression « voitures électriques » est visible. Le programme de la campagne d’Ensemble ! fait cette promesse : « Nous proposerons chaque année 100 000 véhicules électriques en leasing social pour permettre aux Français de classes moyennes et populaires de choisir un mode de déplacement non-polluant. »

Emmanuel Macron en visite chez Renault devant la future Mégane e-tech // Source : Renault
Emmanuel Macron en visite chez Renault devant la future Mégane e-tech. // Source : Renault

Le leasing social, aussi appelé « voiture électrique à 100 € par mois », était une des promesses d’Emmanuel Macron lors de l’élection présidentielle de 2022. Cela consiste essentiellement à subventionner, avec 13 000 € d’aides publiques, la location longue durée d’une voiture électrique européenne à budget mesuré et pour certains ménages seulement. Le premier volet de ce leasing social a eu lieu en ce début 2024.

En 6 semaines, près de 50 000 dossiers ont été déposés dans les concessions et la mesure a été suspendue jusqu’en 2025. Cette offre est assez populaire chez les clients, mais les professionnels de l’automobile craignent des répercussions à long terme sur le marché automobile, notamment d’occasion. Passer de 50 000 à 100 000 véhicules électriques en leasing social par an pourrait créer une distorsion du marché automobile français.

Le parti Ensemble ! aurait probablement pu trouver d’autres promesses plus saines et moins coûteuses à l’État pour encourager le développement de la voiture électrique en France.

Le Rassemblement National plutôt en faveur des voitures thermiques

Le Rassemblement National aborde l’automobile dans son programme électoral, mais avec une approche différente. Le parti d’extrême droite indique notamment vouloir « renoncer à l’interdiction de la vente des voitures à moteur thermique à l’horizon 2035 et inciter les constructeurs français à développer des véhicules propres abordables ». Une autre proposition consiste à « supprimer les Zones à Faibles Émissions ». Ces deux propositions pourraient faire du tort au développement de la voiture électrique, mais plairont certainement aux électeurs qui ne veulent pas se passer de voitures thermiques.

Cependant, aucun de ces deux points du programme du RN ne relève réellement de la compétence nationale. L’interdiction de la commercialisation des moteurs thermiques dépend de décisions européennes. Les zones à faibles émissions (ZFE) viennent aussi des engagements climatiques pris au niveau européen, même s’il est possible de prendre une décision locale (à l’échelle du pays ou des agglomérations), qui pourrait coûter cher à la France.

Enfin, le parti du Rassemblement National veut encourager les constructeurs français à développer des véhicules propres abordables. Comment ? Pour qui ?

Jordan Bardella ne cache pas son désamour pour la voiture électrique, qu’il a encore partagé sur X le 7 mai dernier. Mais, sans plus de précision sur ce que le RN qualifie de « voiture propre », il est difficile de définir dans quelle direction tend précisément le programme. Nos confrères de Frandroid avaient d’ailleurs répondu aux fausses allégations du candidat lors de son allocution.

Le Nouveau Front Populaire exclut l’automobile de son programme

Ni thermique, ni électrique : l’automobile est la grande absente du programme du Nouveau Front Populaire. Le parti préfère se concentrer sur des transports en commun et du train pour tous dans son programme.

Le parti du Front Populaire mentionne quand même l’automobile, mais seulement dans le cadre industriel : « Engager un plan de reconstruction industrielle pour mettre fin à la dépendance de la France et de l’Europe dans les domaines stratégiques (semi-conducteurs, médicaments, technologies de pointe, voitures électriques, panneaux solaires, etc). » C’est un programme similaire à la politique actuelle du parti Ensemble !

Une industrie, comme la filière automobile dans son ensemble, n’a pas juste besoin de soutien pour se construire, il faut essentiellement des débouchés pour survivre et se protéger de la menace extérieure. Le Nouveau Front Populaire a quand même un large programme écologique, qui pourrait inclure la transition vers le véhicule électrique dans des plans de décarbonation de l’économie et du pays.

Peugeot e-3008 fabriqué en France // Source : Peugeot
Peugeot e-3008 fabriqué en France. // Source : Peugeot

Les promesses électorales des 3 principaux partis concernant la voiture individuelles restent donc assez vagues. De grandes tendances existent cependant par rapport aux positions prises par le passé par ces partis politiques :

  • Rassemble National : plutôt contre, favorable à moins de sanctions sur les voitures thermiques
  • Ensemble : favorable au développement de la voiture électrique,
  • Nouveau Front Populaire : plutôt pour, mais le parti préfère l’abandon de la voiture individuelle au profit d’autres mobilités douce ou de voitures partagées.

Beaucoup d’enjeux sur le développement de la voiture électrique vont dépendre des décisions européennes. Cependant, au niveau local se jouent plusieurs sujets cruciaux comme la fiscalité, les aides, l’état des infrastructures routières (grand absent du débat politique) et la politique industrielle.

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