Normalement, tout est fait pour faire baisser la mortalité à bord des voitures récentes. La réglementation européenne nous impose même une invasion de « bip bip » dans ce but. Pour autant, il semble bien y avoir quelques trous dans la raquette. L’Europe laisse rouler des véhicules qui peuvent représenter de plus gros dangers pour leurs occupants que le fait de mordre une ligne blanche ou de dépasser d’un kilomètre/heure la vitesse autorisée.
Il est vrai que l’on ne fait pas d’omelettes sans casser des œufs en matière d’innovation. Mais certaines révolutions mériteraient probablement d’être un peu mieux contrôlées avant une mise sur le marché.
La Fisker kidnappeuse
Les bêta-testeurs clients du constructeur Fisker (désormais en faillite) sont confrontés à des dysfonctionnements électroniques et mécaniques plus ou moins gênants. Le blocage aléatoire des portières fait partie du lot des désagréments possibles, une enquête du NHTSA (sécurité routière américaine) est d’ailleurs en cours.
Cet édito est inspiré par la mésaventure d’un propriétaire français de Fisker Ocean (son témoignage complet est à lire sur Frandroid). Ce client et son enfant se sont retrouvés enfermés dans le véhicule à la suite d’une panne de la petite batterie 12V – panne répandue sur les VE. Sans alimentation électrique, les commandes électroniques de déverrouillage et d’ouverture des portières ne marchent plus. La solution de secours (physique) n’a également pas fonctionné, une vidéo en témoigne. L’homme a dû faire appel aux pompiers pour être libéré de son propre véhicule en brisant une vitre. Si vous voulez développer une nouvelle phobie, imaginez la même situation avec le véhicule qui chute dans un plan d’eau ou prend feu.
D’autres faits divers autour de conducteurs coincés dans leur véhicule électrique (avec poignées électroniques) ont parfois agité le web. Souvent, les propriétaires ne connaissent simplement pas la solution manuelle pour se débloquer. Est-ce la faute du constructeur ? On peut être tenté de répondre non. Mais est-ce vraiment au client, dans un moment potentiellement anxiogène, de se souvenir d’une manipulation non-naturelle ? Je n’en suis pas convaincue. Dans ces cas-là, la technologie complexifie plus qu’elle n’améliore l’automobile.
La technologie et les problèmes sous-jacents
Il est indéniable que la technologie apporte de nouvelles perspectives à l’automobile. Les progrès réalisés en quelques années sur les voitures – notamment électriques – sont même assez impressionnants. Les outils informatiques permettent d’aller toujours plus vite dans le développement. Les innovations sont testées numériquement avant même de construire quoique ce soit de physique. C’est un gain de temps ainsi que des économies substantielles pour les constructeurs.
Néanmoins, sans vouloir endosser le rôle de la techno sceptique, je me demande si tout cela va toujours dans le bon sens pour la sécurité à bord : IA, conduite autonome, véhicule défini par le logiciel, commandes entièrement tactiles, Steer-by-wire/brake-by wire (direction/freinage sans liaison mécanique)… Comme toutes les innovations, il y a forcément une période d’apprentissage qui n’est pas sans danger.
Les phases de test des innovations électroniques et de vérification des codes informatiques sont-elles suffisantes, dans un rythme industriel effréné et qui court après la rentabilité ? Les voitures sont devenues des programmes informatiques géants, dont l’issue d’un bug pourrait conduire à des conséquences fatales. Ce qu’il se passe dans l’aérien avec Boeing m’amène à me poser beaucoup de questions sur ce que l’on pense être sécurisé et correctement testé. Doit-on s’inquiéter de l’avenir ?
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