L’Europe impose des aides à la conduite sur toutes les nouvelles voitures dès le 7 juillet 2024. Si le principe de base consiste à améliorer la sécurité à bord des véhicules, le ressenti des conducteurs n’est pas toujours en accord avec cet objectif.

Bip de changement de limitation de vitesse, bip de dépassement de vitesse, bip de manque de vigilance, bip de franchissement de ligne… Si vous avez l’impression que votre nouvelle voiture vous parle en morse (ou en bip), c’est parfaitement normal. Cela signifie que votre voiture est aux nouvelles normes européennes. Il va falloir s’y faire.

La Commission européenne a imposé aux constructeurs automobiles d’intégrer de nouvelles aides à la conduite sur l’ensemble des véhicules neufs vendus en Europe. Connue sous le nom un peu barbare de Global Safety Regulation 2 ou GSR2, cette nouvelle règlementation s’applique à partir du 7 juillet 2024. Les conducteurs n’ont certainement pas fini de pester contre cette nouvelle norme.

18 éléments nouveaux imposés dans les véhicules

La norme GSR2 ajoute donc de série (c’est-à-dire, en non optionnel) un certain nombre d’aides à la conduite et autres technologies à bord des voitures, des camions et bus. Les principales à retenir pour l’automobile sont :

  • Reconnaissance des panneaux de signalisation avec alerte de survitesse​ ;
  • Freinage automatique d’urgence (AEBS) avec détection des piétons et cyclistes ;
  • Avertissement d’attention en cas de somnolence du conducteur ;
  • Alerte avancée de distraction du conducteur avertissement ;
  • Aide au maintien dans la voie ;
  • Alerte changement de voie ;
  • Détection de marche arrière avec caméra ou capteurs ;
  • Aide au parking arrière ;
  • Signal d’arrêt d’urgence ;
  • Système de surveillance de la pression des pneumatiques ;
  • Enregistreurs de données d’événements (« boîte noire »).
Alerte vigilance sur Renault Scénic // Source : Raphaelle Baut pour Numerama
Alerte vigilance sur Renault Scénic. // Source : Raphaelle Baut pour Numerama

De nombreux modèles n’ont pas attendu d’y être contraints pour intégrer de série l’ensemble des éléments devenus obligatoires. Ces fonctionnalités étaient déjà nécessaires pour briller dans les crash-tests de l’Euro NCAP. La plus grosse révolution est surtout que ces équipements doivent être de série sur les modèles les plus entrées de gamme.

Gilles le Borgne, directeur de la technologie (CTO) chez Renault, a indiqué en interview sur Sud Radio le 29 juin que cela représentait autour de 300 € d’équipement par véhicule. Mais, pour certains modèles, les modifications ont été plus lourdes et peuvent représenter jusqu’à 1 000 € supplémentaires.

Des véhicules désormais invendables sans ces aides

Les modèles qui n’ont pas été mis en conformité avec la norme GSR2 vont être invendables à partir du 7 juillet. D’ailleurs, certains modèles dans cette situation ont déjà été immatriculés par les revendeurs, pour disposer de quelques mois supplémentaires afin d’écouler les stocks.

Les voitures électriques, même si elles sont plus récentes, sont aussi concernées. Des modèles comme la Renault Zoé, Renault Twingo, Nissan Leaf ou VW e-UP sont en fin de carrière pour cette raison, mais ce ne sont pas les seuls modèles électriques touchés. La Dacia Spring a d’ailleurs été renouvelée de manière anticipée, par rapport au cycle de vie normal du modèle, pour cette raison.

Renault Zoé de 2019 // Source : Renault
Renault Zoé de 2019. // Source : Renault

De nouvelles technologies à l’efficacité plus que discutable

Pour les conducteurs, l’envie est généralement forte d’aller désactiver une partie de ces nouvelles aides à la conduite qui peuvent apparaître très intrusives. Le soulagement ne sera alors que de courte durée, car la règlementation oblige les constructeurs à réactiver ces différentes aides à chaque redémarrage de l’automobile.

Renault tire d’ailleurs son épingle du jeu en proposant un bouton de raccourci très pratique, permettant de paramétrer les alertes selon son souhait. Pour d’autres constructeurs, les manipulations peuvent devenir plus laborieuses au sein du système embarqué et de ses sous-menus. Les marques sont aussi particulièrement inégales face aux bips d’alerte : chez les constructeurs chinois et coréens, c’est une véritable punition auditive, alors que les constructeurs européens ont pensé à rendre ces sons (ou ponctuations de conduite) beaucoup plus acceptables.

Sur la route avec la Hyundai Ioniq 6 // Source : Raphaelle Baut
Hyundai Ioniq 6 et BYD Seal nous ont bien cassé les oreilles par exemple. // Source : Raphaelle Baut

Ces nouvelles béquilles électroniques ne sont pas forcément mauvaises. Il est quand même conseillé de les conserver actives. Ce qui est plus problématique, c’est que certaines de ces aides sont parfois inefficaces. La lecture des panneaux, et par extension l’alerte de survitesse, est très inégale selon les constructeurs. Certains véhicules électriques que nous avons testés ces dernières semaines ont été capables de nous inventer une limitation à 50 km/h en pleine autoroute à 130 km/h. Pourquoi ? Nous ne le saurons jamais, les données étaient en tout cas bien erronées sans l’ombre d’un doute.

Les erreurs sont hélas encore bien trop nombreuses pour pouvoir se reposer sur ces aides pour conduire. C’est quand même un problème pour un élément devenu obligatoire. Il en va de même pour les fameux freinages fantômes, souvent attribués à Tesla, mais qui concernent aussi d’autres marques.

Il faut donc que les conducteurs soient conscients de ces nouvelles aides rendues obligatoires à bord des nouveaux véhicules, mais aussi de leurs limites, encore nombreuses.

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