C’était un des points de crispation entre ADP (les Aéroports de Paris), le CIO, qui s’occupe des Jeux olympiques, et la Mairie de Paris dirigée par Anne Hidalgo. Ce 9 juillet 2024, pourtant, un accord approuvé par le gouvernement et qui déplaît à la mairie a été trouvé : la société allemande Volocopter pourra tester ses taxis volants, sortes d’hélicoptères entièrement électriques, lors des JO.
David Belliard, adjoint aux transports de la mairie de Paris, estime sur France Bleu que le « gouvernement qui n’a plus aucune légitimité » impose sa vision du projet au Conseil de Paris, qui a fait voter son interdiction. Pour l’élu, le moyen de transport n’est pas écologique, inutile et cher : « 130 € pour faire 30 km, c’est aberrant », dit-il.
Mais dans un décret publié le 9 juillet au Journal Officiel (l’autre JO), on peut lire que la pièce manquante du dispositif a été autorisée : un vertiport, situé Quai d’Austerlitz, nommé sobrement Vertiport Paris-Austerlitz, permettant d’accueillir les véhicules Volocity de l’entreprise allemande Volocopter. L’expérimentation ne sera pas un open bar pour Volocopter pour autant, puisque les conditions d’utilisation du Vertiport Paris-Austerlitz sont bien précisées.
On peut y lire que « l’hélistation est soumise à des restrictions » :
- Elle ne pourra être utilisée que jusqu’au 31 décembre 2024 (donc bien après les Jeux olympiques de Paris)
- Elle pourra uniquement être utilisée entre 8 heures et 17 heures, afin de ne pas gêner, le cas échéant, les riverains.
- Elle sera limitée à 2 mouvements par heures, donc 18 mouvements par jour (sous entendu, 18 allers-retours) et jusqu’à 900 vols sur toute la durée de l’expérimentation.
Des hélicoptères en plein Paris, pour faciliter l’arrivée des VIP dans la capitale, est-ce bien sérieux ? Oui, l’entreprise allemande est très sérieuse et ambitionne de faire de son expérimentation parisienne un véritable prospectus pour développer son activité à l’international. Et si l’expérimentation est un succès sur la fin de l’année 2024, rien ne dit qu’elle ne sera pas poursuivie en France. Mais quand on parle de taxi volant, de quoi est-il précisément question ?
Qui est Volocopter, l’entreprise derrière le projet parisien ?
Volocopter est une entreprise allemande fondée par Dirk Hoke en 2011. Ancien de Renault, où il a débuté sa carrière, Hoke travaillé à plusieurs postes chez Siemens pour finir par prendre la direction d’Airbus Defence and Space. Il s’est entouré d’un comité de direction issu de l’automobile et de l’aéronautique pour fonder Volocopter, et notamment de Sebastian Mores, l’un des cerveaux derrière les premiers eVTOL d’Airbus.
Le but de l’entreprise est d’investir le champs de ce qu’elle nomme l’Urban Air Mobility (UAM), autrement dit la mobilité aérienne en terrain urbain. Du jargon pour décrire la capacité de faire des courts trajets, en volant, dans les villes. À terme, Volocopter souhaite ajouter un véritable moyen de transport à l’offre des villes, en plus des transports individuels et en commun et autres taxis. Le tout, en développant dans un premier temps de petits hélicoptères de deux places (un pilote et un passager) entièrement électriques, inspirés des drones.
Ces taxis volants, nommés Volocity, seront ceux qui opéreront à Paris pendant les Jeux olympiques, entre les aéroports et le quai d’Austerlitz.
Quelles sont les caractéristiques des Volocity, les taxis volants de Volocopter ?
Sur son site Internet, Volocopter donne les caractéristiques des Volocity. Les petits engins sont décrits comme des hélicoptères silencieux (jusqu’à « quatre fois plus silencieux que des hélicoptères classiques », électriques, équipés de 18 rotors et 18 moteurs. Leur stabilité est garantie par un pilote, mais également par un système de « 100 microprocesseurs » permettant d’assister l’humain dans sa tâche. Tout l’objectif est de faire en sorte que le déplacement soit le plus smooth possible.
Le Volicity est capable de voler sur 35 km, à une vitesse de 110 km/h. On se doute qu’il faudra les charger après chaque voyage à Paris, dans la mesure où certains aéroports de Paris sont loin du centre — Roissy Charles-de-Gaulle est par exemple à 23 kilomètres de Paris.
Les Volocity sont entrés en phase de production en février 2024, après de nombreuses versions prototypes.
Caractéristique complètes du Volocity | |
---|---|
Capacité | 2 passagers avec bagages à main |
Type de propulsion | Électrique / batteries |
Masse maximale au décollage | 900 kg |
Charge utile maximale | 200 kg |
Poids à vide en ordre de marche | 700 kg |
Autonomie | 35 km |
Vitesse maximale | 110 km/h |
Hauteur totale | 2,5 m |
Diamètre de la jante du rotor incl. rotor | 11,3 m |
Diamètre de la jante du rotor excl. rotor | 9,3 m |
Diamètre d’un rotor individuel | 2,3 m |
Nombre de rotors | 18 |
Alimentation | 9 packs de batteries |
Type de batterie | Lithium-ion |
Système de batterie | Packs de batteries rechargeables et échangeables |
Temps d’échange de la batterie | 5 minutes |
Type de moteur | Moteur électrique sans balais à courant continu |
Nombre de moteurs | 18 |
Où seront les vertiports permettant d’accueillir les Volocopter à Paris ?
Les vertiports autorisés pour l’expérimentation parisienne encadrent la capitale. Quatre sont déjà en activité :
- Le vertiport de l’aéroport du Bourget au nord
- Le vertiport de l’aéroport de Roissy Charles-de-Gaulle au nord
- Le vertiport associé à l’héliport d’Issy-les-Moulineaux dans le sud de Paris
- Le vertiport de l’aérodrome de Saint-Cyr-l’École, du côté de Versailles
Volocopter et ADP vont donc ajouter un dernier vertiport à leur expérimentaton, qui donnera tout son sens à l’usage imaginé pour les Volocity : rapprocher les voyageurs de Paris et les faire sortir rapidement de la capitale. Il sera situé au niveau du Quai d’Austerlitz, près de la gare du mème nom, dans le 13e arrondissement.
Pour les Jeux olympiques, Volocopter ne proposera pas que des trajets utiles, estimant que l’occasion était bonne pour faire des vols de « découverte » à destination des touristes. Ils décolleront et atterriront sur le même vertiport.
C’est quoi un VTOL ?
VTOL est l’acronyme de « Vertical Take-Off and Landing », ce qui signifie « décollage et atterrissage verticaux » en français. Il désigne des aéronefs capables de décoller, de voler et d’atterrir verticalement, sans nécessiter de piste traditionnelle. Ces appareils sont particulièrement utiles dans des zones où l’espace est limité ou dans des environnements urbains. Les hélicoptères sont des exemples courants de VTOL, mais cette catégorie inclut également des aéronefs plus récents comme les drones et les avions à décollage vertical électrique (eVTOL), qui utilisent des technologies électriques pour la propulsion.
Les Volocity de Volocopter entrent dans la catégorie des eVTOL.
Est-il prévu qu’un engin de Volocopter aille plus loin ?
Après le Volocity, Volocopter souhaite développer son Voloregion. Avec une autonomie de 100 km, cet engin volant reposant sur le même principe que le petit eVTOL, a pour ambition de propulser ses passagers à 180 km/h en vitesse de croisière, 250 km/h en vitesse maximale, facilitant les trajets entre deux villes. Toujours avec des atterrissages verticaux. Il n’est pas prévu, à date, de remplacer les avions courts courriers, pouvant par exemple traverser toute la France.
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