Saga à part dans celles des Jeux Olympiques de Paris 2024, la confrontation autour des taxis volants de l’entreprise allemande Volocopter a pris un nouveau tour le 9 juillet, quand le Journal Officiel a publié un décret autorisant un vertiport en plein cœur de Paris. Cette décision du gouvernement a très vite été condamnée par la mairie de Paris, qui, par l’intermédiaire de David Belliard, a jugé l’initiative aberrante.
De son côté, Valérie Pécresse, présidente de la Région Île-de-France, estime sur France Info que « la gauche anti-progrès » ne comprend rien au projet. Elle se montre fière que l’expérimentation grandeur nature de Volocopter avec ses VoloCity se passe en France, sous les yeux du monde, pendant les Jeux Olympiques.
Sur cette prise de parole, madame Pécresse a en même temps raison et tort. On vous explique pourquoi.
Remplacer les voitures : les chiffres ne sont pas bons Valérie
Alors oui, les chiffres ne sont pas en faveur de l’argument cité par le tweet de la chaîne publique. Avec une consommation estimée de 190 kWh/100 km, le VoloCity fait 10 fois moins bien qu’une voiture électrique. Pour le dire autrement, ce n’est pas en faisant voler ces hélicoptères que l’on sera meilleurs en termes de consommation énergétique : équiper 10 taxis de voitures électriques performantes aurait bien plus de sens.
Par rapport à un trajet en véhicule thermique, le VoloCity fait mieux si l’on regarde l’angle des émissions (électricité contre essence), surtout si son électricité source n’est que faiblement carbonée comme c’est le cas en France, mais consomme toujours plus.
Dès lors, enlever une voiture, qui peut prendre parfois jusqu’à 4 passagers et leurs bagages, pour le remplacer par un taxi volant plus énergivore et qui ne peut transporter qu’une personne et un bagage à main, n’est pas un bénéfice net. Et sur ce point, Valérie Pécresse se laisse facilement emporter par de l’écologie de pacotille.
Remplacer les hélicoptères : là, on parle
Mais tout ce marketing autour du « taxi volant » a tendance à faire oublier une chose. Les VoloCity ne sont pas en concurrence avec les voitures. Ce sont avant tout des hélicoptères électriques. Très banalement, nous sommes en face d’un engin à multiples rotors qui vole et décolle et atterrit à la verticale.
Et c’est là où Valérie Pécresse a très certainement raison : un hélicoptère léger de 2 à 3 places consomme entre 30 et 40 litres par heure et la consommation peut grimper jusqu’à 100 et 140 litres par heure pour un hélicoptère de 6 places. Sans parler du bruit de ces machines volantes, une gêne pour les riverains et la faune. Dès lors, ouvrir la voie pour les remplacer, qu’il s’agisse de vols scientifiques, de secours ou de surveillance, est une bonne chose. À l’avenir, les petits VoloCity pourraient remplir des tâches aujourd’hui dédiées aux hélicoptères, décriés de longue date par les écologistes et fonctionnant avec des énergies fossiles.
Pour Volocopter, le chemin est encore long pour rattraper l’autonomie, la capacité opérationnelle et la polyvalence des bons vieux hélicos. Avec des trajets de 30 km avant une recharge, un VoloCity n’aura pas la possibilité d’opérer sur une grande aire, à date. Mais il faut se rappeler que les vols parisiens seront les premiers en condition réelle, d’une entreprise qui a déjà mis plus de 10 ans à raffiner son produit.
Et c’est là où Valérie Pécresse comprend peut-être certains enjeux qui échappent à la mairie de Paris : réussir cette démonstration, somme toute inutile, c’est s’assurer d’obtenir la confiance et les fonds pour poursuivre le développement du produit. Rares sont les outils qui nous entourent qui ont eu une forme parfaite et un usage nettement bénéfique dans leur première itération. L’innovation prend du temps et il sert parfois d’oublier le marketing des entreprises pour se projeter plus loin.
En bref, les taxis volants des JO ressemblent plus à une preuve de concept qu’à une finalité.
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