Les eurodéputés devaient se prononcer ce 18 juillet 2024 sur la reconduction d’Ursula von der Leyen à la présidence de la Commission européenne. Ils viennent de voter en faveur d’un second mandat d’Ursula Von der Leyen.
Forcément, quelques jours avant cet enjeu, les tractations politiques et autres promesses ont été nombreuses. C’est dans ce cadre que les carburants de synthèse (e-fuels) refont parler d’eux pour l’après 2035. Ces e-fuels, prétendument neutres en carbone, n’ont cependant pas fait d’avancées pour réapparaître dans les débats politiques actuels.
Selon Automobilwoche, l’actuelle présidente aurait promis en coulisse à certains partis politiques qu’elle débloquerait l’impasse dans laquelle se trouvent les carburants de synthèse, à condition d’être réélue. Les moteurs à combustion ne seraient ainsi plus complètement bannis de la vente après 2035 s’ils fonctionnent avec ce nouveau carburant.
Une promesse pour plaire à quelques eurodéputés supplémentaires ?
Pour replacer le contexte, en mars 2023, les carburants de synthèse (e-fuel) se sont invités dans les débats européens. Alors que la Commission européenne s’apprêtait à voter l’interdiction de vente des véhicules à moteur thermique, l’Allemagne et d’autres pays opposés au tout-électrique ont réussi un passage en force en imposant une possible exception pour les véhicules thermiques roulant au e-fuel. Cette solution est pourtant entièrement méconnue du public à ce moment-là, l’influence semble venir du lobby pétrolier.
Le sujet du e-fuel ne devait plus revenir dans les débats politiques avant la clause de revoyure de 2026, l’élection en cours en a décidé autrement. Ursula Von der Leyen manquait de votes pour s’assurer de continuer à présider la Commission européenne.
Cette promesse électoraliste visait donc à séduire une partie des nouveaux eurodéputés, notamment ceux très à droite du nouvel hémicycle de l’UE. Tout est bon pour obtenir des voix, y compris tenir un double discours sur le maintien des objectifs de baisse des émissions de CO2 prévus, pour ne pas perdre le soutien des écologistes. C’est une jolie maîtrise du grand écart politique.
Le choix technologique neutre arrive trop tard
Finalement, les constructeurs pourraient bien finir par obtenir ce qu’ils ont longtemps réclamé, mais au pire moment pour eux. L’UE a initialement décidé que seuls les nouveaux véhicules ne produisant pas de CO2 seraient autorisés à partir de 2035. L’Europe a quelque peu imposé le choix du véhicule électrique à batterie comme seule alternative technologique acceptable pour atteindre cet objectif. Ce qui a longtemps été reproché par la filière automobile, mais tous les acteurs industriels s’y sont pliés.
Maintenant que les constructeurs demandent à l’Europe de garder le cap, parce qu’ils ont réalisé des investissements massifs pour développer la voiture électrique, Ursula Von der Leyen se dit qu’il faudrait finalement mieux une approche technologique neutre. C’est-à-dire donner un objectif de réduction des émissions, mais sans astreindre à une technologie par la réglementation européenne.
Dans ses lignes directrices pour les cinq années à venir, Ursula Von der Leyen précise que les e-fuels doivent jouer un rôle important. Ce qui n’était absolument pas son discours un an plus tôt. Forcément, certains partis politiques allemands sont satisfaits d’une telle proposition : « Je me réjouis que la nouvelle Commission réexamine l’interdiction des véhicules thermiques et adopte une ouverture technologique » a indiqué Manfred Weber, président de l’Alliance des conservateurs et réformistes européens (EVP) et membre de la CSU.
Avec le résultat du vote des eurodéputés de ce 18 juillet, l’e-fuel a de nouveau le vent en poupe. Que les amateurs de véhicules thermiques ne se réjouissent pas trop vite, rien n’est encore gagné : il ne s’agit là que de promesses électorales.
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