Les opposants aux VE reprochent souvent aux constructeurs automobiles d’en faire trop pour pousser les voitures électriques. Ce qu’ils semblent ignorer, c’est que les constructeurs n’ont tout simplement plus le choix. Toutes les marques doivent absolument vendre plus de modèles électriques en Europe, sinon elles risquent d’avoir à payer des amendes astronomiques.
Il est question ici d’histoire de CAFE. Pas la boisson caféinée, et encore moins la marque qui a inspiré le jeu de mot avec le nom de la newsletter. C’est hélas beaucoup moins savoureux, quoique cela ne manque pas de piquant. Il s’agit de la réglementation européenne Corporate Average Fuel Economy (CAFE de son petit nom). Les constructeurs sont contraints de réduire les émissions CO2 de l’ensemble des modèles vendus pour rester sous les seuils fixés par l’Europe. Ce seuil – déjà compliqué à atteindre – va être abaissé en 2025.
1 véhicule sur 4 en électrique pour limiter la casse
Pour atteindre l’objectif de 81 g/km dès 2025, les constructeurs automobiles sont obligés de mettre un gros coup de collier pour limiter les émissions de CO2 des véhicules vendus. Si une bonne partie des constructeurs ont réussi à s’approcher du seuil actuel de 95 g/km, le nouvel objectif est une épreuve. D’autant plus si les ventes des véhicules électriques continuent à être moroses en Europe.
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Pour être dans les clous, tous les constructeurs doivent vendre 25 % de véhicules électriques. Et encore, ceci n’est valable que si le reste des modèles vendus en Europe ne sont pas trop polluants. C’est d’ailleurs pour cette raison que les gros moteurs thermiques disparaissent progressivement. Les constructeurs ont aussi remplacé les motorisations thermiques simples par des micro-hybrides (mhev), tout gramme de CO2 gagné est bon à prendre.
Les voitures électriques représentent en France 17 % des parts de marché. Il y a donc une sacrée marche à franchir avant que cette part atteigne et dépasse 25 %, et encore plus 25 % chez tous les constructeurs. Certaines marques n’ont parfois qu’un seul modèle 100 % électrique au catalogue, Suzuki en a même 0 jusqu’à l’année prochaine.
L’amende du CAFE est très amère
En cas de dépassement du seuil d’émission, l’amende s’élève à 95 euros par gramme de CO2 émis en trop. C’est un tarif à multiplier par le nombre de voitures vendues dans l’année. Certains constructeurs auraient ainsi tout intérêt à ne plus vendre de voitures, plutôt que de risquer de vendre des véhicules thermiques qui font grimper les émissions de CO2 au-dessus du seuil. Cela va commencer à être particulièrement compliqué comme exercice d’équilibriste, surtout si les clients finaux boudent les véhicules électriques sur les prochaines années.
Selon les spécialistes de la filière, les sanctions financières pourraient atteindre entre 7,5 et 10 milliards d’euros. Théoriquement, le groupe Volkswagen pourrait avoir à débourser 4 milliards sur cette somme. Les groupes Stellantis et Renault pourraient eux avoir 1 milliard à payer chacun, de quoi faire fondre les bénéfices de nos constructeurs nationaux. Cette sanction financière est loin d’être indolore. Il pourrait même être question d’engager la survie des constructeurs européens.
Des mariages d’intérêt à prévoir
Les marques 100 % électrique, comme Tesla, se frottent les mains. Grâce à cette réglementation CAFE, elles se font courtiser avec insistance pour mutualiser les ventes avec des groupes plus « pollueurs ». Certains constructeurs chinois vont également réussir à passer d’ennemi mortel à futur fiancé.
Il se forme ainsi des sortes de mariages arrangés entre groupes industriels pour essayer d’équilibrer la balance des émissions. Volkswagen aurait grandement besoin du bon bilan de Tesla en matière d’émission de CO2, mais ce petit arrangement coûte également très cher !
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