Stellantis ne mâche pas ses mots pour critiquer ce qu’il se passe en Allemagne, de son point de vue de constructeur automobile. Dans une interview accordée au média Automobilwoche le 22 juillet 2024, le Directeur des Opérations de Stellantis Europe Élargie, Uwe Hochgeschurtz, a dépeint un portrait peu flatteur de nos voisins allemands. Les prix de l’énergie, le réseau énergétique, les horaires de travail, les transports et les infrastructures posent problème au groupe industriel.
Est-ce vraiment le bon moment pour Stellantis de se mettre à dos un autre gouvernement avec un franc-parler qui pourrait contrarier ? Espérons pour Stellantis que le gouvernement allemand soit plus ouvert à la critique, et surtout moins revanchard que celui de l’Italie.
Une infrastructure vieillissante en Allemagne
L’image d’une Allemagne à la pointe de l’industrie a pris du plomb dans l’aile. Uwe Hochgeschurtz dénonce notamment des infrastructures vieillissantes, mal entretenues et gérées pour faire des économies. Pour ses usines allemandes, le groupe a besoin « de lignes ferroviaires, de routes, de ponts et de voies navigables adéquates, ainsi que d’un approvisionnement énergétique de qualité et bon marché ».
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L’Allemagne est pourtant censée être en mesure d’apporter cela aux autres entreprises, mais le directeur des Opérations de Stellantis précise : « L’Allemagne a le chemin de fer le moins fiable de toute l’Europe. Les ponts ne peuvent plus être utilisés et les embouteillages constants coûtent des milliards aux entreprises. Certaines infrastructures ne conviennent tout simplement plus à un pays industrialisé. »
Le coût du travail et de l’énergie épinglé par Stellantis
La liste des doléances ne s’arrête pas aux infrastructures du pays. Dans son interview, Uwe Hochgeschurtz lance un autre pavé dans la mare : « Nous avons les prix de l’énergie les plus élevés d’Europe, les heures de travail les plus courtes et les périodes de vacances les plus longues. »
Forcément, pour un groupe industriel qui cherche à obtenir la meilleure rentabilité parmi tous les constructeurs automobiles, cela pose un problème. À la question : « Menacez-vous de vous retirer d’Allemagne si rien ne change ? », le Directeur des Opérations répond par un cinglant : « Ce n’est pas une menace, c’est une description réaliste de la situation ».
L’Allemagne reste le plus gros producteur de voitures électriques en Europe. Mais l’Espagne et les pays de l’Est sont de plus en plus compétitifs pour récupérer la production de nouveaux modèles et accueillir de nouvelles usines.
Stellantis demande le retour du bonus allemand
Uwe Hochgeschurtz regrette la situation : « L’Allemagne était en passe de devenir la première nation pour la voiture électrique en Europe », a-t-il précisé, mais le pays a subitement arrêté de subventionner l’achat de voitures électriques en décembre 2023. Les conséquences sur les ventes de nouveaux modèles ont été immédiates, elles se sont effondrées. Depuis, le marché continue d’être attentiste. Ce qui n’arrange pas les autres constructeurs allemands (Volkswagen, Mercedes et BMW), en plus de Stellantis, car cela met en péril les objectifs prévus dans le cadre de la réglementation CAFE.
Stellantis avait prévu d’installer une gigafactory de batteries avec ACC en Allemagne. Ce projet industriel est suspendu, tout comme l’usine qui devait s’implanter en Italie. Tant que la demande de voitures électriques ne redécolle pas, il est inutile de produire trop de batteries localement. Stellantis plaide ainsi pour un retour du bonus allemand afin de soutenir l’électrique dans cette phase de montée en puissance. Avec l’Allemagne comme moteur, le reste de l’Europe devrait suivre.
Cependant, pour séduire les acheteurs allemands, le bonus seul risque de ne pas suffire. Le coût de l’énergie en Allemagne peut représenter un frein à l’achat avec 0,41 € du kilowattheure à domicile en 2023. Les recharges publiques sont encore plus chères, le calcul n’est plus aussi favorable pour la voiture électrique dans ces conditions, comparé à la France par exemple.
Après l’Italie, Stellantis veut secouer le gouvernement allemand. Les relations avec Stellantis ne sont définitivement pas un long fleuve tranquille. Pour ne rien manquer de ces sujets, abonnez-vous à notre newsletter Watt Else.
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