Les constructeurs japonais m’étonneront toujours. Ils ont cette faculté à prendre des décisions à contre-courant de la tendance du moment, comme pour tenter de prouver qu’ils peuvent réussir différemment. C’est audacieux, mais sacrément risqué dans le contexte actuel.
Toyota et son obsession pour l’hybride pourrait être le parfait exemple afin d’illustrer ce propos. Néanmoins, dans le cas présent, c’est une alliance entre Nissan, Honda et Mitusbishi qui m’a titillée. Selon le média japonais Nikkei, Mitsubishi rejoindrait l’alliance déjà formée par Nissan et Honda, en vue de développer des solutions technologiques communes.
Une galère nommée software
Le développement logiciel est une sacrée épine dans le pied des constructeurs automobiles historiques. Toutes les marques ont évolué dans le temps en proposant de nouvelles briques technologiques dans leurs véhicules pour coller à la tendance (GPS, Apple CarPlay/Android Auto, aides à la conduite, applications tierces…). Cependant, il s’agit bien souvent d’un empilage de technologies de différents sous-traitants ne communiquant pas ensemble.
Forcément, quand un Tesla est arrivé avec des modèles électriques dans lesquels le logiciel est le cœur du véhicule, cela a créé un fossé avec ceux qui jouent aux Lego depuis des années. Certains nouveaux constructeurs ont bien compris l’intérêt de cette approche et foncent également sur le sujet, pendant que quelques constructeurs traditionnels en sont encore à se demander par quel bout prendre la pelote de laine. Les Japonais ont plutôt tendance à stagner en bas de tableau, sur cet aspect.
À plusieurs, on est plus forts
Sur le principe, les constructeurs japonais ont tout intérêt à mutualiser les dépenses de R&D pour avancer plus vite, plus fort et avec plus de moyens. Il n’y a d’ailleurs aucun mal à reconnaître que l’on ne sait pas faire ou que l’on s’est trompé. Même le géant Volkswagen s’est pris les pieds dans le tapis avec sa branche Cariad. Sauf que le groupe allemand s’est remis en question et a décidé qu’il lui fallait de l’aide pour réussir cette transition compliquée. Il a donc fait des alliances stratégiques avec des entreprises qui font mieux : Xpeng (pour la Chine) et Rivian (pour les États-Unis/l’Europe). Il faudra cependant attendre quelques années pour savoir si le choix était judicieux.
Le partenariat entre Stellantis et Leapmotor est un autre exemple d’association gagnant-gagnant sur le sujet du logiciel. Renault, Mercedes et d’autres constructeurs ont opté pour une stratégie différente, où il ne s’agit pas de faire seul, mais de mieux intégrer de bons outils technologiques existants dans le cœur même du véhicule.
Choisir le bon partenaire
Le problème des constructeurs japonais est le suivant : réunir trois élèves « très moyens » n’a que rarement donné un travail de groupe exceptionnel. Souvenez-vous de votre scolarité, lors des travaux en groupe, les plus stratèges s’associaient aux meilleurs élèves pour s’assurer une bonne note, pendant que les cancres choisissaient la bande de copains pour s’amuser. Les bancs de l’école sont un peu loin, mais le principe reste assez similaire. Si l’on ignore comment faire, il faut trouver de l’aide à l’extérieur, et tant qu’à faire auprès de quelqu’un de compétent.
Toyota, Honda, Nissan, Suzuki, Mitsubishi, Mazda donnent tous l’impression de se replier sur eux-mêmes, espérant peut-être qu’une forme de solidarité nipponne les sauve des agressions extérieures. Même l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi est désormais remise en question. Pourtant, plus que jamais, Nissan et Mitsubishi auraient besoin des avancées de Renault dans ce domaine. La stratégie est difficile à comprendre, alors que plusieurs constructeurs pourraient être décimés durant les prochaines années. Le Japon pense certainement créer ainsi les leaders de demain, mais le réveil risque d’être douloureux hors des frontières japonaises.
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