Avec son projet de robotaxis, Tesla pourrait mettre à mal l’activité d’Uber. Pour autant, cela est-il de nature à expliquer les raisons pour lesquelles le patron d’Uber doute que Tesla soit capable de le réaliser ?

Tesla pourrait ubériser Uber avec son robotaxi. Face à cette perspective, Uber lui répond en mettant en garde son adversaire sur certains aspects du métier de transport de personnes, qu’il semble ignorer. C’est lors d’une interview pour un podcast « The Logan Barlett show » que le patron d’Uber, Dara Khosrowshahi, a confié ses doutes concernant le projet de robotaxis de Tesla, des propos repris notamment par Business Insider le 9 août.

Le patron d’Uber émet des doutes légitimes

Dara Khosrowshahi n’a pas mâché ses mots en évoquant l’ambitieux désir d’Elon Musk de créer une flotte de robotaxis autonomes. Ce plan prévoit que les propriétaires de Tesla puissent louer leurs voitures comme taxis autonomes quand ils ne les utilisent pas. Tesla pourrait également posséder une partie de la flotte de véhicules mis à disposition d’utilisateurs du service de robotaxis.

Une perspective d’autant plus alléchante qu’Elon Musk promet jusqu’à 30 000 dollars (environ 27 500 euros) pour chaque propriétaire participant. Pourtant, l’actuel patron de l’entreprise Uber n’est pas convaincu. Dara Khosrowshahi a exprimé de sérieux doutes quant à la viabilité de ce modèle. Selon lui, il est peu probable que les propriétaires de Tesla acceptent de voir leur véhicule partagé avec des inconnus.

Illustration du robotaxi dans la biographie d'Elon Musk // Source : Livre de Walter Isaacson
Illustration du robotaxi dans la biographie d’Elon Musk // Source : Livre de Walter Isaacson

Pire encore, il doute que ces voitures puissent efficacement répondre à la demande, notamment lors des heures de pointe. « Les moments où vous aurez besoin de votre Tesla seront probablement les mêmes que ceux où la demande sera la plus forte », a-t-il souligné. En revanche, Uber a appris à ajuster rapidement le nombre de chauffeurs pour faire face à ces pics de demande, un avantage que Tesla n’a pas.

Elon Musk apparaît très sûr de lui quant à ses ambitions en matière de robotaxis, sa dernière lubie avec l’IA, mais ça ne serait pas la première fois qu’Elon Musk lance un service alors que tout n’est pas au point. Il l’a fait en lançant un service d’assurance pour les Tesla, et cela a failli tourner au fiasco tant l’homme d’affaires avait sous-estimé les ressources nécessaires.

Le patron d’Uber a pointé du doigt la différence fondamentale entre le fait de fabriquer des voitures, comme une Tesla, et la gestion de millions de transactions quotidiennes pour les courses en robotaxis, une activité qui ne se développe pas instantanément.

Toute la partie sur le service au client semble, selon Dara Khosrowshahi, échapper à Elon Musk. Quid des gens malades dans la voiture qu’il faut prendre en charge ? Et des personnes qui oublient des objets à bord des voitures ? De son côté, Uber s’est aussi essayé aux véhicules en conduite autonome, et tout ne s’est pas bien déroulé.

Un véhicule autonome Uber // Source : Wikimedia Commons
Un véhicule autonome Uber. // Source : Wikimedia Commons

Une collaboration possible ?

Malgré son scepticisme, Dara Khosrowshahi ne ferme pas la porte à une collaboration avec Tesla. Il imagine un avenir dans lequel les deux géants pourraient unir leurs forces, plutôt qu’entrer en concurrence frontale. Dans cet idéal, Tesla fournirait les véhicules autonomes, et Uber apporterait son expertise en gestion de flotte et de service client.

Il faudra attendre le 10 octobre, date de l’officialisation du projet robotaxi (Cybercab) par Tesla pour se faire une idée plus précise des ambitions du constructeur américain en la matière.

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