La vidéo, publiée le 17 août 2024 sur le réseau Telegram, est quelque peu surréaliste. Pourtant, ce n’est pas une vidéo générée par IA. Le dirigeant tchétchène, Ramzan Kadyrov, parade à bord de son tout nouveau Tesla Cybertruck. Celui-ci n’est pas tout à fait comme ceux que l’on voit circuler aux États-Unis, puisqu’une mitrailleuse à gros calibre a été installée de manière fixe dans la benne du pickup de Tesla (rassurez-vous, l’option n’est pas au catalogue officiel de Tesla).
Au-delà des images improbables de cette vidéo, c’est surtout le discours ambigu du dirigeant autoritaire qui crée une polémique. Celui-ci a notamment l’air de remercier Elon Musk pour le véhicule, ce qui peut laisser penser qu’Elon Musk aurait envoyé le Cybertruck en Tchétchénie.
Un Cybertruck en cadeau à la Tchétchénie ? Elon Musk dément (à sa manière)
Dans sa vidéo, Ramzan Kadyrov remercie assez chaleureusement Elon Musk pour le Cybertruck. Il n’en faut pas plus pour semer le doute dans les esprits, car la phrase est certainement ambiguë volontairement. Beaucoup d’internautes se sont alors demandés si Elon Musk aurait pu envoyer un tel engin, quitte à violer plusieurs lois américaines.
Le principal intéressé n’a pas fait de déclaration officielle à la presse. Il s’est cependant manifesté à sa manière, le 19 août 2024, en répondant à un tweet l’accusant d’avoir trahi son pays : « Êtes-vous sérieusement attardé au point de penser que j’ai fait don d’un Cybertruck à un général russe ? C’est incroyable 🤣🤣 », écrit Elon Musk sur X.
Certes, il est difficile de croire tous les démentis d’Elon Musk sur son réseau social, car il a déjà été pris à mentir plus d’une fois. Dans le cas présent, il est toutefois assez plausible que le dirigeant de Tesla ne soit pas impliqué dans l’affaire, mais qu’il soit victime d’une manipulation de son image. Il est également envisageable que la Russie utilise cette histoire pour influencer l’opinion. Le Cybertruck a probablement été acheté de manière détournée aux États-Unis, puis expédié par avion ou cargo jusqu’à une frontière un peu poreuse avec la Russie (bravant les sanctions) pour arriver jusqu’à sa destination, où il a été équipé de l’arme.
En plus de remercier Elon Musk pour le Cybertruck, ce qui pourrait aussi être perçu comme une manière de remercier d’avoir construit un tel engin, le dirigeant tchétchène pousse volontairement le trait. Il invite carrément le patron de Tesla à venir en Tchétchénie, où il sera accueilli en invité de marque, indiquant que cela ne devrait pas poser de problème avec le ministère russe des Affaires étrangères. La ficelle est un peu grosse.
Un véhicule pour le front ukrainien, vraiment ?
La provenance du Cybertruck n’est pas le seul élément qui pose un problème dans l’affaire. Le Tesla Cybertruck avec son arme de guerre rivée sur le toit ne devrait pas rester dans le coffre à jouets personnel du dirigeant de la Tchétchénie. Ramzan Kadyrov indique que ce véhicule va être confié à « ses garçons » (c’est-à-dire ses troupes) pour aller sur le front ukrainien, afin de l’utiliser pour tuer des soldats ukrainiens.
Le pickup de Tesla a donc été transformé en véritable arme de guerre (comme l’étaient souvent les Toyota Hilux par les groupes terroristes). Tout ceci ressemble surtout à une campagne de guerre médiatique, car l’on peine à voir comment le Cybertruck pourrait être un véritable atout pour les troupes tchétchènes. Le Tesla Cybertruck a besoin de charge rapide, sinon il faut de nombreuses heures sur une prise traditionnelle. Or, les superchargeurs Tesla manquent quand même dans la zone du front (tout comme l’électricité, mais les générateurs peuvent compenser).
Le deuxième point qui étonne, c’est que le Cybertruck n’est pas vraiment si bon en franchissement. Il a des capacités pour évoluer un peu en tout terrain, mais il s’embourbera très facilement avec son poids. Si les tanks ne passent pas, le Cybertruck ne fera pas mieux.
Ramzan Kadyrov pousse quand même le vice jusqu’à dire qu’il fera remonter les pistes d’amélioration du modèle à la marque. Comme si Tesla attendait réellement un retour sur ce véhicule et dans ces conditions d’usage.
La Tchétchénie a vraisemblablement réussi à mettre Tesla dans l’embarras et à ajouter un fardeau de plus à l’entreprise avec ce véhicule armé. La vidéo montre que Ramzan Kadyrov semble apparemment apprécier ce nouvel engin électrique, alors que le dirigeant plus que controversé est surtout habitué aux supercars de luxe. Il arrive d’ailleurs plutôt bien à manipuler les modes de conduite directement intégrés à l’écran.
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