Les stations de recharge rapide se sont rapidement multipliées sur les aires de service des autoroutes françaises. Ces nombreuses bornes rapides ont l’avantage de permettre de traverser la France sans se soucier du problème de la recharge. Cependant, ces bornes de recharge rapide pratiquent souvent des prix élevés, qui grèvent le budget des automobilistes en voiture électrique.
Derrière le service rendu aux automobilistes, ces bornes de recharge rapide sont également un moyen lucratif pour les concessionnaires d’autoroutes de percevoir des commissions. Et surprise ! La commission sur la recharge est bien plus élevée que celle sur le carburant, l’alimentaire ou tout autre service des stations concédées. C’est un article du Parisien du 21 août 2024 qui soulève ce sujet, et qui nous a incité à consulter le rapport de l’Autorité de Régulation des Transports (ART).
Tout se joue, ou se truque, dès l’appel d’offre
Dans son rapport sur les contrats annuels passés par les sociétés autoroutières, daté du 4 juillet, l’ART pointe du doigt plusieurs différences de traitement entre la recharge automobile d’une part, et les carburants et autres services attribués d’autre part. De l’attribution des appels d’offre aux commissions pratiquées, l’autorité dénonce les pratiques des concessionnaires d’autoroutes vis-à-vis de la recharge.
La méthode de sélection de l’appel d’offre gagnant ne favorise pas la meilleure offre tarifaire pour l’utilisateur final. Le fonctionnement est pourtant différent pour l’attribution des contrats sur le carburant. Depuis quelques années, c’est la modération du prix qui est privilégiée, avant la commission versée aux acteurs tels que Vinci, APRR, Sanef, etc. — certainement parce que l’Autorité de Régulation des Transports les y a contraints.
La différence entre les commissions portant sur le carburant et sur la recharge a également de quoi surprendre. Les opérateurs de recharge reversent en moyenne 18 % de leur chiffre d’affaires (hors taxe) aux sociétés d’autoroutes. C’est environ 4 % pour les autres biens vendus sur l’aire de service.
Le processus d’attribution est tel que les opérateurs de recharge ont tout intérêt financièrement à augmenter le taux de commission versé aux sociétés concessionnaires, plutôt qu’à mieux se positionner sur le critère prix de la recharge.
12 entreprises sont actuellement en mesure de répondre à ces appels d’offre. Ils sont en moyenne 7,8 candidats à le faire, alors que dans le même temps, ils sont 2,7 à le faire pour le carburant. Cette concurrence accrue devrait normalement profiter à l’utilisateur final. Pourtant, avec la méthodologie utilisée pour la sélection, tous se retrouvent à proposer des tarifs proches. Voilà qui explique certainement pourquoi il y a une certaine homogénéité des prix de la recharge sur autoroute (hors offres d’abonnement).
Vers des prix plus bas à l’avenir sur autoroute ?
Les recommandations de l’ART finissent généralement par avoir un impact sur les sociétés d’autoroutes. Mais pourra-t-elle vraiment agir sur les tarifs pratiqués ? Rien n’est moins sûr, car l’écosystème de la recharge fonctionne différemment de celui du carburant.
Selon l’ART, avec une chute du taux de redevance de 18 % à 5 %, les opérateurs pourraient baisser les prix au kWh à la borne de plus de 10 %, tout en conservant la même rentabilité. Néanmoins, si le calcul est théoriquement intéressant, il est improbable que l’on assiste à une telle baisse. Beaucoup d’opérateurs de recharge ont choisi d’appliquer un prix fixe dans tout le pays, sans distinction spécifique entre une borne sur ou hors autoroute.
Cependant, en régulant mieux les commissions, il serait possible de voir émerger plus régulièrement les opérateurs les moins chers sur ces aires de service, plutôt que les plus offrants, qui coûtent généralement très cher à l’automobiliste.
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