Fin 2023, le gouvernement a décidé de revoir les règles du bonus écologique pour ne subventionner que les modèles jugés les plus vertueux : ceux qui sont fabriqués en Europe selon les critères établis. De nombreux véhicules fabriqués en Asie (Chine, Corée, Japon, Vietnam) ou aux États-Unis vont devoir se passer des aides à l’achat. Avec son entrée en vigueur en février 2024, les effets du nouveau bonus sont assez rapidement visibles, même si d’autres facteurs jouent aussi un rôle dans ces résultats. Dans l’ensemble, les clients s’orientent bien vers des véhicules européens, quand bien même les marques exclues du bonus offrent de bien meilleures offres tarifaires.
À y regarder de plus près, tout ceci ressemble surtout à un effet d’aubaine qui consiste à profiter des aides gouvernementales, le succès du leasing social en témoigne. Un arrêt net de ces subventions marquerait sans aucun doute un coup de frein massif sur les achats, ce qui mettrait certains constructeurs dans des situations particulièrement inconfortables. Pour mieux comprendre le phénomène, Numerama a décidé d’analyser les statistiques de la MG4, du Kia Niro EV ou de la Tesla Model 3, à la loupe.
MG4, la starlette déchue
La MG4 a été un des véhicules populaires de 2023, le modèle s’est souvent classé dans le top 5 du classement des voitures électriques. La MG4 s’est rapidement faite remarquer par les clients en raison d’un bon rapport qualité/prix. Cependant, depuis que le modèle ne bénéficie plus du bonus, il décroche dans les statistiques d’immatriculations. Pourtant, MG a décidé de proposer une remise équivalente au bonus, voire supérieur au bonus, ce n’est donc pas qu’une question de prix. Le client paye toujours le prix comme s’il bénéficiait du bonus.
La MG4 est le modèle où l’impact de la fin du bonus est la plus nette, même si d’autres facteurs rentrent également en ligne de compte. Le leasing social a certainement détourné de nombreux clients de MG vers des marques européennes (Renault Mégane ou Peugeot e208) rendues abordables grâce à 13 000 €. La notoriété de la marque et la baisse de l’effet nouveauté sur MG ont pu aussi avoir un rôle.
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La courbe des immatriculations montre quand même le rush de fin d’année suite aux annonces du gouvernement (et publicité de la marque dans ce sens). Les livraisons, encore sous bonus, ont pu se poursuivre jusqu’au mois de mars comme prévu par les règles d’attribution des aides. Ensuite, le décrochage intervient. Ne vous fiez pas trop au rebond du mois de juin, MG s’est constitué un peu de stock (20 % des immatriculations de ce mois) avant la seconde tuile : la surtaxe des droits de douane imposée par l’Europe aux voitures électriques produites en Chine. Il est possible d’observer la même chose sur toute la gamme électrique de MG.
Kia Niro EV : le choix de la raison ne fait plus recette faute de bonus
Le Kia Niro EV fait partie des modèles où la différence avant/après bonus est également assez marquée. Elle l’est d’autant plus que le modèle, même si moins populaire que d’autres, faisait une route assez similaire à son cousin Hyundai Kona en 2023 : Kia Niro 11ᵉ place, Kona 12ᵉ place sur l’année. Sauf que le Hyundai Kona est produit en Europe et bénéficie toujours des aides à l’achat, alors que le Kia Niro EV produit en Corée les a perdues. Le Kia Niro EV pointe actuellement à la 26ᵉ place du classement 2024, alors que le Kona EV est 16ᵉ place.
Comme pour la MG4, on constate que la dynamique des immatriculations s’est maintenue jusqu’à ce que les derniers modèles éligibles soient livrés en mars 2024.
Tesla Model 3 : une courbe plus chaotique et pour cause…
La berline Model 3 fait aussi partie des modèles qui sont un peu moins plébiscités depuis la fin du bonus. Même si Tesla conserve quand même un avantage tarifaire par rapport à ses concurrents, ce qui aide le modèle à se maintenir. Le Model 3 s’est fait cannibaliser par l’arrivée du Model Y. Et, malgré la nouvelle génération de Model 3, arrivée sur le marché dès le mois de septembre, la berline de Tesla rame quand même un peu. Cela ne risque pas de s’arranger avec la surtaxe européenne.
La lecture du graphique est moins nette, car les statistiques d’immatriculations ont toujours été en dents de scie, avec des pics sur les mois de fin de trimestre. Il faut en tenir compte dans la courbe ci-dessus.
Une tendance commune
Ces trois modèles sont les plus représentatifs, mais la même dynamique s’applique à peu de chose près à tous les modèles concernés. Sur certaines marques ou modèles, c’est beaucoup moins visible, car le modèle ne rencontre tout simplement pas trop de succès en France : Nissan Ariya, Honda e:ny1, BYD Atto3, Leapmotor T03… Ces constructeurs ont beau faire des remises, les ventes ne décollent pas.
La Dacia Spring a été exclue de cette observation. Elle aurait pu faire également un très bon exemple de l’impact de la fin du bonus sur les ventes. Cependant, les données sont faussées pour ce modèle spécifique. La nouvelle Dacia Spring a été officialisée en janvier. Depuis, les ventes de l’ancien modèle ne sont plus poussées. Les clients sont dirigés vers des commandes pour le nouveau modèle qui ne sera pas livré avant le mois de septembre (à priori). Le modèle a donc lourdement chuté de -80 % au premier semestre 2024, mais ce n’est pas imputable spécifiquement au bonus ou en son absence.
Il faudra bien entendu refaire un état des lieux plus complet à la fin de l’année pour évaluer les effets, avec un peu plus de recul.
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