Les clichés ont la vie dure : la voiture électrique apparaît toujours comme la voiture qui roule peu, ou du moins sur de courtes distances. Elle excelle certes dans cet exercice de citadine économique et écologique. Pourtant, de nombreux modèles commercialisés sont capables d’être bien plus qu’une voiture secondaire. Les conducteurs de ces véhicules électriques l’ont bien compris, et il n’est pas rare qu’ils cumulent plus de kilomètres qu’avec leurs précédents véhicules.
La newsletter Hyperdrive de Bloomberg envoyée le 4 septembre 2024 s’est employée à défaire cette idée reçue, selon laquelle la voiture électrique ne roulerait que très peu.
La Chine et les Pays-Bas en tête des kilomètres parcourus en électrique
L’étude Bloomberg NEF a collecté les kilométrages moyens parcourus en 2023 par des conducteurs de différents types de voitures (les données ont été agrégées à partir d’autres études). Sont ainsi comparés les kilométrages moyens de conducteurs de véhicules électriques et de véhicules hybrides rechargeables (PHEV), d’une part, et le kilométrage moyen de conducteurs roulant avec un moteur à combustion d’autre part.
Premier constat, le résultat est variable selon les pays. On peut facilement le mettre en corrélation avec d’autres facteurs, comme l’adoption de l’électrique dans ces pays et le développement de leur infrastructure de recharge.
En Chine, les conducteurs de voitures électriques parcourent 66 % de distance en plus, par rapport à ceux conduisant des voitures thermiques. Fait intéressant, les conducteurs de véhicules hybrides rechargeables ne parcourent que 14 % de kilomètres en plus, alors que ce sont les véhicules qui procurent la plus grande autonomie de conduite, en cumulant batterie et réservoir de carburant. Il n’y a qu’un pas à faire pour en déduire que l’autonomie ne fait pas tout.
Nos voisins des Pays-Bas sont les champions européens dans ce domaine. Ils roulent 56 % de kilomètres en plus en électrique qu’en thermique. Si vous fréquentez les bornes de recharge vers les destinations de vacances, il ne vous aura sans doute pas échappé que les longues distances n’effraient absolument pas les Néerlandais. C’est certainement la plaque d’immatriculation étrangère que j’ai la plus aperçue aux bornes de recharge lors de mes longs trajets en électrique (peu importe la destination). Ils n’hésitent d’ailleurs pas à ajouter des coffres de toit ou des remorques/caravanes, qui affectent négativement l’autonomie des véhicules. Néanmoins, cela ne les freine pas dans leur volonté de parcourir toujours plus de kilomètres.
Les conducteurs norvégiens, qui ont massivement adopté les véhicules électriques, parcourent aussi 40 % de distance en plus avec cette motorisation. Néanmoins, en Norvège, les conducteurs de voitures hybrides rechargeables font mieux avec 42 % de distance en plus que ceux en thermique.
La tendance reste globalement indiscutable : l’électrique n’est pas un frein au déplacement. Au contraire, grâce au coût de la recharge et au confort des trajets, les conducteurs de ces véhicules n’hésitent pas à rouler plus. Bien sûr, le conducteur d’une Dacia Spring (ou autre citadine électrique) ne se lancera pas forcément dans un Lille-Marseille, mais cela ne l’empêche pas forcément de se déplacer plus localement. Si les recharges sur autoroute peuvent parfois apparaître plus coûteuses que l’essence (constat très variable selon le coût de la recharge et la consommation du véhicule), dans l’ensemble ces trajets coûteront moins cher en électrique qu’avec les autres motorisations. Il suffit d’interroger n’importe quel conducteur de Tesla pour le confirmer.
Des résultats différents aux États-Unis
L’étude met quand même en lumière une autre réalité : un pays comme les États-Unis ne suit pas exactement la même tendance que l’Europe ou la Chine. Il faut dire que le réseau de recharge n’est pas forcément calibré pour faciliter la vie des automobilistes américains qui ont opté pour l’électrique. Dans ce pays, les conducteurs de voitures électriques roulent 39 % de distance en moins que ceux en thermique. Sauf en Californie, où ils roulent tout de même 8 % de plus que les conducteurs ayant des motorisations essence ou diesel (l’étude précise que les chiffres de la Californie remontent à 2020, alors que les autres concernent l’année 2023).
Au-delà des modèles électriques proposés par les constructeurs, l’infrastructure de recharge est aussi ce qui va faire basculer les acheteurs vers l’électrique ou non. Il faut aussi tenir compte du coût du carburant par rapport à celui de l’électricité pour avoir un portrait complet. Dans les pays où le carburant est abordable, les voitures thermiques vont généralement garder un avantage sur la distance moyenne parcourue.
Quoiqu’en disent les mauvaises langues, la voiture électrique redonne l’envie de rouler et de voyager. Abonnez-vous à notre newsletter dédiée à la mobilité électrique, Watt Else, pour suivre les évolutions de ce marché.
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