Des nuages noirs couvrent l’horizon de l’industrie automobile, et nul besoin d’être météorologue pour comprendre que cela n’augure rien de bon. Que l’on regarde à l’échelle nationale, européenne ou internationale, il n’y a pas une once de ciel bleu en vue, y compris en Chine. Pourtant, il va falloir composer avec cette météo menaçante. Si seulement les décisions politiques ne venaient pas empirer une situation déjà mal engagée…
Rien qu’au niveau de la France, les premières rumeurs concernant les décisions politiques de 2025 ont tendance à plomber le moral. Il n’y a pas de fumée sans feu, les fuites d’informations servent souvent à tester l’acceptabilité des mesures. On espère juste que le gouvernement est conscient que le jaune à l’horizon n’est sans doute pas celui du soleil, mais celui de gilets de sécurité.
Une chape de plomb côté malus
Le malus pénalise fiscalement les voitures thermiques émettant le plus de CO2. Il sanctionne de plus en plus de modèles chaque année. Théoriquement, cela devrait être un bon argument pour la voiture électrique (ou au moins électrifiée). Mais c’est un raccourci bien trompeur. Un durcissement du malus incite surtout les clients à reporter ou abandonner l’achat d’un véhicule neuf. Si l’on souhaite que les constructeurs aient les moyens de développer des voitures électriques, malgré un marché en berne, il faut qu’ils vendent et produisent des voitures neuves, toutes motorisations confondues. La réglementation CAFE va déjà lourdement pénaliser les constructeurs, ils n’ont pas besoin de subir une pénalité supplémentaire au niveau local.
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Même de petits moteurs vont se retrouver taxés en 2025 par un seuil de déclenchement des émissions à 113 g/km de CO2. Et la douloureuse pour tous les autres augmente mécaniquement. Pour les modèles à fortes émissions de CO2, le malus maximal passerait de 60 000 € à 70 000 €. Selon les premières estimations, le malus devrait augmenter en moyenne de 45 % en 2025. Et le pire, c’est qu’on ne sait même pas s’il profitera à un quelconque bonus, car lui aussi est sur la sellette.
Chute du bonus et leasing social coulé ?
Habituellement, quand il y a bâton, il y a carotte. À ce niveau-là, les premiers signaux de fumée sont également contradictoires. Fin août, l’ancien premier ministre, Gabriel Attal, a laissé des instructions pour réduire l’enveloppe budgétaire liée à la transition écologique automobile. Il se disait alors que le bonus serait raboté, mais le leasing social conservé.
Depuis, le vent semble avoir tourné : le leasing social serait potentiellement balayé ou restreint, et le bonus conservé. Dans tous les cas, il y a une constante : le budget alloué aux aides à l’achat des voitures électriques va baisser.
Vers un plan épargne logement pour la voiture électrique ?
À moins qu’il ne se trame encore autre chose. Un lecteur m’a fait part d’une étrange enquête d’opinion pour laquelle il a été interrogé. L’étude portait sur la mobilité et les politiques publiques. Mais, c’est surtout le volet sur les aides publiques qui l’a interpellé dans le contexte actuel. Difficile de savoir quel crédit donner à cette enquête, mais plusieurs éléments suggèrent qu’elle a été diligentée par un ministère (ou un cabinet de conseils proche).
Parmi les questions posées, plusieurs étaient orientées sur les intentions d’achat d’une voiture électrique dans l’hypothèse d’un bonus à 5 000 €, à 2 000 € ou sans bonus. Dans d’autres questions, l’étude demandait si ces aides lui semblaient nécessaires, si elles ne profitaient pas qu’aux personnes aisées et si ces fonds ne seraient pas mieux investis dans d’autres secteurs.
Un scénario surprenant était aussi proposé aux sondés concernant la mise en place d’un plan d’épargne spécifique à l’acquisition d’une voiture électriques. À la manière d’un plan épargne logement (PEL), l’intéressé verserait tous les mois de l’argent en vue d’acheter une voiture électrique. L’État participerait, mais l’épargnant ne pourrait en bénéficier que s’il utilise les fonds pour acheter une voiture électrique (neuve, en leasing ou d’occasion). Cette hypothèse m’apparait bien trop élaborée pour n’être qu’un hasard. Reste à déterminer si une telle alternative pourrait être une réponse intéressante pour l’industrie automobile, à suivre.
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