La Xiaomi SU7 est-elle l’Apple Car que tout le monde attendu pendant des années ? Jim Farley, le CEO de Ford, en est convaincu. Le 21 octobre 2024, il était l’invité du podcast Fully Charged, dans lequel il s’est exprimé sans langue de bois sur le thème de la voiture électrique. Révélant, au passage, sa vision de certaines voitures chinoises.
Durant cet échange de 40 minutes, plusieurs déclarations du patron de Ford ont retenu l’attention, aussi bien concernant Xiaomi et les constructeurs chinois, que sur Ford.
Le patron de Ford conduit la Xiaomi SU7 depuis 6 mois : « Elle est fantastique »
Le patron de Ford s’est exprimé sur l’avance considérable prise par l’industrie chinoise, aussi bien dans le domaine des batteries que celui des voitures. Il précise d’ailleurs qu’il est temps de cesser de dire que les Chinois se contenteraient de copier les Occidentaux. Jim Farley souligne leur avance sur bien des aspects de ces véhicules, citant également BYD et leur avantage indéniable sur la batterie. Il est également assez impressionné de la manière dont les entreprises du secteur high-tech se sont emparées du sujet : « Xiaomi et Huawei sont dans toutes les voitures en Chine. »
C’est surtout le cas de Xiaomi qui impressionne Jim Farley : « Xiaomi est l’Apple de Chine, ils ont fait leur propre voiture et c’est maintenant l’une des voitures les plus vendues en Chine. C’est dorénavant l’un des poids lourds de l’industrie. La Xiaomi Car existe et elle est fantastique. »
En avril dernier, Luca de Meo (patron de Renault) s’était aussi exprimé assez positivement sur ce modèle après un essai réalisé en Chine. Le CEO de Ford va encore plus loin dans ses déclarations : « Nous avons fait venir une Xiaomi SU7 de Shanghai à Chicago, et cela fait six mois que je la conduis. Je ne veux plus m’en séparer. » Voilà qui pourrait faire désordre alors que Ford développe ses propres voitures électriques.
Des optimisations de production qui manquent encore à Ford sur l’électrique
La voiture électrique est certes moins complexe à assembler qu’un équivalent thermique, avec 40 % de pièces en moins. Néanmoins, Jim Farley reconnaît qu’il n’est pas si facile d’optimiser les coûts de fabrication, après une centaine d’années à développer et à améliorer la fabrication de véhicules thermiques. Tout est différent.
Cela explique en partie pourquoi un constructeur comme Ford perd de l’argent sur les voitures électriques, malgré des prix de ventes élevés. Quelques mauvais choix stratégiques ont été réalisés juste avant la pandémie. Ford a réalisé trop tard que les grandes batteries n’étaient pas la solution idéale, après la commercialisation du Mustang Mach-e et du F-150 lightning.
L’industrialisation des voitures thermiques a atteint un niveau d’optimisation impressionnant, notamment grâce à la livraison des pièces en flux tendu (« just in time »). Le patron de Ford raconte que les sièges de son best-seller ne sont produits au Canada que 45 minutes en amont de leur intégration sur la chaine d’assemblage : « Au moindre problème sur le pont reliant Détroit au Canada, la chaîne d’assemblage du F-150 peut arriver à court de sièges en une heure de temps. »
L’équipe secrète de Ford
En février 2024, Jim Farley a dévoilé qu’il a mandaté une équipe d’experts pour travailler de manière complètement indépendante de Ford sur une nouvelle génération de voitures électriques. Cette équipe est composée d’ingénieurs travaillant pour d’autres constructeurs de voitures électriques (Tesla, Rivian…), mais également d’ingénieurs issus de la Formule 1. Cette équipe fonctionne de manière tellement indépendante de Ford que même le badge de Jim Farley ne peut pas ouvrir ces bureaux : « Je ne peux même pas entrer voir ce qu’ils font », confie-t-il.
Cette approche très radicale, consistant à repartir d’une feuille blanche, est nécessaire pour espérer égaler des constructeurs tels que BYD. Ford a quand même repéré des failles dans les méthodes employées par ces constructeurs chinois. S’ils bénéficient de coûts de production très bas, leurs voitures et leurs moteurs ne sont pas encore optimisés, Il reste encore une opportunité pour les marques historiques de faire mieux. C’est ce que Ford veut faire.
Pour conclure son intervention, Jim Farley a rappelé qu’il est un amoureux des voitures thermiques anciennes, et un converti à la voiture électrique, qu’il apprécie tout autant : « En amateur de voitures, la joie de conduire est de retour avec l’électrique. »
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