Les clients en veulent toujours plus : des voitures électriques compactes, avec une autonomie de grands SUV et à prix cassés. Mais à force de tout exiger, ne demandent-ils pas l’impossible ? C’était la question soulevée par l’éditorial de la newsletter Watt Else du 24 octobre.

Il est assez difficile de dresser le portrait robot de la voiture électrique idéale. Et pour cause, les attentes et les besoins des clients sont souvent antinomiques. Ils réclament des citadines de 4 mètres avec des autonomies XXL. Les clients sont-ils conscients qu’ils demandent parfois l’impossible ? 

Lors du Paris Automotive Summit du 15 octobre, le patron de Stellantis a déclaré : « Les clients demandent toujours plus (plus de confort, plus d’équipements…) pour toujours moins cher. » Dans la bouche de Carlos Tavares, le message peut être perçu comme une complainte mal venue d’un spécialiste de la marge record. Après réflexion, j’ai trouvé la remarque particulièrement pertinente.

D’éternels insatisfaits

Il est peu probable qu’un seul modèle 100 % électrique puisse faire l’unanimité auprès du public. Il vaut mieux s’en réjouir, sinon nous roulerions tous dans la même voiture. Imaginez des routes et des parkings remplis de Tesla Model Y blanc. Cependant, j’ignore si c’est notre tempérament français qui veut cela, mais peu importe ce que les constructeurs proposent, il y a toujours matière à râler. 

Des Tesla Model 3 chez Hertz. // Source : Hertz
Les Tesla blanches contre-attaque. // Source : Hertz

La Renault 5 en est un très bon exemple. Renault propose une voiture électrique très aboutie de moins de 4 mètres, avec une fiche technique digne d’une voiture plus grande. Cela n’empêche pas d’observer sur les réseaux sociaux des critiques, comme : pas assez d’autonomie, pas assez de coffre, pas assez de place à l’arrière, trop chère. Renault l’avait certainement pressenti, puisque la R4 e-tech vient proposer une alternative qui répond à certains de ces arguments négatifs. Néanmoins, d’autres critiques apparaissent immédiatement, c’est sans fin.

Les constructeurs en sont réduits à tâtonner avec des propositions de véhicules qui cochent un maximum de cases, tout en sachant qu’ils vont forcément devoir faire l’impasse sur d’autres critères.

Renault 5 au salon de Genève 2024 // Source : Renault
Renault 5 au salon de Genève 2024 // Source : Renault

Recherche licorne désespérément 

En réalité, nous cherchons tous notre licorne personnelle. Je suis la première à attendre la voiture électrique « parfaite » : une voiture pas trop grande, avec un look sympa (pas un SUV), qui offre une autonomie confortable et se recharge vite pour les longs trajets éventuels. Le tout sans avoir une trop grosse batterie, parce que ce n’est pas la bonne démarche pour l’environnement et l’efficience. Il faut aussi que le confort et les équipements soient au rendez-vous. Cerise sur le gâteau, elle doit procurer un rapport qualité/performance/prix imbattable et il serait préférable que le patron à la tête de la marque ne soit pas problématique. Résultat des courses : sans surprise, je n’ai pas trouvé mon bonheur. Il va bien falloir que je me décide à faire quelques compromis. 

Au-delà de recherches farfelues comme la mienne, beaucoup de clients ne réalisent pas que leur demande ne peut pas être satisfaite. On demande à la voiture actuelle une polyvalence extrême qui n’existait pas auparavant, c’est devenu la voiture à absolument tout faire. Elle doit à la fois rentrer dans des garages minuscules et accueillir trois adultes à l’arrière pour des trajets Paris-Nice fantasmés, alors que la voiture ne va jamais aller plus loin que Melun.

Même DS3 peut faire des longs trajets loin de son usage citadin // Source : Raphaelle Baut pour Numerama
Même une DS3 peut faire des longs trajets, loin de son usage citadin // Source : Raphaelle Baut pour Numerama

Remise en question nécessaire

Pouvoir faire 1 000 km d’une traite est devenu l’argument pour ne pas passer à l’électrique et bouder les modèles proposés, comme si cela avait le moindre sens. Avant de demander toujours plus pour toujours moins cher, et si l’on reprenait l’habitude de choisir une voiture (ou non) qui colle à 90 % de nos usages, et de gérer l’exceptionnel quand il se présente ? Cela permettrait de revenir à un parc automobile plus adapté aux besoins réels. 

Il est peut-être temps que les clients aussi se remettent en question, plutôt que de rejeter systématiquement la faute sur les constructeurs automobiles.

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