On parle souvent du métro parisien, de son archaïsme et de la quantité de travaux nécessaires pour le moderniser. Mais à San Francisco, c’est peut-être pire. Depuis 1998, le système de contrôle automatique des trains (ATCS) utilisait des disquettes de 5 pouces 1/4. L’agence des transports municipaux (la SFMTA) a voté lors de son dernier conseil d’administration la mise en œuvre d’un nouveau système, plus moderne, comme le raconte Ars Technica le 23 octobre 2024.
Comment fonctionne le contrôle des métros de San Francisco ?
Ce système de contrôle automatique des trains utilise effectivement des disquettes de 5 pouces 1/4 depuis 1998, date à laquelle il a été installé. Depuis toutes ces années, il est toujours situé à la station Market Street. Avec peu de tunnels pour beaucoup de lignes, la municipalité n’a pas eu le choix : il fallait automatiser. Un projet qui a été long et coûteux : le premier appel d’offres a été lancé en 1990, pour un contrat signé en 1992 avec Alcatel Canada. La réalisation aussi a été compliquée, puisque l’ATCS n’a été mis en place qu’en 1998.
Trois disquettes sont en fait nécessaires pour charger chaque matin le logiciel DOS qui contrôle les serveurs centraux du système. La transmission des données est toujours plus lente qu’un simple modem sans-fil et en cas de perturbation, c’est difficile à gérer. Ce n’est pas le seul souci : les disquettes se dégradent plus facilement que d’autres supports et les langages de programmation datent des années 90.
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Pour entériner le tout, l’ATCS était prévu pour fonctionner jusqu’en 2023. Autant dire qu’il était temps de le remplacer. Pour Ars Technica, « la lenteur de la SFMTA à abandonner les disquettes peut être attribuée à la complaisance, aux restrictions budgétaires et aux complications liées à la révision des systèmes technologiques critiques ».
En avril dernier, c’est Michael Roccaforte, le porte-parole de la SFMTA, qui expliquait à Ars Technica le fonctionnement de ce système : lorsqu’un train entre dans un tunnel, il se connecte au ATCS pour fonctionner en pilote automatique. Il y a cependant toujours un opérateur dans la cabine qui surveille que tout fonctionne bien. Et lorsqu’il en sort, le mode automatique se désactive.
Comment remplacer les disquettes du métro ?
Avant la crise sanitaire, la SFMTA voulait passer à un système sans disquettes d’ici à 2028. La crise étant passée par là, le projet a été retardé. Cela ne veut pas dire qu’il n’avance pas : ce 15 octobre avait lieu le conseil d’administration de l’agence. L’occasion de signer un contrat avec Hitachi Rail, qui va mettre en place un nouveau système de contrôle des trains (il faut encore une validation d’un conseil de superviseurs).
La technologie de l’entreprise est déjà utilisée sur les trains à grande vitesse au Japon, mais aussi dans plus de 50 pays. C’est un contrat à 212 millions de dollars, pour la mise en service et l’assistance pendant 20 à 25 ans. L’opération fait partie d’un projet de modernisation plus large à 700 millions de dollars, précise le San Francisco Chronicle.
Le système d’Hitachi Rail fonctionne en Wi-Fi et avec le réseau cellulaire, permettant de suivre précisément les trains, grâce à un débit plus élevé. Autre avantage : il fonctionnera aussi sur les parties en surface du métro. Julie Kirschbaum, directrice de Muni Transit, le réseau de métro de San Francisco, a même déclaré que « le système Hitachi serait en avance de cinq générations sur le système actuel ». Le contrat prévoit également le remplacement des câbles qui envoient les données des serveurs au train et inversement. C’est même un souci plus urgent pour la SFMTA.
La disquette est toujours utilisée par nombre d’institutions
Ce sont surtout les institutions publiques qui, à travers le monde, utilisent encore la disquette. Elle était en place jusqu’en juin dernier dans les systèmes gouvernementaux au Japon et la Marine allemande tente de trouver un moyen d’y mettre fin, par exemple.
Cela touche aussi des domaines bien plus critiques, comme l’aéronautique. Les Boeing 747, apparus en 1988, se mettent toujours à jour grâce à des disquettes de 3,5 pouces. Quant à l’arsenal nucléaire américain, le plus puissant du monde, il a fallu attendre 2019 pour qu’il passe enfin à un autre support.
Ces institutions n’ont pourtant pas le choix : ces disquettes ont des langages qui ne sont plus adaptés ou utilisés aujourd’hui, leur durabilité est bien moins bonne que des supports plus modernes (CD, clé USB, disque dur HDD, SSD). Quant à leur ridicule capacité de stockage, n’en parlons pas. Surtout, la production de masse est terminée depuis une quinzaine d’années et Sony (le dernier qui en ait produit) a arrêté la production au Japon cet été. La production de lecteurs de disquettes Sony s’était stoppée… en septembre 2009. La disquette n’est pour les jeunes nés après 2000 qu’une phrase flatteuse utilisée pour séduire.
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