Les vélos à hydrogène fonctionnent grâce à une pile à combustible, aussi appelée pile à hydrogène. Ces vélos possèdent, comme les VAE classiques, un moteur électrique. Celui-ci est alimenté non pas par une batterie au lithium, mais par cette pile qui transforme l’hydrogène en électricité. Ces vélos embarquent donc aussi des cartouches (ou réservoirs) qui contiennent ledit hydrogène.
Si ces vélos à hydrogène constituent une innovation intéressante, ils suscitent plusieurs interrogations quant à leur pertinence par rapport aux vélos électriques classiques à batterie lithium. Sur le papier, le vélo à hydrogène offre des avantages non négligeables, mais il reste encore en 2024 une technologie de niche.
Le vélo à hydrogène, une alternative plus écologique aux batteries lithium ?
On parle souvent d’écologie quand on parle de mobilité du futur. L’hydrogène semble, pour ses défenseurs, être une solution plus respectueuse de l’environnement. Cela dit, cela reste un constat à nuancer — disons plutôt que l’impact environnemental ne se fait pas au même endroit.
Le lithium a un impact écologique plus important que l’hydrogène – l’aspect écologique du vélo hydrogène est d’ailleurs une des motivations observées lors de l’expérimentation BHYKE menée de 2017 à 2019 par l’ADEME. Son extraction entraîne des problèmes environnementaux et éthiques majeurs : consommation excessive d’eau lors de son extraction, exploitations minières qui participent à la dégradation des écosystèmes et dont les modes de gouvernance ne respectent pas toujours les droits humains, ressource non renouvelable, etc. Le lithium pose aussi d’importants problèmes de recyclage, là où les composants d’un système à hydrogène le sont plus facilement.
Gaz non toxique, l‘hydrogène présente un potentiel énergétique plus propre et durable à long terme. Utilisé dans les piles à combustible de vélo, il ne génère que de la vapeur d’eau et n’émet pas de gaz à effet de serre. Mais contrairement au lithium qui doit être extrait, l’hydrogène n’existe que très rarement à l’état naturel. Il doit donc être produit, ce qui induit aussi des dépenses énergétiques.
Rappelons dès lors, à ce titre, que la production d’hydrogène reste encore dépendante des énergies fossiles. « Sur 70 millions de tonnes d’hydrogène (hors production en tant que coproduit) produites chaque année dans le monde, dont un million en France, 48 % sont issues du gaz naturel, 28 % du pétrole et 23 % du charbon, selon les données de l’Agence internationale de l’énergie » (source : Note n°25 des Notes scientifiques de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques, avril 2021). La note précise qu’il existe quand même d’autres techniques de production qui n’utilisent pas d’hydrocarbures, mais dont l’utilisation est limitée en raison de leur coût, leur complexité, leur rendement, etc.
Donc d’un point de vue holistique, le bilan écologique de l’hydrogène mérite d’être nuancé : si son mode de production ne connaît pas une révolution pour sortir des hydrocarbures, il ne sera jamais plus green que l’électricité décarbonée.
Un temps de chargement attractif, mais des stations de recharge encore trop peu nombreuses
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Contrairement aux vélos électriques qui nécessitent plusieurs heures pour recharger leurs batteries, les vélos à hydrogène peuvent être rechargés en quelques minutes. Pionnière en la matière, l’entreprise française Pragma Mobility qui a commercialisé le tout premier vélo hydrogène, annonce un temps de recharge de 2 minutes. Oui mais…
Le hic qui freine l’adoption du vélo à hydrogène en France ? La pauvreté du réseau d’infrastructures de recharge. L’accessibilité et la commodité restent donc aujourd’hui un important problème à résoudre pour les utilisateurs. C’est d’ailleurs une des conclusions et des pistes d’amélioration de l’expérimentation BHYKE.
Vers des vélos à hydrogène rechargeables à la maison ?
Plusieurs marques ont développé des vélos à hydrogène à recharger chez soi. C’est le cas de Youon, un fabricant chinois qui a déjà déployé des stations de vélos à hydrogène en libre-service. La société fabrique une station de production d’hydrogène compacte pour un usage domestique (Q100), des bouteilles rechargeables et une pile à combustible.
Mais ne crions pas tout de suite victoire ! Le temps de charge d’une bouteille via la station reste d’environ 5 heures et sa consommation électrique vient clairement nuancer la dimension écologique du système. On a du mal à voir les avantages par rapport à la charge d’une batterie classique, branchée sur une prise murale.
Quant à l’autonomie annoncée par la marque pour une charge, elle n’est que de 40 à 60 km. Pour une vitesse maximale assistée de 23 km/h… Même temps de chargement de cartouche (5 heures) et autonomie (50 km) pour le vélo à hydrogène Boon H2 de HubUR – dont le site laisse vraiment à désirer – présenté au salon Viva Tech 2024.
Ces appareils n’ont donc aucun avantage concret par rapport à des VAE traditionnels, qui vont jusqu’à 25 km/h et peuvent parcourir jusqu’à 120 km selon le mode choisi.
Le prix d’un vélo à hydrogène va en freiner plus d’un
En 2023, le coût d’un vélo électrique à hydrogène reste particulièrement élevé, pour des « performances » somme toute plutôt basiques. Un prix qui se justifie sans doute par les années de R&D et le développement de nouveaux systèmes, mais qui laisse un goût de trop peu sur le plan technique. Le Boon H2 d’HuBUR affiche par exemple un prix de 5 500 € (avec deux bonbonnes). Un tarif qui a de quoi faire grimacer.
À titre comparatif, pour 4 399 €, vous pouvez acheter le Lundi 27.6 de Moustache. Ce VAE possède un moteur Bosch Performance Line, un entraînement par courroie, une transmission Enviolo à variation continue et une autonomie annoncée de 115 km. Et un antivol AXA intégré au cadre !
Mais il y a de l’espoir ! Le modèle à hydrogène NEO proposé par Pragma Mobility se distingue des autres modèles par une belle autonomie affichée : vous pouvez aller jusqu’à 150 km avec une seule charge. La marque décline plusieurs modèles utilitaires adaptés à différents besoins. Toujours en précommande, le vélo NEO coûte quand même 5 690 € HT à l’achat.
Bref, pour ce prix, on n’a même pas le droit à un design élégant. Les cadres des vélos électriques alimentés par l’hydrogène restent encore imposants. Au-delà du design, le système à l’hydrogène impose aussi un poids tout aussi imposant et qui n’est pas sans conséquence sur l’autonomie ou la praticité de l’engin. C’est d’ailleurs une des problématiques soulevées par les utilisateurs qui ont pu tester d’anciens modèles à hydrogène (améliorés depuis) avec l’expérimentation BHYKE : « le relief géographique des villes où ont lieu les démonstrations pousse les utilisateurs à systématiquement solliciter l’assistance électrique à cause du poids du vélo. »
Des coûts annexes à prévoir qui peuvent alourdir la note
Au-delà du prix du vélo, il faudra aussi compter le coût de l’abonnement mensuel, ou celui de la recharge en station, ou à la maison. Il faut compter 130 € HT la cartouche rechargeable chez HubUR. Et puis on n’a pas hâte de voir arriver les problèmes de compatibilité entre les modèles de cartouche.
La technologie de l’hydrogène est encore nouvelle dans le secteur du vélo, ce qui peut rendre l’entretien et les réparations plus complexes et coûteuses. Il vous faudra aussi trouver un réparateur spécialisé et familier de cette technologie.
Bref, le VAE à batterie lithium a encore de beaux jours devant lui
Prometteuse sur le papier, cette technologie est encore en développement et nécessite des améliorations pour être largement adoptée, notamment en matière de mode de production, de recharge, de performance des engins et de coûts. En d’autres termes, il n’y a aucun intérêt à considérer un vélo à hydrogène.
Il semble plus probable de croiser des vélos à hydrogène en LDD avec différentes options d’abonnement, ou en libre-service dans les collectivités pour remplacer progressivement les flottes de VAE. L’hydrogène étant dans l’œil de mire de la stratégie nationale pour le développement de l’hydrogène décarboné en France (Plan France 2030).
En France, Pragma Mobility explore déjà ces différentes pistes. L’entreprise biarrote a équipé plusieurs entreprises en flottes de vélos à hydrogène. Dans un article sur FranceBleu, son fondateur Pierre Forte expliquait que l’entreprise comptait lancer une offre de LDD à destination des particuliers en 2025. Son prix : à partir de 79 € HT/mois et un premier loyer de 1 700 €.
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