Les entreprises chinoises ont pris une avance considérable dans le développement de tous types de batteries. Face à des leaders mondiaux puissants, l’Europe a pris peur d’une trop grande dépendance à la Chine et a décidé de pousser les innovations dans ce domaine pour rattraper le retard. De nombreux projets ont été lancés en France et en Europe, qui promettaient des volumes de production et des performances à la hauteur du besoin des constructeurs automobiles européens. Néanmoins, tout ne se passe pas tout à fait comme sur le papier, au point que leur avenir est parfois menacé.
Interviewé en septembre 2024 par un fonds d’investissement norvégien, Robin Zeng – Fondateur et PDG de CATL, leader mondial de la batterie – a répondu aux nombreuses questions avec beaucoup de naturel. Alors, pourquoi les fabricants de batterie en Europe n’arrivent-ils pas à faire grandir leur production ? Le patron de CATL résume les erreurs commises par ses concurrents.
Mauvais design, mauvais procédé de fabrication et mauvais équipements
Interrogé sur les difficultés rencontrées par les fabricants européens, Robin Zeng a été très clair sur les trois erreurs principales : « Ils ont une mauvaise conception [mauvais design des cellules], un mauvais procédé de fabrication et de mauvais équipements. » Il ne s’agit pas ici de vanter la supériorité de CATL. Le chef d’entreprise fait un simple constat, il échange d’ailleurs régulièrement avec les fabricants européens pour les aider.
Ces trois erreurs engendrent des difficultés qui freinent la montée en cadence des usines : « S’ils montent en cadence, ils rencontreront ensuite un problème d’usage [de la batterie], puis de fiabilité. Et 2 ou 3 ans plus tard, ils auront un problème lié à la sécurité. Donc presque toutes les erreurs en même temps. »
Il émet un jugement assez sévère sur certains projets (qu’il ne cite pas spécifiquement) en indiquant qu’ils n’ont pas réellement compris comment fonctionnait la chimie des cellules et qu’à partir de là, les entreprises risquaient rapidement d’être bloquées dans leur développement. Ce n’est pas parce que la batterie marche à très petite échelle, que cela fonctionnera en production de masse avec une qualité et une fiabilité constante.
Pour autant, le patron de CATL indique que ces batteries pourraient aussi avoir d’autres débouchés que l’automobile, comme dans les secteurs maritime ou ferroviaire.
Plus de 20 000 ingénieurs en R&D
L’entreprise CATL n’est pas arrivée à ce leadership dans la fabrication de batteries par hasard. D’une part, CATL a choisi très tôt de maîtriser toute la chaîne d’approvisionnement, des matériaux à la fabrication, ce qui lui donne un avantage indéniable. D’autre part, l’entreprise innove énormément et très rapidement pour satisfaire les besoins des clients (les constructeurs automobiles). Robin Zeng indique avoir environ 20 000 ingénieurs impliqués dans la Recherche & Développement. Beaucoup sont spécialisés sur des thématiques très pointues, que ce soient les matériaux, les futures chimies ou la conception des cellules, mais aussi toute la gestion du logiciel de management de la batterie (BMS).
Dans un rapport publié en Chine le 6 novembre, relayé par CNevpost, on apprend que CATL dispose d’une équipe de 1 000 ingénieurs qui travaillent sur les batteries solides. C’est un investissement massif. L’entreprise se concentrerait sur la voie de la batterie solide à base de sulfure, l’une des trois technologies actuellement explorées par les différents concurrents pour les futures batteries solides. CATL est entré récemment dans une phase de production d’essai d’échantillons de 20 Ah.
Cette technologie de CATL permettrait d’atteindre une densité énergétique de 500 Wh/kg pour les batteries ternaires au lithium, soit une amélioration de plus de 40 % par rapport aux batteries existantes. Cependant, toutes les difficultés ne sont pas encore levées, l’entreprise rencontre toujours des problèmes de vitesse de charge et de durée de vie du cycle. Ces batteries devraient commencer à être disponibles à partir de 2027.
La force de CATL, c’est d’avancer de front sur de nombreuses solutions pour pouvoir répondre aux besoins de tous. Dans son interview, Robin Zeng parle avec le même enthousiasme des progrès réalisés aussi bien sur la batterie sodium, le produit le moins cher de la gamme, que sur les batteries LFP, NMC ou les batteries condensées, les plus chères et exclusives. Difficile de lutter face à cela pour les constructeurs européens.
L’évolution des batteries est fascinante, comme bien d’autres thématiques liées à la mobilité électrique. Pour ne rien manquer de ces tendances, n’hésitez pas à vous abonner à notre newsletter hebdomadaire Watt Else
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