Vinfast a voulu démarrer fort dès son lancement en 2019, peut-être trop fort. En partant rapidement à la conquête des marchés internationaux, le jeune constructeur vietnamien a dépensé sans compter, boosté par une valorisation boursière insensée. Sauf que le lancement quelque peu raté aux USA, puis en Europe, pèse désormais sur les ventes. Maintenant que l’effort en matière de communication est censé être fait, avec des modèles disponibles à la livraison en Europe, la marque a perdu en visibilité à l’international. Les ventes se font donc au compte-goutte.
Heureusement, la marque peut se consoler avec un succès sur son marché local. Autre source de consolation, Vinfast continue de bénéficier de financements du conglomérat Vingroup, le plus gros conglomérat du Vietnam. Selon Reuters, Vinfast va pouvoir compter sur 3,15 milliards d’euros supplémentaires de son fondateur et de Vingroup, même si la marque devrait trouver d’autres investisseurs extérieurs.
Des pertes supérieures de 40 % par rapport à l’année dernière
Vinfast a déjà profité de 13,5 milliards de la part du groupe et de ses filiales, ce qui permet à la marque de poursuivre ses ambitions, là où d’autres marques auraient déjà périclité.
Comme d’autres jeunes pousses de la voiture électrique, le constructeur vietnamien a subi une certaine spéculation sur les marchés financiers à son introduction en bourse. Vinfast s’est senti pousser des ailes avec une valorisation boursière qui a momentanément dépassé celle de groupes comme Stellantis, Volkswagen ou Ford. Hélas, ceci fait généralement plus de mal que de bien à ces constructeurs, car la réalité revient comme un boomerang. Vinfast n’a pas échappé au phénomène.
La marque a quand même enregistré 773 millions d’euros de perte sur le deuxième trimestre 2024, soit des pertes 40 % plus importantes que sur la même période en 2023. Ces pertes devraient continuer jusqu’en 2026 où le constructeur devrait être rentable, selon les dernières communications financières de Vinfast.
Vinfast a tout de même dû revoir à la baisse quelques ambitions. Parmi les projets suspendus, il y a celui d’une usine en Caroline du Nord. Pourtant, la marque risque d’être confrontée à des surtaxes douanières sur la vente de ses véhicules aux États-Unis, mais comme les volumes sont faibles, cela ne devrait rien changer.
Fort contraste entre le marché local et celui international
En 2023, Vinfast avait quelque peu maquillé ses chiffres de ventes, y compris au Vietnam. De nombreux modèles étaient achetés par une compagnie de taxi appartenant au Vingroup. Cela semble quand même avoir mis un pied à l’étrier à la marque, qui vend désormais ses modèles de manière plus naturelle.
51 000 véhicules électriques Vinfast se sont vendus au Vietnam au cours des dix premiers mois de l’année. Le petit modèle Vinfast VF3 est celui qui a dominé les ventes des derniers mois. Mais ce modèle est absent du marché international pour l’heure.
Les États-Unis et l’Europe doivent se contenter de l’unique VF8. Nous ne disposons pas des chiffres actualisés pour le marché américain, mais en Europe, Vinfast n’a immatriculé que 174 VF8 à fin septembre. La France a représenté plus de 40 % des immatriculations européennes, soit 76 exemplaires sur les neuf premiers mois de l’année. Sauf que beaucoup de ces exemplaires sont immatriculés par les concessionnaires, environ 80 %, autant dire que les clients sont rares.
Vinfast aurait tout intérêt à adapter rapidement le VF3 au marché européen, pour tenter un positionnement différent. C’est peut-être sa planche de salut. La marque a pour le moment plutôt embrayé sur le VF6, qui risque de se faire dévorer tout cru par la concurrence. C’est loin d’être gagné pour Vinfast à l’international.
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