Le leasing est censé être la solution miracle pour rendre plus accessible la voiture électrique. Tout ce que l’on observe actuellement ressemble surtout à un immense capharnaüm, qui donne des sueurs froides aux spécialistes du secteur. Si les clients semblent séduits par la promesse, à quelques exceptions près, le marché, lui, vacille à cause de mauvaises décisions.
Est-ce vraiment la panacée pour le marché automobile ? J’en doute très sincèrement. Nous sommes nombreux à observer cette tendance grandissante du leasing automobile avec un regard particulièrement critique. Comment bâtir un système viable sur des prévisions de valeur d’un véhicule dans un secteur en perpétuelle transformation ? Tout cela a l’air aussi fiable que de vouloir vivre de paris sportifs.
Le grand chamboulement de la valeur des véhicules
Il fut un temps où le prix d’une voiture définissait sa valeur. On l’achetait comptant ou à crédit, avec éventuellement une remise qui ajustait légèrement le coût final. Une voiture à 20 000 € coûtait moins cher qu’une à 30 000 €, point final. Mais ça, c’était avant.
Depuis que le leasing prend l’ascendant, cette logique s’est évaporée. Désormais, seul le loyer mensuel compte, et c’est devenu un casse-tête. Avec les aides gouvernementales, tout se brouille davantage : une Fiat 500e à 30 400 € et une Citroën ë-C3 à 23 300 € peuvent afficher le même loyer de 99 €/mois en LLD. Une Volkswagen ID.3 à 34 990 € tombe à 169 €/mois, tandis qu’une MG4 à 24 990 € grimpe à 249 €/mois. Même un quadricycle comme le Mobilize Duo 80 peut coûter plus cher par mois qu’une dizaine de voitures électriques ! Si vous n’en perdez pas votre latin, moi oui.
Tous les mois, je scrute les offres LOA/LLD des constructeurs, un exercice laborieux, mais instructif. Exemple : depuis le 1ᵉʳ janvier 2024, le loyer de la Fiat 500e a changé six fois, oscillant entre 69 € et 109 €/mois, pour exactement le même modèle. Alors qu’une remise de 1 000 € supplémentaire est apparue depuis quelques jours chez Fiat, le loyer n’a jamais été aussi élevé (109 €/mois), la confusion reste totale. Comment les clients peuvent-ils encore comprendre la valeur réelle d’une voiture ?
Pire, un mauvais loyer en leasing peut être plus dommageable pour une nouvelle marque qu’un prix catalogue mal positionné. Comme me l’a fait remarquer un lecteur : « Ce genre de véhicule ne s’achète plus en comptant ou à crédit, mais en LOA/LLD. Votre article est trompeur sur l’accessibilité financière. » Le problème ? À la différence d’un prix catalogue, aucune offre LOA/LLD n’est identique, et encore moins sur la durée. Il devient donc impossible de comparer les modèles.
Une erreur de calcul qui coûte cher
En attendant, les loueurs longues durées ont bu la tasse avec le leasing des voitures électriques. Tout repose sur la valeur résiduelle du véhicule, c’est-à-dire une estimation de sa valeur à la fin du contrat. Leurs prédictions se sont révélées totalement erronées. La voiture électrique n’est pas une voiture thermique, et cela a changé la manière de calculer cette valeur.
Avec un marché de l’occasion à la peine et une décote plus rapide que prévu (due aux avancées technologiques et à la baisse des prix du neuf), tous les calculs étaient faux. Les sociétés de leasing se sont aussi retrouvées avec des véhicules invendables sur les bras. Elles ont tout simplement perdu des sommes phénoménales dans l’exercice. Une sorte de retour de karma, diront certains, puisqu’elles sont souvent les premières à profiter de leurs clients et de clauses obscures.
Une voiture de plus en plus jetable
Les constructeurs ont tout intérêt à vous pousser à louer un véhicule, parce qu’au moins, ils ont une chance de vous revoir en concession avant la fin de votre engagement (souvent 24, 36 ou 48 mois). Une fois que vous commencez à louer, vous êtes pris dans un engrenage qui va vous pousser à changer de véhicule régulièrement, à moins d’avoir opté pour une location avec option d’achat (LOA). Attention, aussi, à bien calculer votre coup, car avec les retards sur la production des véhicules neufs, vous risquez parfois de vous retrouver sans voiture entre deux contrats.
C’est en tout cas une manière de créer une demande très artificielle, mais qui rend la voiture de plus en plus jetable. Le leasing est vendu comme étant « sans risque », peu importe les évolutions technologiques survenues entre-temps, le client n’a pas à s’en soucier. Mais ce confort apparent masque un faux sentiment de sécurité, laissant croire que tout est sous contrôle.
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