Le gouvernement français s’apprête à dévoiler le mauvais tour qu’il réserve aux constructeurs automobiles. Les aides gouvernementales et le malus continuent de donner des sueurs froides aux représentants des marques automobiles. S’ils savent déjà qu’ils seront perdants en 2025, ils ignorent encore s’ils le seront un peu, beaucoup ou à la folie…
L’industrie automobile a pourtant maintes fois imploré les anciens et nouveaux ministres de leur donner un peu de marge de manœuvre et de visibilité à long terme. Des suppliques qui restent souvent lettres mortes au moment de les transformer en actions concrètes. Pire encore, le gouvernement pourrait trahir la confiance des constructeurs concernant le bonus.
Trahison dans les règles de l’art
Au moment de rédiger ces lignes (mercredi 27 novembre), le dispositif d’aides gouvernementales de 2025 pour les voitures électriques n’est pas encore officialisé. Néanmoins, les premières fuites sérieuses ont déjà atteint la presse, et elles jettent un froid chez les constructeurs. En plus du coup de rabot sur les montants des aides, il se murmure que le décret pourrait être à effet immédiat. Le problème : la parution du décret est prévue dans les prochains jours.
Les nouveaux barèmes n’attendraient pas le 1ᵉʳ janvier pour s’appliquer. Le bonus 2025 pourrait s’appliquer dès le mois de décembre 2024, ce qui priverait les constructeurs d’un éventuel effet d’aubaine sur la fin de l’année. Si cela se confirme, la manœuvre serait perçue au mieux comme une trahison, au pire comme une déclaration de guerre.
[Mise à jour du 01/12/2024 : le décret vient d’être publié au Journal Officiel, le nouveau barème du bonus s’applique dès aujourd’hui]
Des arbitrages déroutants
Selon les rumeurs, les acheteurs et les constructeurs devront donc composer avec : une suppression de la prime à la conversion et de certains bonus spécifiques, une réduction plus générale du bonus écologique automobile, et une nouvelle salve de leasing social plus tard dans l’année (mais qui pourrait être plus restreint).
Fini le bonus majoré jusqu’à 7 000 € pour les ménages les plus modestes, il baisserait à seulement 4 000 €. Celui de 4 000 € serait remplacé par un bonus de 3 000 €, sauf pour les ménages les plus aisés qui ne bénéficieraient plus que de 2 000 € d’aides pour les modèles éligibles. Il n’y aurait plus de complément avec la prime à la conversion de 1 500 € (pouvant atteindre jusqu’à 5 000 € dans certains cas), les aides régionales sont également en voie de disparition.
Les véhicules utilitaires légers électriques seraient les nouvelles victimes des économies du gouvernement, avec une suppression de leur bonus. Les deux roues électriques et les quadricycles lourds (L7e avec permis) pourraient subir le même sort. Un choix discutable qui mène à des économies de bout de chandelle, malgré tout nécessaires selon le gouvernement.
[Mise à jour par rapport à l’édito rédigé le 27/11 : après une conférence avec Bercy le 28 novembre après midi, le bonus est confirmé comme indiqué. En revanche, les véhicules utilitaires électriques auront toujours accès à une forme de bonus, financé par une autre source que l’enveloppe de 700 millions du bonus.]
Au pied du mur
Aucune consultation avec la filière automobile a précédé ces décisions. Les constructeurs vont devoir s’adapter, mis devant le fait accompli, comme trop souvent. Nul doute que tout ceci ne va pas faire retomber la colère qui bouillonne derrière le calme et la diplomatie de façade.
Si certaines personnes sont favorables à un arrêt complet de toute forme de subvention de la voiture électrique (notamment ses opposants), les constructeurs craignent d’observer le même phénomène qu’en Allemagne et en Suède, où cela a déjà eu lieu avec des conséquences dramatiques sur les ventes. Beaucoup imaginent que la fin des subventions va faire baisser les prix des voitures électriques, et redynamiser miraculeusement la demande. J’aimerais y croire, mais je m’attends surtout à des statistiques 2025 en berne, malgré quelques nouveaux modèles prometteurs. Certains diront que je suis bien trop pessimiste, mais comment ne pas l’être ?
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