C’est un véritable coup de tonnerre dans l’industrie automobile, et encore plus pour l’industrie française. Carlos Tavares a présenté sa démission du groupe Stellantis le dimanche 1ᵉʳ décembre, qui a immédiatement été acceptée par son conseil d’administration. Le communiqué de presse de l’entreprise reste évasif sur les raisons de ce départ précipité. Carlos Tavares présidait Stellantis depuis sa création 2021, et le groupe PSA depuis 2014.
Ce n’est pas la voiture électrique qui aura eu raison du chef d’entreprise, connu pour avoir longtemps combattu l’imposition de cette technologie par Bruxelles. Carlos Tavares avait finalement fait un 180° sur le sujet ces deux dernières années. En revanche, son management par une certaine forme de terreur aura certainement fini par causer des dégâts irrémédiables dans la stratégie du groupe.
Pas de successeur dans l’immédiat
Avant cette démission surprise, le conseil d’administration du groupe avait commencé à chercher un remplaçant à Carlos Tavares. C’est d’ailleurs devenu le grand jeu de certains médias spécialisés, qui recherchent activement qui pourraient reprendre le poste. Plusieurs noms de dirigeants internes et externes ont été cités, mais personne ne s’est démarqué jusqu’à maintenant. Le mandat de Carlos Tavares devait se terminer dans un peu plus d’un an avec un départ à la retraite bien mérité, ce qui laissait le temps de trouver qui sera capable de prendre la tête d’un groupe composé de 15 marques (si l’on intègre Leapmotor).
Le turn-over au sein de Stellantis a été si intense ces dernières années que certains candidats potentiels à ce poste ont fini par claquer la porte ou être remerciés. Carlos Tavares n’avait aucun mal à éjecter les directeurs qui n’étaient pas en mesure d’atteindre les objectifs fixés, ce qui a créé un jeu de chaises musicales incessant dans l’entreprise. Ce mode de management a eu un effet pervers : plus personne n’osait remonter les problèmes à Carlos Tavares avant qu’ils ne deviennent irrécupérables.
John Elkann va assurer l’intérim en attendant qu’un nouveau CEO soit nommé d’ici la fin du premier semestre 2025. En attendant, il va falloir continuer à faire tourner le groupe et tenter de réparer ce qui a particulièrement déraillé sur les derniers mois.
Une refonte sur l’électrique avec son successeur ?
Il sera intéressant de voir qui sera choisi pour succéder à Carlos Tavares et la stratégie qui en découlera. Si le patron de Stellantis n’a jamais été un fervent défenseur de la voiture électrique, il s’était finalement réconcilié avec cette motorisation. Cette année, il n’a pas hésité à vanter les mérites de l’électrique, ce qui était inimaginable encore quatre ans en arrière. Le chef d’entreprise avait aussi complètement changé de posture concernant les constructeurs chinois, surprenant tout le monde en s’associant avec Leapmotor.
Carlos Tavares avait quand même choisi une stratégie prudente. Il a préféré privilégier les plateformes multiénergies à des gammes 100 % électriques comme d’autres groupes (Renault ou Volkswagen). Le choix reste controversé, mais l’homme a réussi son pari. Ses modèles électriques se vendent bien, notamment en France, et lorsque la demande ralentie, les autres motorisations prennent le relai.
Les voitures électriques du groupe ne sont pas les meilleures électriques du marché, mais elles sont capables d’afficher des consommations mixtes basses. La stratégie de Carlos Tavares n’est pas dénuée de succès.
Stellantis n’est par contre pas encore au niveau côté logiciel. C’est un des gros chantiers qui attendra le prochain CEO de Stellantis. En fonction de qui sera choisi, il sera intéressant de voir si la stratégie va complètement changer ou demeurer dans le même esprit. Cela promet de pimenter une année 2025 qui s’annonce déjà chaotique pour les constructeurs automobiles.
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