Nul ne doute à l’aube de 2025 de la possibilité de tailler la route en Tesla. La combinaison de l’efficience énergétique, de la rapidité de la charge et d’une batterie suffisamment grande font des Model S, 3, X ou Y des bonnes alliées pour les grands voyages. Qui plus est, l’intégration presque parfaite des Superchargeurs dans le planificateur d’itinéraires rend les trajets aisés pour les débutants : il n’y a quasiment jamais besoin de planifier son trajet à l’avance.
On va pourtant voir que ce n’est aujourd’hui plus la seule marque qui propose des voitures avec lesquelles on peut voyager, et qu’il existe même peut-être de meilleures alternatives pour ceux qui veulent à tout prix arriver à destination le plus rapidement possible. Il reste toutefois pas mal de défis pour détrôner Tesla, en termes d’infrastructure de recharge, d’intégration avec le véhicule, mais aussi de simplicité d’utilisation.
Est-ce que Hyundai, Kia, Mercedes, BMW et consorts s’en sortent aussi bien que la firme américaine ? C’est ce qu’on va voir.
Les critères essentiels pour les longs trajets
On peut résumer le must-have pour voyager en électrique en 3 points : l’autonomie, la charge rapide, le confort. C’est assez simpliste, mais en s’imaginant un diagramme de Venn avec ces trois critères, l’intersection des trois vous donnera des voitures qui sont à considérer. Bien sûr, un critère n’est pas encore évoqué — bien que ce soit probablement celui qui fera le plus pencher la balance : le prix. Il n’est pas spécifique aux grands voyages en voiture électrique, mais on le citera quand même, notamment pour comparer plusieurs véhicules entre eux.
L’autonomie est souvent considérée comme le nerf de la guerre, et à ça je répondrais « oui, mais ». En effet, une voiture qui pourra parcourir 400 kilomètres sur autoroute d’une traite s’en sortira mieux qu’une autre ne pouvant pas en faire plus de 300, mais uniquement sur les trajets qui font moins de 400 kilomètres. Au-delà, c’est un autre critère qui entre en jeux : la capacité à recharger rapidement.
Et au jeu des voitures branchées, celle qui aura une meilleure courbe de recharge, mais une moins bonne autonomie, pourrait arriver à destination plus rapidement. C’est parfois contre-intuitif, mais c’est à bien garder en tête. Schématiquement, si vous avez 800 kilomètres à faire, et qu’une voiture ayant 300 kilomètres d’autonomie peut récupérer de quoi en faire 200 de plus en 20 minutes, vous aurez besoin de charger 50 minutes pour arriver à destination (20 + 20 + 10). Avec une autre voiture qui aurait 400 kilomètres d’autonomie mais qui demanderait 30 minutes pour recharger 200 kilomètres, il faudra au total une heure de recharge (30 + 30).
C’est une notion que l’on peut résumer simplement : dès qu’un trajet dépasse l’autonomie réelle de la voiture, c’est la charge rapide qui importe.
Enfin, le dernier critère englobe tout un tas de fonctionnalités subjectives, comme les assistances à la conduite, l’efficacité de la climatisation, l’espace à bord, ou encore la qualité de l’infodivertissement. On regroupe tout ça sous la notion de confort, mais sachez qu’elle est bien plus subjective que les autres. Certains privilégieront un coffre gigantesque, sans quoi ils ne pourront pas voyager sereinement, quand d’autres ne jureront que par une conduite semi-autonome digne de ce nom.
Une fois que l’on prend ces trois critères en considération, il se dégage quelques modèles, qui permettent de transporter sa famille à l’autre bout du pays sans que ce soit une épreuve en soi. On va donc partir en quête de voitures qui peuvent faire au moins 300 kilomètres d’autoroute d’une traite, avec une capacité de charge rapide digne de ce nom, et des prestations de haute tenue.
Les voitures électriques pour voyager qui ne sont pas des Tesla
L’excellent Bjørn Nyland, que l’on ne présente plus, tient à jour un résumé détaillé de ses fameux « 1 000 km challenge ». Comme son nom l’indique, il s’agit de noter en combien de temps il parcourt réellement 1 000 km à bord d’une voiture, en comptant les arrêts liés à la charge. Chacun de ses challenges est accompagné d’une vidéo, et si vous cliquez sur le lien ci-dessus, vous vous rendrez compte qu’il en a fait pas moins de 190. Autrement dit, on peut considérer que c’est un classement assez significatif lorsque l’on veut savoir comment arriver plus vite à destination.
La voiture électrique la plus rapide a atteint la barre des 1 000 km en 8 heures et 55 minutes, quand la plus lente (une Nissan Leaf 24 kWh de 2013) en a mis plus de 19 heures, pour vous donner une idée de l’amplitude des tests.
Nio et ses swap stations : oui mais pas en France
La première voiture électrique à dépasser toutes les Tesla sur un grand voyage n’est autre que la Nio ET5, mais il y a deux points à noter qui font qu’on ne va pas en parler longtemps. Tout d’abord, elle n’est pas commercialisée en France, et surtout, elle peut voyager très rapidement grâce aux swap stations de Nio, ces stations d’échange de batterie qui permettent d’éviter de se recharger, tout en repartant avec une batterie pleine en moins de 5 minutes.
Sans cet avantage, les Nio restent de bonnes voitures, mais pour faire face aux Tesla sur des grands trajets, mieux vaut se tourner ailleurs. Et comme il n’y en a pas en France, ce n’est pour le moment pas utile de se pencher sur la Nio ET5.
Mercedes EQS et EQE : les plus grandes rivales sur grands trajets
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Mercedes propose deux berlines premium que sont l’EQE et sa grande sœur l’EQS. Elles font parties des meilleures voitures pour les grands voyages, puisqu’elles combinent un confort de haute tenue, une charge très rapide et une autonomie digne de ce nom.
La Mercedes EQE, qui est la moins luxueuse des deux, embarque jusqu’à 96 kWh de batterie et se recharge aussi rapidement qu’une Tesla Model S de 10 à 80 % (30 minutes). L’autonomie WLTP est annoncée à 621 kilomètres, et lors des tests à 120 km/h, elle a montré pouvoir parcourir plus de 400 kilomètres. Si l’on ajoute à ça le système d’infodivertissement et de conduite semi-autonome de Mercedes, ainsi que le confort intérieur, et c’est sans aucun doute l’une des meilleurs voitures pour voyager. Le test sur Frandroid vous permettra d’en apprendre plus, et notamment de voir le petit point négatif : le volume de coffre.
Attention toutefois à prévoir le budget qui va avec, puisque selon les versions, le prix s’échelonne entre 70 000 et 126 000 euros.
La version encore plus haut de gamme est l’EQS, qui est une sorte d’EQE améliorée. Le coffre est plus grand, la batterie est plus grosse, les prestations sont plus luxueuses, et le prix est lui-aussi plus élevé (106 000 à 170 000 euros).
BMW i4 : l’une des meilleures de sa catégorie
La BMW i4 est disponible depuis quelques années, et elle reste encore à l’aube de 2025 l’une des alternatives les plus crédibles à Tesla pour voyager. Elle regroupe tout ce qu’il faut pour de longs trajets, avec un intérieur premium, de l’espace pour deux passagers arrière, et un hayon qui s’ouvre en grand pour mettre des bagages sans souci.
La consommation maitrisée associée à une autonomie WLTP qui va jusqu’à 600 kilomètres permet de rassurer les plus anxieux. D’ailleurs, les tests à 120 km/h de moyenne montrent que l’autonomie atteint plus de 400 kilomètres.
Pour recharger, c’est là encore une bonne élève puisqu’il faut 26 minutes pour ajouter 75 % de batterie, de quoi refaire plus de 250 kilomètres. On peut alors imaginer faire 600 kilomètres d’autoroute avec à peine 30 minutes de recharge, ce qui est une excellente performance.
Côté tarif, BMW réclame entre 58 000 et 79 000 euros selon les versions, ce qui la place au-delà des Tesla Model 3 et Y, mais en-dessous des Model S et X.
Hyundai IONIQ 5 et 6 : le 800 Volts à la rescousse
Hyundai propose deux des voitures les plus adaptées à l’heure actuelle pour tailler la route, pour une bonne raison : ce sont des championnes de la charge rapide. Il s’agit de la Hyundai IONIQ 5 pour les amateurs de SUV, et de la IONIQ 6 pour ceux qui préfèrent les berlines.
Le design sort vraiment de l’ordinaire pour les deux voitures du constructeur coréen, que l’on peut résumer en « on aime ou on déteste ». Pour les deux modèles, le point fort est le même, à savoir une charge de 10 à 80 % en 18 minutes, ce qui les place parmi les meilleures du marché.
La IONIQ 6 a une meilleure autonomie (jusqu’à 614 km WLTP) et une consommation bien plus basse à haute vitesse, donc ira plus vite que la IONIQ 5 sur grands trajets. À 120 km/h, comptez 380 kilomètres d’autonomie avec la IONIQ 6, et vous pourrez repartir pour 250 kilomètres de plus en moins de 20 minutes.
Pour la IONIQ 5, malgré une batterie plus grosse (84 kWh contre 77 kWh) que la version berline, l’autonomie est inférieure d’environ 8 %. Il faudra donc environ 10 minutes de charge en plus tous les 500 kilomètres, ce qui reste négligeable.
En terme de tarifs, la IONIQ 6 est proposée entre 52 000 et 63 000 euros, et la IONIQ 5 entre 45 000 et 59 000 euros.
Kia EV6 : un bon compagnon de road trip
Pour continuer sur les championnes de la charge rapide, comment ne pas citer la Kia EV6, qui est la cousine de la Hyundai IONIQ 5 sur le plan des caractéristiques. Batterie similaire, architecture 800 Volts, et mêmes performances sur les chargeurs rapides, avec 18 minutes pour le 10 % – 80 %.
L’habitabilité est plutôt excellente, comme souligné dans notre test datant de 2021 de l’EV6. C’est globalement une très bonne alternative aux Tesla Model 3 et Model Y, qui ira tout aussi vite à destination.
Reste tout de même le placement tarifaire à justifier, surtout face à la IONIQ 5, puisqu’il faut compter entre 50 000 et 65 000 euros pour l’EV6, soit environ 5 000 de plus que la IONIQ 5.
Volkswagen ID.7 Pro : 400 kilomètres sur autoroute avant de recharger
Volkswagen a mis du temps à proposer une berline concurrente aux Model 3 de Tesla, mais propose tout de même une routière qui parcourt 1 000 kilomètres presqu’aussi rapidement : il s’agit de l’ID.7. La puissance de charge rapide de 200 kW au maximum associée à une bonne courbe de recharge fait qu’en 26 minutes, on passe de 10 à 80 %.
Si on associe à ça une consommation correcte à haute vitesse, ça donne jusqu’à 400 kilomètres à 120 km/h pour la version dotée de 86 kWh de batterie. C’est donc une bonne routière pour les voyages en famille, avec tout de même quelques points négatifs, à commencer par le tarif difficile à justifier : autour de 60 000 euros, quelle que soit la configuration.
Lorsque l’on lit le test de nos confrères de Frandroid, qui soulignent notamment le manque de personnalité de la voiture, et le côté assez lisse de la conduite, il faut globalement avoir l’habitude de Volkswagen pour la préférer aux autres alternatives citées plus haut. Mais pour tailler la route, c’est un excellent choix.
Volkswagen ID.4 : un SUV qui se respecte
Si l’ID.7 fait le poids face à une Model 3, la Volskwagen ID.4 n’a pas à rougir face à une Tesla Model Y. En effet, avec une configuration à 46 000 euros (ID.4 Pro 286 ID.), on retrouve une batterie de 77 kWh qui annonce 572 kilomètres d’autonomie. Sur le papier, c’est moins que la Model Y Grande Autonomie Propulsion et ses 600 kilomètres, mais en pratique, la différence sur autoroute est minime.
Il faudra tout de même privilégier la version 4MOTION pour sa capacité de charge rapide (175 kW en pointe contre 135 kW) pour s’assurer de ne pas mettre plus longtemps à arriver à bon port qu’une Model Y comparable.
Notre test publié en 2021 avait d’ailleurs mis en avant le côté agréable à conduire de l’ID.4, qui a l’avantage de s’être améliorée depuis.
Pas de Tesla, pas de problème ?
Comme vous l’aurez constaté, il existe bien quelques alternatives aux Tesla pour parcourir des centaines de kilomètres sereinement. On pourrait même ajouter beaucoup d’autres voitures si l’on considère que le plus gros challenge des voitures électriques est en train de disparaître, grâce à la densité des bornes de recharge rapide aux abords des grands axes.
Pour autant, Tesla garde tout de même une longueur d’avance pour les familles lorsque l’on prend en compte l’espace de coffre disponible. En effet, trop peu de voitures électriques ont un coffre à l’avant, et un aussi grand coffre que la Model Y est tout simplement introuvable dans la même gamme.
Si l’on ajoute à ça la consommation assez faible des Tesla par rapport à leur concurrentes, elles restent encore à la fin de 2024 l’une des références pour voyager en France et en Europe. Mais ne pas vouloir de Tesla est un choix totalement entendable de nos jours, que ce soit pour ne pas avoir la même voiture électrique que tout le monde — la Model Y étant régulièrement en tête des ventes en Europe —, ou pour éviter de rouler en muskmobile.
Reste toutefois à considérer le prix à payer pour une concurrente à Tesla, avec des Model 3 qui débutent à 40 000 euros, et des Model Y à 44 000 euros en cette fin d’année, la plupart des autres sont bien au-dessus. Qui plus est, en 2025, la Model Y va être rafraichie, en profitant de toutes les nouveautés de la Model 3, rendant la comparaison avec la concurrence sans doute encore plus en faveur du SUV de Tesla.
Quoi qu’il en soit, avec la démocratisation des bornes de recharge rapide et fiables sur les grands axes, la généralisation à venir du plug and charge, et les Superchargeurs ouverts à tous, voyager en voiture électrique non-Tesla n’a jamais été aussi simple. Si l’on ajoute à ça les planificateurs qui permettent maintenant de ne pas se prendre la tête plus que sur une Tesla, on peut ouvrir les choix à autre chose que la marque d’Elon Musk, même pour les grands trajets.
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