La Norvège a quasiment fait disparaître la vente de véhicules thermiques : 9 voitures neuves sur 10 sont électriques. Mais comment ce pays a-t-il réussi cet exploit, alors que ses voisins européens peinent à augmenter la part des voitures électriques neuves en 2024 ?

La Norvège a pour objectif de retirer de la vente les voitures neuves diesel et essence dès 2025. Pour y arriver, le pays a mis en place une politique fiscale qui fait ses preuves, puisque le pays termine l’année 2024 avec 89 % de véhicules sans émissions à l’échappement, d’après les chiffres publiés par la Fédération routière norvégienne (OFV) le 2 janvier.

Alors que de nombreux pays européens n’arrivent pas à se décider s’ils doivent, ou non, subventionner les voitures électriques, la Norvège suit une stratégie sans faille. Néanmoins, ce qui est réalisable sur un marché qui immatricule 128 691 voitures neuves sur l’année n’est pas forcément aussi facile à reproduire ailleurs.

Un bon maniement de la carotte et du bâton fiscal

La Norvège promeut la transition vers les véhicules électriques depuis plusieurs décennies, un paradoxe alors que le pays est producteur de pétrole. Une partie du succès de la Norvège réside dans sa politique fiscale concernant les véhicules neufs. L’importation de véhicules à combustion est lourdement taxée dans le pays, alors que les voitures électriques sont exemptées de ces taxes à l’import. Les voitures électriques ont également bénéficié d’une exonération de la TVA (de 25 % en Norvège) jusqu’en 2022. À partir de 2023, seules les voitures à moins de 42 600 € peuvent encore bénéficier de cette exonération de TVA. D’autres dispositifs existent par ailleurs pour les voitures de sociétés et de leasing, afin d’inciter à passer à l’électrique.

Tesla Model Y // Source : Tesla
Le Tesla Model Y est le plus vendu en Norvège, mais il y baisse aussi // Source : Tesla

Différents allégements fiscaux et avantages ont aussi aidé les conducteurs norvégiens à sauter le pas : les voitures électriques ont bénéficié un temps de péages gratuits, de réductions sur les ferrys et sur les stationnements. Les voitures électriques pouvaient même circuler sur les couloirs de bus, mais ces avantages ont rapidement disparu avec la croissance du nombre de ces véhicules.

Avec 9 voitures sur 10 achetées en électrique, la Norvège ne songe pas à supprimer les incitations fiscales, même si elles se réduisent progressivement. Aucun changement brusque n’est décidé du jour au lendemain. Le gouvernement norvégien et les associations d’automobilistes se permettent d’ailleurs de critiquer les pays qui le font. La vice-ministre des Transports, Cecilie Knibe Kroglund affirme à destination de ses homologues : « C’est la leçon importante : mettez en place un grand ensemble d’incitations et faites en sorte qu’elles soient prévisibles à long terme. » C’est ce que demandent également les constructeurs automobiles depuis plusieurs années.

Un marché automobile de petite taille, ce qui simplifie la transformation

La Norvège a un avantage que des pays comme la France, l’Allemagne, l’Espagne ou l’Italie n’ont pas : elle n’a pas de production automobile locale, ni aucun lobby automobile avec lequel le pays doit négocier. Le gouvernement est donc plus libre pour imposer des taxes élevées ou subventionner certains types de motorisation.

Le marché automobile norvégien est aussi beaucoup plus petit que celui d’autres grands pays européens qui aimeraient inciter ses habitants à passer à l’électrique. La Norvège a ainsi eu 128 691 véhicules neufs en 2024, dont 114 000 voitures électriques, soit 88,9 % de part de marché.

Type de motorisation Immatriculations en 2024
Électrique114 400
Essence hybride6 869
Essence hybride rechargeable (phev)3 472
Diesel2 938
Essence986
Diesel hybride rechargeable (phev)17
Hydrogène9
Total128 691

À titre de comparaison, la France a immatriculé 1 748 716 voitures particulières neuves en 2024, dont 290 517 voitures électriques. L’écart est encore plus important avec l’Allemagne, qui est le plus gros marché automobile en Europe.

Qu’achètent les norvégiens comme voitures électriques ?

La Fédération routière norvégienne (OFV) a constaté que les habitants choisissaient de plus en plus des véhicules électriques plus petits et plus abordables. Cette tendance devrait se poursuivre en 2025.

Test d'autonomie norvégien El Prix (été 2024) // Source : Siv Seglem / naf.no
Test d’autonomie norvégien El Prix (été 2024) // Source : Siv Seglem / naf.no

Les marques chinoises continuent de se développer en Norvège. Néanmoins, elles n’ont accaparé au cumul que 10 % des parts de marché, loin derrière des marques comme Tesla (18,9 %), Volkswagen (10,9 %), Toyota (10,6 %), Volvo (8,6 %) et BMW (5,4 %). MG arrive en 10ᵉ place du classement, BYD en 13ᵉ place, Polestar en 14ᵉ et Xpeng en 15ᵉ.

Classement des 10 voitures les plus vendues en Norvège en 2024 :

ModèleNombre d’immatriculations
1Tesla Model Y16 858
2Tesla Model 37 264
3Volvo EX307 229
4Volkswagen ID.47 222
5Toyota bZ4X6 007
6Skoda Enyaq4 610
7Nissan Ariya3 772
8Volkswagen ID.33 634
9Toyota Yaris (unique modèle non électrique)3 523
10Audi Q4 e-tron3 449

La Norvège prouve qu’une transition vers l’électrique est possible, non sans avoir une politique incitative pour accompagner au changement. Est-ce que l’Europe va pouvoir suivre alors que de nombreux marchés ont déjà abandonné les aides à l’achat ? Cela semble bien mal engagé.   

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