Certains connaissent l’anxiété du premier grand trajet en voiture électrique le jour même de la réception du véhicule, d’autres attendent des mois ou des années avant de tenter de s’éloigner radicalement de leur domicile avec. Quel que soit votre cas, rassurez-vous, il n’y a pas vraiment à avoir peur. À part dans quelques reportages volontairement à charge, tout se passe bien en voiture électrique.
Avec la densification de l’infrastructure de recharge en France ces dernières années, et quitte à rester sur de grands axes, traverser le pays n’est plus un problème dès que l’on possède une voiture capable de parcourir plus de 100 km sur autoroute, en toutes circonstances.
Pour autant, entre celui ou celle qui souhaite simplement arriver à destination, sans plus de réflexion, et celui ou celle qui chasse la moindre minute à optimiser pour arriver à bon port le plus rapidement possible, la planification est différente. Voici 3 méthodes de planification d’itinéraires, qui vous permettront dans tous les cas de faire la route sereinement. Mais, si vous voulez gamifier vos voyages, vous verrez qu’il est possible d’optimiser les trajets et la recharge pour tirer parti de toutes les capacités de votre voiture.
1. Débuter avec le planificateur intégré dans la voiture électrique (niveau débutant)
En 2025, une voiture électrique digne de ce nom se doit d’avoir un planificateur d’itinéraires intégré. Certes, ce n’est pas indispensable pour un véhicule qui évolue dans un rayon de 100 km autour du domicile. Toutefois, ce doit être une condition sine qua non à l’achat de n’importe quelle voiture électrique faite pour voyager.
Prenons l’exemple de la voiture la plus populaire de ces dernières années, à savoir la Tesla Model Y — mais tout ce qui va suivre s’applique à toutes les Tesla —, pour voir comment planifier un trajet sans aucune préparation ni réflexion sur le sujet. Pour faire simple, vous entrez votre destination, peu importe où sur la planète, et le système de navigation va instantanément vous permettre de visualiser plusieurs informations pertinentes :
- L’heure d’arrivée à destination,
- le pourcentage de batterie à destination,
- le trajet complet sur l’écran central,
- les distances et durées intermédiaires entre chaque arrêt pour recharger (à un Superchargeur Tesla),
- pour chaque arrêt de recharge à un Superchargeur, la durée de la charge et le niveau de batterie au moment de se brancher,
- le nombre de bornes disponibles à votre arrivée à une station de charge.
Vous pouvez en outre définir un niveau de batterie souhaité à l’arrivée. Ce choix modifiera potentiellement l’intégralité du trajet, avec un ajustement des temps de charge à chaque arrêt, et parfois même en ajoutant un arrêt juste avant la destination finale.
Il est encore trop rare, en 2025, d’avoir autant d’informations sur l’ensemble des véhicules électriques nativement. Néanmoins, ce devrait être le mètre étalon pour les autres marques.
Évidemment, chaque information n’est pas toujours exacte, mais l’outil tente tout de même de prendre en compte tous les aléas de la route : limites de vitesse, dénivelé, vent, précipitations ou encore température sont autant de données intégrées dans le calcul du planificateur de Tesla. Tout ceci dans le but de rassurer les conducteurs néophytes, pour prendre confiance dans leur voiture.
Si toutefois, en cours de route, vous vous mettiez à consommer plus que prévu, ou bien que le Superchargeur prévu devienne indisponible ou trop occupé, le planificateur s’occupera de recalculer le trajet. Il vous redirigera vers une autre station de charge plus optimale, ou vous demandera de ralentir pour atteindre votre destination.
En d’autres termes, avec Tesla, il suffit de donner sa destination et de se laisser guider par les indications de l’ordinateur de bord pour arriver à bon port, à coup sûr. Par contre, dès que l’on veut utiliser d’autres bornes que celles de Tesla, il faut se résoudre à utiliser des planificateurs en ligne ou une application dédiée. On entre ainsi dans une seconde catégorie de rouleurs : celles et ceux qui cherchent à optimiser leur trajet.
2. Optimiser son voyage avec les planificateurs en ligne (niveau intermédiaire)
Le monde de l’électrique est aujourd’hui bien différent de celui des thermiques, car la plupart des voyages doivent être planifiés pour intégrer des arrêts de recharge. En véhicule thermique, certains ont roulé des décennies sans jamais se soucier de l’endroit où ils allaient faire le plein. En électrique, pour le moment, c’est impossible.
Par conséquent, si le planificateur d’itinéraires intégré au véhicule électrique n’est pas satisfaisant (ou s’il n’existe pas), il faut utiliser des outils comme Chargemap ou A Better Route Planner, pour citer les plus populaires. Ce sont eux qui vont se charger de vous proposer un itinéraire théoriquement réalisable, et qui vous mènera à bon port.
Pourquoi « théoriquement » ? Car, sans aucun filtre personnalisé, des stations de recharge plus exotiques les unes que les autres peuvent vous être proposées. C’est tout le problème lorsqu’on met un pied dans la mobilité électrique, on s’aperçoit que la charge en itinérance a encore des progrès à faire pour être accessible au plus grand nombre.
Pour commencer, il faudra sélectionner un ou des réseaux de recharge pour parcourir votre trajet. Il vaut mieux vous concentrer sur les plus fiables et les plus répandus, à savoir Tesla (chez qui toutes les voitures peuvent désormais se recharger), Fastned, Ionity et Totalenergies. Si vous voyagez sur l’autoroute, vous rencontrerez probablement moins de Superchargeurs Tesla que d’autres bornes, et si vous êtes sur le réseau secondaire, ce sera plutôt l’inverse.
Notez que le paiement par carte bancaire doit théoriquement être possible à la plupart des stations de recharge. Nous vous conseillons tout de même d’avoir une carte multi-opérateurs comme le Chargemap Pass ou le pass Shell Recharge. Autre option : prévoir l’application mobile avec un compte déjà créé et des informations de paiement enregistrées pour les réseaux que vous comptez utiliser.
Une fois que vous avez choisi les réseaux que vous souhaitez utiliser, vous pouvez spécifier le niveau de batterie au départ, et celui souhaité à l’arrivée, pour que l’itinéraire proposé respecte votre volonté. Ci-dessous, on retrouve par exemple à gauche un trajet proposé par Chargemap, sans filtre, et à droite un trajet suggéré par A Better Route Planner — en ayant spécifié qu’on souhaite uniquement des Superchargeurs Tesla.
On peut déjà remarquer qu’en exigeant uniquement des Superchargeurs Tesla, le gain de temps est de l’ordre de 20 minutes, en faveur du trajet de droite. Et encore, il y aurait davantage d’optimisation possible : chaque arrêt se fait avec 10 % de batterie restante, ce qui veut dire que l’on aurait pu charger moins à l’arrêt précédent, pour se rapprocher encore plus du minimum de la batterie.
3. Flirter avec les limites de la batterie (niveau expert)
Une fois que l’on connait bien sa voiture et que l’on est en confiance, on peut être tenté de repousser les limites des voyages. L’astuce est de grappiller les quelques minutes gâchées à chaque arrêt proposé par les planificateurs de recharge. S’arrêter à 20 % de batterie, charger jusqu’à 90 %, et repartir pour 150 km avant de s’arrêter à 20 % à la prochaine station de charge est possible — mais les plus aguerris seront vite tentés de flirter davantage avec les limites de la batterie.
Vous n’avez pas peur de voir le niveau du pourcentage de la batterie restante descendre très bas avant de charger ? Tant mieux, car cela peut avoir des effets très positifs sur les temps de charge. Dans notre exemple d’une Tesla Model Y, charger de 5 % à 65 % est bien plus rapide que de charger de 20 % à 80 %, alors que l’on ajoute la même quantité d’énergie. Ainsi, tenter de descendre relativement bas en batterie juste avant de s’arrêter (ou bien partir plus tôt d’une charge en cours pour arriver à la prochaine à 5 % ou moins) est une stratégie payante.
Pour ce genre de voyage, mieux vaut avoir plusieurs plans. En effet, nul n’est à l’abri d’un petit changement de consommation qui affecterait la capacité à rejoindre la borne de recharge prévue avec de la batterie restante. Il faut bien avouer que se tromper d’environ 5 % de batterie quand il en reste 20 % n’a aucune conséquence, alors que s’il n’en reste que 3 ou 4 %, c’est plus problématique.
L’idéal est donc de vérifier les bornes disponibles le long du trajet que vous faites, et d’accepter de vous arrêter quelques dizaines de kilomètres avant l’arrêt idéal théorique si tout ne se passe pas comme prévu. Lorsqu’on joue à ce jeu de l’optimisation, il faut accepter de tantôt gagner, tantôt perdre, ce qui signifie généralement adapter sa vitesse de croisière pour réussir à rejoindre tant bien que mal la borne de recharge visée.
J’ai à mon actif plus d’une trentaine de charges avec ma voiture actuelle qui ont débuté sous la barre des 5 % de batterie. Dans la moitié d’entre elles, je suis même arrivé à la borne avec 0 % ou 1 % de batterie restante. Pour autant, je reste serein lors des grands voyages, en cherchant à jouer avec les limites de l’acceptable. Non seulement je suis conscient des risques, mais je sais aussi ce qu’il y a à faire pour pouvoir économiser de l’énergie (ralentir !).
La meilleure chose à faire pour battre les estimations du planificateur intégré est donc : repérer où se trouve la prochaine station de charge, et estimer le niveau de batterie nécessaire pour l’atteindre. Une fois que c’est fait, il ne vous reste qu’à déterminer le matelas de réserve que vous voulez. S’il vous faut 50 % de batterie et que vous voulez 10 % de marge, débranchez-vous à 60 %, et partez. Si vous partez à 50 %, en théorie, vous pourrez arriver avec une batterie vide.
Attention, certaines voitures supportent mal les batteries presque vides, alors prenez garde à ne pas trop jouer avec le feu. Chez Tesla, ce n’est pas un souci, car 4,5 % du pack de batterie se trouve sous 0 %.
Conclusion : voyager sans prise de tête reste généralement le mieux
Maintenant que vous connaissez les différentes manières de planifier son voyage, vous pourrez utiliser celle qui vous convient le mieux. Qu’on se le dise, pour la plupart des personnes, la méthode du débutant reste sans aucun doute la meilleure. Quoi de plus simple que de s’asseoir au volant et de se laisser guider ?
Pour les plus férus d’optimisation, n’hésitez pas à maximiser les bonnes plages de recharge, et à gagner quelques minutes à chaque arrêt. Certes, vous arriverez seulement 15 minutes avant votre collègue qui n’a rien planifié au bout des 600 km, mais vous aurez la satisfaction d’avoir fait tout votre possible pour exploiter les capacités de votre voiture électrique. Et ça, ça n’a pas de prix.
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