Les constructeurs n’ont pas le choix que d’augmenter la part des véhicules électriques dans leurs ventes. Quelle que soit la stratégie, près d’une voiture sur quatre devra être électrique dès 2025 pour respecter les objectifs de la norme CAFE.
Certains constructeurs misent sur des gammes 100 % électriques pour séduire une nouvelle clientèle. D’autres préfèrent proposer des modèles reposant sur une même plateforme, qu’ils soient électriques, thermiques ou hybrides. Néanmoins, est-ce que les clients s’orientent dans ces cas-là vers les modèles électriques ou choisissent-ils encore les motorisations thermiques ?
Après avoir passé à la moulinette les statistiques des modèles multi-énergies au premier semestre 2024, Numerama revient avec le bilan de l’année 2024 à partir des données AAA Data. Le principal constat est que les tendances ont évolué, mais pas forcément en faveur de l’électrique.
Stellantis : le soufflet retombe pour l’électrique
Le groupe Stellantis a tout misé sur la stratégie multi-énergie pour développer ses modèles électriques. À l’exception de la Fiat 500e développée avant la création de ce géant de l’automobile, tous les modèles électriques existent aussi avec des moteurs thermiques ou hybrides. Son ancien patron, Carlos Tavares, était très fier d’avoir pris cette décision pour le groupe, assurant que c’était le meilleur moyen de convaincre les clients de passer à l’électrique.
Nous avons analysé les statistiques d’immatriculations de 16 modèles répartis sur 8 marques du groupe pour déterminer les motorisations privilégiées par les clients. Le moins que l’on puisse dire, c’est que les résultats sont vraiment très variés selon les modèles.
Si certains modèles ont bénéficié d’un coup de boost grâce au leasing social en début d’année 2024, assurant ainsi au groupe quelques résultats valorisants. D’autres modèles, comme la Peugeot e-308 et l’Opel Astra, affichent des ventes électriques très marginales en France.
Les Peugeot e-3008 et e-5008, qui devaient marquer un tournant pour le groupe, ne sont pas encore au rendez-vous pour la marque, en tout cas pas en cette année de lancement.
À l’inverse, des modèles comme Jeep Avenger et Fiat 600e qui ont été lancés en priorité en 100 % électrique, relèvent un peu les résultats du groupe en matière d’électrique. Cependant, l’arrivée des autres motorisations a contribué à une baisse de la part des électriques dans le mix des ventes.
| Modèle | 2024 | de janvier à juin 2024 | 2023 |
|---|---|---|---|
| Peugeot 208 / e-208 | 27 % | 34 % | 26 % |
| Peugeot 2008 / e-2008 | 18 % | 23 % | 9 % |
| Peugeot 308 / e-308 | 6 % | 6 % | 1 % |
| Peugeot 3008 / e-3008 | 16 % | – | – |
| Peugeot 5008 / e-5008 | 18 % | – | – |
| Citroën C4 / e-C4 | 31 % | 39 % | 22 % |
| Citroën C4 X / e-C4X | 21 % | 18 % | 17 % |
| DS3 / DS3 E-tense | 24 % | 30 % | 38 % |
| Fiat 600 / 600e | 51 % | 80 % | 100 % |
| Jeep Avenger | 58 % | 68 % | 70 % |
| Opel Corsa / Corsa-e | 27 % | 32 % | 20 % |
| Opel Mokka / Mokka-e | 38 % | 45 % | 22 % |
| Opel Astra / Astra electric | 8 % | 7 % | 7 % |
| Alfa Romeo Junior | 42 % | – | – |
| Lancia Ypsilon | 70 % | – | – |
En moyenne, les ventes électriques des modèles multi-énergies de Stellantis représentent 25 % des immatriculations, avec de fortes disparités selon les modèles (de 6 % pour l’e-308 à 58 % pour la Jeep Avenger).
Dans l’ensemble, si le démarrage de 2024 était plutôt encourageant avec une part des motorisations électriques en hausse par rapport à 2023, la fin d’année est beaucoup moins enthousiasmante, avec une chute flagrante des immatriculations de voitures électriques au second semestre 2024. Alors que tous les modèles du groupe (ou presque) peuvent bénéficier des aides gouvernementales, la baisse des immatriculations des électriques est difficile à expliquer.
Premiums allemands : une transition électrique plus maîtrisée ?
Bien que Stellantis soit souvent présenté comme un modèle de stratégie multi-énergie, BMW et Mercedes semblent avancer plus efficacement sur ce terrain. Les résultats de 2024 restent globalement stables par rapport à notre point d’étape du premier semestre.
Trois modèles se distinguent particulièrement parmi les premiums allemands :
- La berline BMW i4 avec 68 % d’immatriculation en électrique,
- Le SUV coupé BMW iX2 avec 43 % de clients qui ont choisi l’électrique,
- Le Mercedes EQB avec 48 % d’immatriculation par rapport à l’équivalent thermique GLB.
Ces parts importantes de voitures électriques dans les ventes de ces modèles ne doivent pas masquer une réalité : les volumes de ces marques restent faibles en France. Ils sont en tout cas bien inférieurs à ceux d’un groupe généraliste, comme Stellantis, en France.
Et dans les marques asiatiques ?
En 2023, les constructeurs coréens vendaient presque une voiture sur deux en électrique pour leurs modèles multi-énergies. En 2024, leurs performances ont chuté : le Hyundai Kona électrique n’a convaincu que 38 % des acheteurs, et pour le cousin Kia Niro, ce n’est plus que 32 %, soit un acheteur sur trois seulement.
La Mazda MX30 voit encore la part de sa version 100 % électrique baisser. Elle n’est plus que de 18 %. La majorité des acheteurs lui préfère la version avec prolongateur d’autonomie (EREV).
BYD a commencé à introduire des modèles hybrides sur le marché européen. Le SEAL U est vendu à la fois en électrique et hybride en France, mais la part des modèles électriques n’est que de 11 % en 2024. Un élément qui pourrait convaincre le constructeur à gonfler son offre à moteur hybride.
Chez MG, le MG ZS, disponible en thermique et en électrique, connaît un net retournement de tendance. Au premier semestre, 98 % des immatriculations étaient électriques, en grande partie pour constituer des stocks en concession. Sur l’année entière, ce n’est finalement plus que 33 %, soit une immatriculation sur trois.
Le constat est assez similaire pour le Volvo XC40/EX40. La part de la version électrique a baissé à 25 %, contre 43 % au premier semestre 2024.
Il sera intéressant de suivre l’évolution des tendances d’achat des acheteurs de ces modèles. La part des électriques va-t-elle continuer à progresser, stagner ou à baisser ? Difficile de donner un quelconque pronostic en ce début 2025.
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