L’idée d’un bonus commun à tous les pays membres de l’Europe fait son chemin, mais le débat s’annonce explosif. C’est le sujet choisi pour l’éditorial de la newsletter Watt Else du 30 janvier 2025.

L’Union européenne s’est enfin décidée à ouvrir le dialogue avec l’industrie automobile. Plusieurs sujets sont sur le tapis : le plus brûlant est certainement celui des pénalités financières de la norme CAFE (abaissement des émissions de CO2). L’Europe doit trouver des solutions pour ne pas menacer la survie des groupes automobiles européens avec des réglementations toujours plus contraignantes.

Une idée venue d’Allemagne commence à trouver un écho au niveau européen pour booster les ventes de voitures électriques. Le chancelier allemand Olaf Scholz propose une aide à l’achat commune à toute l’Europe. Bonne ou mauvaise piste ? 

Le grand écart des dispositifs

Puisque l’UE impose la fin des ventes de véhicules thermiques en 2035, il serait logique qu’elle aide les pays et constructeurs à atteindre cet objectif. L’UE y contribue déjà en subventionnant la transformation de l’industrie automobile et en favorisant le développement du réseau de recharge. Il apparaît cependant légitime qu’elle mette aussi la main à la poche pour donner un petit coup de pouce financier afin d’inciter à l’achat de voitures électriques. Cela permettrait d’assurer une aide équitablement répartie dans tous les pays.

Rencontre de l'industrie automobile avec la Commission européenne // Source : ACEA
Rencontre de l’industrie automobile avec la Commission européenne // Source : ACEA

Pour le moment, chaque pays de l’Union gère cette question selon ses propres moyens et les objectifs qu’il s’est fixé en matière de transition écologique. On peut donc observer un grand écart entre des pays qui ne proposent aucune aide à l’achat (ou autre forme d’avantages), et ceux qui ont une politique de subventions bien rodée. Entre les deux, plusieurs pays, dont l’Allemagne ou l’Italie, jouent les girouettes selon les finances de l’État. La France ne fait pas beaucoup mieux en réévaluant bien trop régulièrement les conditions d’attribution des aides pour réduire l’enveloppe dédiée à la voiture électrique.

Mettre tout le monde d’accord  

La proposition du chancelier allemand peut apparaître comme une solution évidente de consensus entre les pays membres. Mais l’expérience nous a appris que rien n’est aussi simple quand il s’agit d’obtenir l’agrément de tous les pays de l’Union. 

Ce débat va forcément tourner à la joute politique. Les pays opposés à l’interdiction des voitures thermiques profiteront de l’occasion pour freiner la mesure.

Usine de production Volkswagen ID // Source : Volkswagen
La production européenne de Volkswagen aurait bien besoin d’un coup de pouce de l’Europe // Source : Volkswagen

Qui ? Combien ? Comment ? 

Même en dépassant les objections de certains pays, le projet est loin d’être évident à concrétiser. Déjà parce que l’Union européenne n’a pas pour habitude de verser directement des fonds à des particuliers. Il faudra forcément passer par les États membres qui ne seront pas forcément ravis de se voir imposer cette tâche. Il faudra aussi définir comment cette mesure sera financée, car l’argent – même européen – ne pousse pas sur les arbres.

Enfin, de nombreuses questions vont vite surgir : qui aura le droit à cette aide ? Doit-elle s’adresser uniquement à des clients modestes ou plus largement à l’ensemble des acheteurs ? Quel serait le montant des aides et sous quelle forme ? 

La question des modèles éligibles va aussi rapidement venir sur le tapis. Nul doute que l’Europe se refuse à financer l’achat de voitures électriques chinoises, un point qui lui a déjà été vivement reproché. Comment définir quels modèles seront éligibles aux aides ? Est-ce que le score environnemental français pourrait s’étendre à l’échelle européenne ?

Au coeur de la production de la Renault 5  // Source : DR
Un bonus pour les voitures fabriquées en Europe uniquement ? // Source : DR

Même si beaucoup considèrent qu’il faut cesser de subventionner les voitures électriques, la proposition est intéressante à discuter. Néanmoins, entre la théorie et la pratique, il y a un gouffre. Ce projet pourrait vite devenir une belle usine à gaz.

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