Les immatriculations de Tesla en Europe ont plongé en janvier 2025. Est-ce suffisant pour imaginer que les acheteurs se détournent de la marque à cause des positions politiques d’Elon Musk ? Il faut rester prudent.

Il est assez facile de faire dire ce que l’on veut aux statistiques d’immatriculations. Il y a cependant une affirmation qui est vraie : les chiffres Tesla au mois de janvier 2025 en Europe sont particulièrement mauvais par rapport à ce à quoi la marque nous a habitués. Certains médias, comme Reuters, mettent ainsi face à face les mauvais résultats de Tesla et l’implication politique polarisante d’Elon Musk. Un boycott de Tesla est-il déjà en place ? Il est probablement trop tôt pour en juger.

Une baisse importante d’une année sur l’autre, sans remettre les chiffres dans leur contexte, peut mener à des conclusions hâtives, surtout avec un marché de la voiture électrique en berne.

Tesla démarre 2025 sur une pente glissante

Numerama a traité dès le 1ᵉʳ février la baisse observée des immatriculations de Tesla pour la France. Depuis, les autres pays ont aussi publié leurs données et Tesla y enregistre aussi des baisses plus ou moins spectaculaires :

janvier 2025janvier 2024Variation
Allemagne12773150– 59,5 %
Belgique10081826– 44,8 %
Danemark451763– 40,9 %
Espagne2691094– 75,4 %
France11413118– 63,4 %
Italie265306– 13,4 %
Norvège6631109– 40,2 %
Pays-Bas9261610– 42,5 %
Portugal380551– 31,0 %
Royaume-Uni12931581– 18,2 %

Même si Tesla a fait de nombreux efforts sur tous les marchés pour attirer les clients, tout ne s’est pas passé comme espéré. Ces mauvais résultats peuvent néanmoins s’expliquer par la combinaison de différents facteurs : creux de la vague habituelle en janvier pour Tesla, attente du Model Y restylé (Juniper), marché de l’électrique en berne, aides à l’achat réduites dans certains pays. Il est un peu prématuré de considérer que la marque est boycottée par les acheteurs européens.

Le nouveau Tesla Model Y (2025) // Source : Tesla
Le nouveau Tesla Model Y (2025) // Source : Tesla

Il ne faut pas rejeter cette idée pour autant, notamment en Allemagne et en France, mais il faudra observer la tendance sur plusieurs mois pour pouvoir confirmer la tendance. Néanmoins, le lancement du Model Y restylé avec une seule version haut de gamme risque de figer le marché jusqu’à l’arrivée des variantes plus abordables. De quoi fausser les observations sur les statistiques d’immatriculations.

Tesla a probablement fait l’une de ses plus grosses erreurs stratégiques pour ce lancement du Model Y 2025. La marque espérait sûrement continuer à écouler son stock d’anciens Model Y, tout en faisant de la marge sur les plus accros à la marque. Il est peu probable que cela fonctionne aussi bien qu’espéré.

Janvier 2024 avait été particulièrement bon pour Tesla

Il convient de rappeler que les mois de janvier ne sont pas vraiment les meilleurs indicateurs pour juger de la santé d’un constructeur. Surtout que Tesla fonctionne par vague : le premier mois du trimestre marque généralement un creux dans l’activité, puis le constructeur finit le dernier mois du trimestre (ou de l’année) en concentrant un maximum de livraisons. Ce qui entraîne toujours une baisse des volumes le mois suivant.

Si les chiffres de janvier sont assez faibles pour le constructeur américain, ceux de janvier 2024 étaient plus hauts que d’accoutumée. Cela explique aussi en partie les baisses impressionnantes dans certains pays.

Tesla Model 3 (2023) // Source : Raphaelle Baut pour Numerama
Tesla Model 3 (2023) // Source : Raphaelle Baut pour Numerama

En reprenant les chiffres publiés par Jato pour les 27 pays européens, on peut observer que :

  • La berline Model 3 réalisait une hausse de 346 % de ses immatriculations par rapport à janvier 2023.
  • Le SUV Model Y s’affichait avec +60 % par rapport à l’année passée.
  • Les Model S et X étaient par contre en baisse respectivement de 78 et 46 %, mais les volumes ne représentaient qu’une centaine d’unités.

La Tesla Model 3 restylée était au début de ses livraisons, ce qui explique les bons résultats de ce modèle en janvier 2024.

Un autre élément de contexte à retenir : le Tesla Model Y était vendu à partir de 45 990 € à cette période. Enfin jusqu’au 17 janvier 2024 où la marque s’était décidée à baisser de 3 000 € le tarif du modèle pour relancer la demande, mais ceci a surtout eu un effet sur les mois suivants.

« Aucun Polonais ne devrait acheter une Tesla »  

S’il est difficile de juger les données statistiques pour leur faire dire que les européens boycottent Tesla, il y a bien des appels concrets à ne pas rejeter les modèles de la marque. Le gouvernement polonais a notamment lancé un appel officiel à ses habitants. Dans une interview dans une radio polonaise, le ministre polonais du sport et du tourisme, Slawomir Nitras, n’a pas hésité à dire que les polonais ne devraient pas acheter de Tesla suite aux déclarations d’Elon Musk lors d’un meeting du parti d’extrême droite (AFD) en Allemagne. « Il ne faut pas fermer les yeux. Une réponse sérieuse et forte est nécessaire, y compris un boycott des consommateurs » a-t-il ajouté.

Si les autres gouvernements hésitent à provoquer la colère de l’un des hommes les plus influents du moment en prenant position, les consommateurs européens se posent d’eux-mêmes cette question. Il devient de plus en plus difficile pour les propriétaires comme pour les potentiels acheteurs de faire complètement abstraction du comportement du patron de Tesla.

Même les plus fervents admirateurs de la marque deviennent plus discrets sur le sujet, tant il devient difficile de justifier les dérives politiques d’Elon Musk. Et dire qu’ils ont été nombreux à le défendre alors que certains investisseurs espéraient déjà le voir quitter la tête de l’entreprise en 2024.

Reste à voir si cet éventuel boycott pèsera durablement sur les ventes de Tesla ou si les acheteurs se tourneront vers d’autres marques européennes (ou chinoises)… ou abandonneront le passage à l’électrique.

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