Elon Musk a toujours été un personnage controversé, mais depuis quelques mois, cela dépasse les limites de l’acceptable sur bien des aspects. Les dérives politiques de l’homme d’affaires mettent le feu aux poudres. Problème : cette colère n’est plus uniquement dirigée contre l’homme, mais aussi contre Tesla et ses clients, victimes collatérales de ce rejet.
À la publication des résultats de Tesla en janvier, une question s’est imposée dans les médias : un boycott de Tesla est-il en train de se mettre en place ? C’est une question à laquelle j’ai tenté de répondre avec un maximum de neutralité. Il est de toute façon bien trop tôt pour juger un tel phénomène. Surtout, il est complexe de faire la part des choses, tant Tesla subit un effet loupe sur les réseaux sociaux et dans les médias.
Défendre l’indéfendable
L’engagement sans limite d’Elon Musk dans la campagne de Donald Trump et dans le « Project 2025 » n’a pas eu l’effet escompté sur Tesla. Alors que l’on pensait que cela agirait comme un répulsif aux États-Unis, il ne s’est globalement pas passé grand-chose. À vrai dire, le patron se sent même pousser des ailes en voyant le cours de l’action Tesla grimper, alors que l’entreprise n’est pas réellement au meilleur de sa forme. Il y a beaucoup de spéculations sur ce qu’Elon Musk pourrait obtenir comme avantages en étant au pouvoir.

Le salut nazi effectué lors de l’investiture de Trump a quand même été un électrochoc. Depuis, deux camps s’opposent : les soutiens indéfectibles d’Elon Musk et ses nouveaux opposants. Mais, c’est surtout en Europe que ce geste, jugé impardonnable, ternit l’image de Tesla et de X (ex-Twitter). D’ailleurs, depuis, la publication d’articles ou de vidéos relatives à Tesla s’accompagne presque systématiquement de commentaires utilisant des termes déterrés des années 40, que l’on aurait bien aimé ne plus jamais entendre.
Impossible de séparer Tesla d’Elon Musk
La solution pour que Tesla ne subisse pas les conséquences des prises de position d’Elon Musk serait qu’il n’en soit plus à la tête. Hélas, toutes les tentatives passées pour y parvenir ont échoué : les investisseurs ont plus peur du changement que des délires extrémistes du patron. C’est d’ailleurs probablement ce qui est le plus terrifiant.
Les sites de Tesla (siège, usines, superchargeurs) vont certainement continuer à servir de support à l’expression de la colère d’une frange de la population. Le siège de Tesla à Saint-Ouen a notamment été vandalisé le 11 février par des militants écologistes. Ce ne sera assurément pas le dernier incident du genre. Espérons cependant que cette colère n’engendre pas un vandalisme systématique des voitures siglées Tesla. À force de cristalliser la haine, cela pourrait malheureusement survenir bien plus rapidement que prévu.
Boycotter Tesla, pour quoi faire ?
Pour qu’un boycott puisse changer les choses, il doit être massif. Or, il faut être conscient que l’Europe n’a pas une si grande influence sur le constructeur. En 2024, les 325 449 immatriculations européennes de Tesla n’ont représenté que 18 % des véhicules livrés dans le monde. Le marché chinois, le plus gros pour la marque, n’a que faire faire des divagations politiques d’Elon Musk. C’est un sujet globalement absent des débats en Chine, la préoccupation principale étant uniquement : Tesla fait-elle mieux que les constructeurs locaux ?
Sur un groupe Facebook privé consacré à Tesla en France, je suis tombée sur un sondage qui témoigne d’une autre réalité. Sur 2 838 votes enregistrés, 83 % des participants ont répondu : « Je suis propriétaire et je conserve/renouvellerai ma Tesla », 10 % indiquent « je suis propriétaire et je ne renouvellerai pas » et seuls 2 % des répondants envisagent de vendre leur Tesla à cause d’Elon Musk. Pour se dédouaner, certains iront coller un autocollant « j’ai acheté une Tesla avant qu’Elon devienne fou », mais pour beaucoup, cela ne changera rien. Ils possèdent une Tesla qu’ils apprécient pour ses performances, sa facilité d’usage et un rapport qualité/prix inégalé. Changer de voiture, mais pour la remplacer par quoi ? Rien n’est simple dans cette affaire.

Néanmoins, le départ d’Elon Musk de la direction de Tesla (ou du gouvernement de Trump) pourrait certainement apparaître comme un soulagement. En attendant, évitons d’envenimer plus que de raison le discours autour de Tesla. Laissons les propriétaires ou futurs acheteurs faire leur choix, sans les accuser de cautionner une résurgence d’extrémisme politique qu’ils ne maîtrisent pas.
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