Entre ralentissement du marché, manque de logistique et stratégies industrielles, l’Europe fait face à un embouteillage inédit dans ses ports. La conséquence est particulièrement visible dans la zone portuaire d’Anvers-Bruges, où les parkings initialement prévus pour accueillir jusqu’à 390 000 véhicules en transit débordent.
C’est un casse-tête pour les autorités portuaires, comme l’expliquent leurs responsables au média belge La Libre, le 18 février 2025. Dans un premier temps, les voitures chinoises ont été pointées du doigt comme les uniques responsables de l’engorgement des ports. Finalement, il apparaît que le problème est bien plus large, et ne se limite pas aux voitures électriques.
Une accumulation de voitures électriques, mais pas que de marques chinoises
Les ports de Zeebruges et d’Anvers sont devenus les symboles d’un phénomène inattendu : des milliers de voitures électriques, alignées sur des parkings saturés, patientent avant d’être livrées à leurs concessionnaires ou clients.
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Si les importations chinoises sont bien une partie du problème, elles ne sont pas les seules en cause. Le CEO du port fusionné d’Anvers-Bruges, Jacques Vandermeiren, confirme que les modèles chinois « ne représentent qu’une minorité des véhicules importés ». L’inconvénient, c’est qu’ils y restent souvent plus longtemps que les véhicules d’autres marques. Les constructeurs chinois préfèrent payer les frais de stationnement portuaire, plutôt que d’autres frais logistiques supplémentaires, tant que le véhicule n’est pas vendu.
Tesla, Volkswagen, BMW et bien d’autres marques importées des États-Unis, de Corée ou du Japon font également partie des véhicules qui viennent remplir, plus ou moins ponctuellement, les parkings. Cette congestion révèle une réalité plus complexe qu’une simple « invasion » de modèles chinois qui ne trouvent pas preneur.
Un imprévu est venu compliquer encore la situation dans les ports européens. En raison des risques accrus d’attaques en mer Rouge, les armateurs contournent désormais l’Afrique, allongeant le trajet et augmentant les coûts de carburant. Pour compenser ces surcoûts, les cargos rouliers embarquent bien plus de véhicules qu’auparavant. Là où ils transportaient entre 1 000 et 2 000 unités, certains accostent dorénavant avec jusqu’à 10 000 véhicules à bord, qu’il faut stocker sur le port avant leur acheminement final.
Un marché qui patine, une logistique dépassée
La demande pour les voitures électriques n’a pas eu la croissance escomptée en Europe, notamment à cause d’une conjoncture économique incertaine et d’une hésitation des consommateurs face à l’évolution des aides et des infrastructures de recharge. Malgré cela, les constructeurs – qu’ils soient chinois, européens ou américains – continuent de produire à un rythme soutenu.
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À cela s’ajoute une crise logistique propre à l’Europe. Le manque de chauffeurs, de camions et d’espaces de stockage empêche l’acheminement fluide des véhicules vers leur destination finale. Les ports, qui servent habituellement de hubs de redistribution, deviennent donc des zones de stationnement géantes, où les voitures restent immobilisées bien plus longtemps que prévu, y compris pour des marques historiques.
Toute zone asphaltée et sécurisée autour du port d’Anvers-Bruges est vite réquisitionnée pour devenir un espace de stationnement supplémentaire. Un parking à étages de 30 000 places est en projet pour soulager les autorités portuaires, au moins un temps.
Avant de jeter la pierre aux constructeurs chinois, l’industrie automobile européenne ferait probablement bien de balayer aussi un peu devant sa porte. Les marques chinoises ne sont pas les seules à avoir un peu trop de véhicules dormants en Europe. Certains constructeurs européens produisent en espérant se débarrasser de leur stock le plus rapidement possible, ce qui n’est jamais une bonne chose pour le marché automobile.
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