Luca de Meo, fort des bons résultats du groupe Renault, se sent-il pousser des ailes ? Même s’il garde les pieds sur terre, peut-être devrait-il faire plus attention à ne pas tomber dans un péché d’orgueil, avec des promesses trop audacieuses concernant les voitures électriques.
Lors de la conférence de présentation des résultats, ce 20 février 2025, Luca de Meo s’est montré particulièrement confiant dans la capacité du groupe à développer des voitures électriques en 100 semaines (21 mois), un délai particulièrement court en automobile. Un discours optimiste qui pourrait facilement se retourner contre son PDG au moindre accroc.
« Nous passons à la vitesse chinoise »
Au lancement de la filiale Ampère fin 2023, Luca de Meo affichait comme objectifs de réduire les coûts et d’augmenter la vitesse de développement des futurs modèles, pour faire jeu égal avec les constructeurs chinois. La concurrence européenne a certainement pris le patron de Renault pour un doux rêveur, alors qu’il annonçait que les futurs modèles seraient créés en 2 ans au lieu des 4 à 6 ans habituellement nécessaires. Pourtant, le groupe serait en passe de réussir ce défi avec sa méthode « Leap 100 » pour 100 semaines.
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« Nous passons à la vitesse chinoise grâce à Ampere », a confirmé Luca de Meo le 20 février pendant la conférence consacrée aux résultats. Moins de 2 ans pour créer des modèles, voilà un chiffre qui n’est pas donné au hasard. Les constructeurs chinois, qui menacent les marques historiques, développent leurs modèles en 2 à 3 ans.
Le premier véhicule s’inscrivant dans cette nouvelle méthode de création est la Renault Twingo, prévue pour 2026. Elle sera suivie de près par la future citadine électrique de Dacia. La Twingo pourrait donc essuyer les plâtres d’un développement éventuellement trop précipité, ou être le grand succès de Renault en la matière. Le secret de Renault pour aller à la vitesse des Chinois : concevoir le design en France, mais développer le modèle et son logiciel en Chine (avec l’entité ACDC)– ce qui n’est pas sans faire grincer des dents du côté des syndicats français. De son côté, Luca de Meo considère qu’il s’agit simplement de « tirer parti de l’écosystème chinois ».
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La concurrence mise au défi de mieux faire
Selon Luca de Meo, le groupe a « tous les ingrédients pour produire la meilleure recette possible ». L’agilité acquise avec Ampere et les différents partenariats stratégiques (pour la batterie ou le logiciel, par exemple) sont un atout que le groupe compte bien exploiter. La Twingo est déjà considérée comme la meilleure de sa catégorie, avant même d’avoir fait ses premiers tours de roue publics.
Renault a en tout cas atteint plusieurs objectifs fixés, comme :
- Une baisse des coûts de 40 % par rapport à Renault 5 e-tech ;
- Une réduction du nombre de pièces : autour de 750 pièces, contre plus de 2 000 auparavant.
Tout cela va permettre à Renault d’être particulièrement compétitif, même sur une catégorie de véhicules où les marges sont réduites pour tirer les prix vers le bas. La Twingo doit tenir ses promesses d’un prix de départ inférieur à 20 000 €, et une consommation de 10 kWh/100 km.
Avec un développement de 21 mois pour la Twingo et seulement 16 mois pour le modèle Dacia, Luca de Meo n’a pas peur de provoquer la concurrence : « Je défie qui que ce soit de pouvoir en faire autant, y compris les Chinois quand ils viendront en Europe. » Assurément, il prend un risque avec cette déclaration. Le moindre retard ou des défauts de jeunesse trop nombreux pourraient vite se retourner contre lui.
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Enfin, tout ne se résume pas à sortir des voitures électriques rapidement, même avec un prix abordable. Il faut qu’elles plaisent aux clients et, surtout, qu’ils n’en soient pas déçus après l’achat. Là-dessus, tout n’est pas encore rose chez Renault, y compris avec la dernière R5. Si produire des modèles encore plus vite conduit à multiplier les passages à l’atelier, les clients européens ne le pardonneront pas.
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