L’UE lâche du lest sur les émissions de CO₂ : les constructeurs gagnent deux ans pour se mettre en règle. Un sursis qui ressemble à un cadeau pour les retardataires de l’électrification… au risque de freiner la transition.

L’Union européenne vient d’annoncer le 3 mars qu’elle accordait un délai supplémentaire aux constructeurs automobiles pour respecter l’objectif de réduction des émissions de CO2 fixé pour 2025. Initialement, les marques devaient se conformer à cette exigence d’ici fin 2025, un délai que plusieurs constructeurs n’auraient jamais pu tenir sans payer de lourdes amendes, notamment avec le marché européen qui n’a pas la croissance espérée sur la voiture électrique. Les constructeurs auront finalement jusqu’en 2027 pour y arriver en lissant les efforts.

Une décision qui s’apparente à un véritable coup de pouce aux constructeurs les plus en retard sur l’électrification, au risque de prendre encore plus de retard sur la transition vers le zéro émission. Il était pourtant nécessaire d’arriver à cet accord pour ne pas créer une crise insolvable au sein de l’industrie automobile.

Un assouplissement sous la pression des constructeurs

Face aux difficultés économiques du secteur automobile et à la pression de certains industriels, la Commission européenne a choisi de faire preuve de flexibilité. C’est bien l’une des rares fois où Bruxelles semble avoir écouté les acteurs de la filière automobile. Il reste à voir si les discours se transformeront en actions concrètes, car Ursula von der Leyen a promis plusieurs évolutions, y compris sur la conduite autonome.

Ursula von der Leyen - discours 13/08/23 // Source : Extrait vidéo Union européenne
Ursula von der Leyen – discours 13/08/23 // Source : Extrait vidéo Union européenne

Ce report permet aux constructeurs de compenser leurs dépassements d’émissions en 2025 par une hausse des ventes de modèles moins polluants en 2026 et 2027. En traduction : les constructeurs n’auront pas à bloquer la vente de voitures thermiques pour rester dans les clous cette année. L’objectif d’émission à tenir ne change pas, mais au lieu d’être face à une falaise abrupte, L’Europe a adouci la pente.

Toutefois, cette décision ne fait pas l’unanimité. Les propos d’Ursula von der Leyen ont immédiatement suscité la réaction de l’ONG Transport & Environment (T&E), qui dénonce « que l’affaiblissement des règles de l’UE en matière de voitures moins émissives récompense les mauvais élèves ». Son directeur exécutif, William Todts, s’inquiète de voir cette flexibilité ralentir la production de voitures électriques et freiner l’arrivée sur le marché de modèles plus abordables comme ceux qui doivent succéder à la Renault 5 ou la Citroën ë-C3.

Les constructeurs qui ont respecté les engagements de 2025 voient aussi ce sursis d’un mauvais œil, jugeant ce traitement injuste.

Usine de production Volkswagen ID // Source : Volkswagen
Volkswagen faisait partie des groupes mal engagés // Source : Volkswagen

Un compromis pour préserver l’industrie européenne

Si cette mesure peut être perçue comme un cadeau aux constructeurs les moins engagés dans l’électrique, elle pourrait aussi être une bouée de sauvetage pour une industrie en pleine turbulence. Pour le moment, l’offre de voitures électriques développée par les constructeurs ne suscite pas vraiment la demande des clients. Les nombreuses incertitudes économiques et le dénigrement récurrent de cette technologie, y compris par des pays opposés à cette transition, n’aident pas non plus la filière à répondre aux objectifs fixés par la réglementation CAFE.

En accordant ce délai supplémentaire, Bruxelles tente d’éviter un choc brutal et de préserver les capacités industrielles des constructeurs européens face aux constructeurs chinois. Cet assouplissement permettra-t-il aux constructeurs de mieux s’adapter ou retardera-t-il encore davantage la transition énergétique ? Si les objectifs de 2025 sont déjà considérés comme inatteignables par la majorité des acteurs, cette marge de manœuvre risque surtout de freiner les efforts vers le 100 % électrique à l’horizon 2035. Le débat est donc loin d’être clos.

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