Les véhicules électriques à prolongateur d’autonomie (ou EREV) s’offrent une seconde jeunesse. On se souvient de leur démarrage loupé il y a quelques années, sous l’acronyme REX pour « Range Extender ». Qu’est-ce qui a changé ? La technologie a évolué, les autonomies proposées aussi. Mais, si la technologie retrouve un second souffle, c’est surtout parce que le marché chinois commence à en vendre de plus en plus.
Un véhicule qui se comporte comme une électrique, tout en levant l’anxiété liée au manque d’autonomie : voilà qui semble être la recette idéale pour vendre des véhicules à la pelle. Laissez la pelle là où elle est : si la technologie a été un temps abandonnée, ce n’est pas pour rien.
Un nom trompeur
Qu’il porte le nom de EREV pour « extended-range electric vehicles » ou de REEV pour « range-extended electric vehicles », le principe est le même : une base de véhicule électrique équipée d’un petit moteur thermique, qui, une fois la batterie épuisée, va générer du courant pour la recharger et prolonger le trajet. Certains modèles promettent ainsi plus de 1 000 km d’autonomie.

Il n’y a pourtant aucune raison de conserver le titre de « voiture électrique », à partir du moment où le modèle embarque un moteur thermique et un réservoir d’essence. Cette appellation est simplement trompeuse.
Hybride ou électrique ? La question à 1 000 points
Les modèles précurseurs — BMW i3 REX et les Chevrolet Volt — ont longtemps suscité le débat, avant de disparaître du paysage, car les autonomies en tout électrique et les bornes de recharge ont augmenté significativement, rendant inutile le moteur thermique.
La frontière est tellement fine que certaines formes d’hybrides sèment le trouble. C’est le cas de la technologie e-Power chez Nissan dont le fonctionnement se résume à ceci : « le véhicule est entraîné uniquement par le moteur électrique, le moteur thermique alimente la batterie ». Seules la taille de la batterie et l’autonomie 100 % électrique diffèrent des EREV proposés en Chine. Alors, comment considérer les hybrides rechargeables (notamment à grande batterie) dans cette équation ? Rien n’est simple.
La Mazda MX-30 R-EV est actuellement le seul modèle en France pouvant s’apparenter à un EREV. Pourtant, la marque japonaise la considère elle-même comme hybride rechargeable sur son site ! C’est à en perdre son latin.

Des constructeurs qui jouent sur le flou
Si les commerciaux vous vendront le meilleur des deux mondes, ces modèles à prolongateur d’autonomie peuvent aussi être considérés comme le pire. Le client doit recharger et passer à la pompe pour en tirer parti, les vibrations du moteur thermique reviennent, sans oublier qu’il fera l’objet d’un entretien supplémentaire, ce qui ajoutera des coûts à l’usage. Tout ça pour quoi ? Rouler 1 000 km sans pause-café ou arrêt technique ? Quel progrès…
D’ailleurs, ne croyez pas que les EREV chinois échapperont à la surtaxe européenne sur les voitures électriques made in China. La Commission européenne a statué : puisque la technologie s’appuie sur celle de la voiture électrique, la sanction douanière s’applique. En revanche, ces modèles pourraient bien devenir miraculeusement des hybrides rechargeables (exemptés de la surtaxe) pour passer au travers des gouttes. L’industrie automobile sait parfaitement jouer avec les limites de la règlementation.
La technologie EREV ne révolutionne rien, c’est même plutôt un retour en arrière. Je ne leur prédis pas un avenir plus radieux que les hybrides rechargeables en Europe. Ce n’est qu’un substitut avant de passer à l’électrique. Le véhicule sera peut-être moins cher à l’achat, mais potentiellement plus coûteux à l’usage, c’est à prendre en compte.
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