C’est un naufrage à plusieurs milliards d’euros qui risque de laisser des traces indélébiles sur toute la filière. Northvolt était le grand espoir européen pour rivaliser avec les géants asiatiques de la batterie. L’entreprise a été fondée en 2016 en Suède par d’anciens de Tesla. Elle devait fournir l’Europe en cellules lithium-ion et garantir une plus grande indépendance face à la Chine. Après des annonces en grande pompe, des milliards levés et des partenariats avec de grands groupes automobiles, le 12 mars 2025, un simple communiqué de presse vient sceller la fin de Northvolt.
Il n’y aura donc pas de batteries Northvolt dans des milliers de voitures électriques ou de camions circulant en Europe. La faillite intervient alors que l’entreprise touchait enfin du doigt la production de masse.
La chute d’un champion annoncé
Northvolt avait tout pour réussir : le soutien des institutions européennes, des investissements massifs de Volkswagen et Volvo, et un marché prometteur. C’était le modèle à suivre. Mais très vite, les signaux d’alerte se sont multipliés. La production de l’usine pilote en Suède n’a jamais réellement atteint sa pleine capacité, le taux de rejet a été très important et les machines de fabrication des cellules ont été un vrai casse-tête aux équipes locales. Les coûts de fabrication ont explosé, les délais n’ont jamais été respectés et la rentabilité espérée s’est révélée être un mirage. L’avenir moins clément sur le tout électrique a aussi contribué à faire vaciller les investissements à destination de Northvolt.

Au-delà de la fabrication même des cellules, Ce qui a mené Northvolt à sa perte est certainement une stratégie bien trop ambitieuse de ses dirigeants. Avant même d’avoir fiabilisé la production des cellules de batterie pour lesquelles des clients avaient passé commande, l’entreprise s’est diversifiée. Elle voulait maîtriser toute la filière : de la mine d’extraction jusqu’au recyclage. Northvolt voulait courir avant même de savoir marcher : la chute était probablement inévitable.
Plusieurs constructeurs l’ont anticipé, et les investissements ont été revus à la baisse. Volkswagen est un des premiers à réduire la voilure, BMW a ensuite annulé une commande de plus de 2 milliards d’euros. Volvo a également suivi le mouvement en récupérant des parts de sa coentreprise avec le fabricant suédois de batterie. Northvolt a manqué plusieurs levées de fonds. Malgré un gros coup de collier ces derniers mois pour redresser la barre et se recentrer sur l’essentiel. L’équilibre financier de Northvolt, trop fragile, n’a pas résisté, les caisses sont vides. Plus de 5 000 emplois sont mis en péril, leur sort tient désormais à la manière dont l’entreprise va être démantelée ou reprise.
Conséquences d’un naufrage industriel
La faillite de Northvolt n’est pas juste celle d’une startup suédoise : elle illustre les difficultés de l’Europe à s’imposer face aux mastodontes asiatiques de la batterie, ou du moins à rattraper le retard pris sur ces sujets. Pendant que CATL et LG Energy Solution accélèrent leurs implantations en Europe, Northvolt disparaît après avoir englouti des milliards d’euros d’investissements.

Pour les constructeurs européens, il faut trouver un plan B. Certains se rabattent sur des fournisseurs asiatiques pour assurer la demande, d’autres tentent une nouvelle aventure avec des acteurs locaux balbutiants. Les ambitions de souveraineté industrielle sont pour le moment balayées par la réalité économique. Les autres champions en devenir, comme ACC ou PowerCo, subissent une pression supplémentaire. L’héritage de la faillite de Northvolt risque d’être lourd à porter pour ces entreprises, qui peinent aussi à augmenter les cadences industrielles et ont besoin d’investissements massifs.
Northvolt rejoint Fisker dans la catégorie des étoiles montantes qui ont explosé en plein vol avant même d’atteindre le firmament.
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