Trump attise les tensions commerciales internationales avec une avalanche de surtaxes douanières. Tesla, qui exporte dans le monde entier, commence à redouter des représailles ciblées de certains marchés. C’est en tout cas ce que l’entreprise exprime dans une lettre adressée au bureau du représentant américain au commerce (USTR) que Reuters a consulté.
L’Europe cible avec précision certains produits américains. Les motos Harley Davidson sont déjà dans le viseur de l’Union européenne pour une augmentation de leurs droits de douane, mais si l’Europe voulait frapper un grand coup, elle pourrait s’attaquer à l’affront ultime : une surtaxe Tesla.
Des surtaxes à la chaîne
Donald Trump ne cache pas son intention d’utiliser les surtaxes douanières comme une arme politique et économique. La mise en œuvre d’une surtaxe américaine sur l’acier et l’aluminium a fait réagir l’Europe qui a indiqué s’apprêter à taxer des produits américains en retour, dont le bourbon Ce qui a encore plus agacé Donald Trump, qui menace en retour d’imposer des droits de douane à 200 % sur l’alcool européen (champagnes, vins, etc.), ouvrant un nouveau front dans sa guerre commerciale.

Dans ce climat tendu, Tesla commence à sentir le vent tourner. La marque a averti le gouvernement de Trump qu’elle craignait de subir des mesures de représailles « disproportionnées » à l’international. Tesla expérimente déjà les effets de la surtaxe européenne pour la production de sa Model 3 en Chine. Une crainte légitime quand on sait que l’Union européenne pourrait élargir sa liste de sanctions en ciblant d’autres industries américaines. Tesla se permet de rappeler à l’USTR que « ces mesures ne devraient pas entrer en conflit avec les objectifs visant à accroître et à soutenir l’industrie manufacturière nationale. »
Le courrier adressé au gouvernement américain ne semble pas avoir été rédigé à l’initiative d’Elon Musk, il n’est d’ailleurs pas signé du patron de Tesla. Le constructeur prend soin de préciser au représentant américain au commerce que la guerre commerciale va impacter les constructeurs produisant aux États-Unis, y compris Tesla : « même avec une localisation agressive de la chaîne d’approvisionnement, il est difficile, voire impossible, de se procurer certaines pièces aux États-Unis. » Un fait sur lequel Elon Musk ne s’est jamais exprimé sur X (ex-Twitter), probablement pour ne pas contrarier Donald Trump.
L’entreprise termine sa lettre en enjoignant l’USTR à imposer un calendrier de mise en œuvre qui tienne compte des capacités de l’industrie à s’adapter.
Tesla, une cible idéale ou une déclaration de guerre ?
Le contexte politique et économique actuel rend Tesla particulièrement vulnérable. Son image s’est dégradée dans plusieurs pays, notamment en Europe, où Elon Musk est critiqué pour sa gestion de X (ex-Twitter) et ses prises de position politiques. De plus, si Bruxelles cherche à viser un acteur américain emblématique, Tesla apparaît comme une cible de choix, d’autant que l’UE cherche à protéger ses propres champions de l’automobile.

L’impact d’une telle mesure serait toutefois limité, car seules les Tesla Model S et X sont produites aux USA avant d’être exportées vers l’Europe. Leurs ventes ont considérablement baissé (moins de 3 500 véhicules en 2024), autant dire qu’une surtaxe sur ces modèles n’impacterait pas vraiment les finances de Tesla. À moins que Tesla ne souhaite subitement exporter son Cybertruck en Europe, ou ne craigne pour les débouchés de son Cybercab.
S’attaquer à Tesla serait avant tout un affront symbolique au pouvoir de Donald Trump après la mise en scène du 11 mars. Il vaut mieux garder cette idée comme dernière carte à abattre, car les conséquences pourraient être catastrophiques. Personne n’a envie d’en arriver à ce niveau de surenchère, et certainement pas Tesla.
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