Les images ont créé une polémique à grande échelle le 11 mars : Donald Trump est-il allé trop loin en transformant la Maison-Blanche en showroom Tesla ? Pendant que les opposants politiques crient au scandale, les soutiens de Donald Trump et Elon Musk rappellent que le précédent président, Joe Biden, a, lui aussi, organisé un événement comparable en 2021. Il n’y aurait donc rien à reprocher au président Trump, ni à Elon Musk : vrai ou faux ?
Comme pour le « salut » d’Elon Musk lors de l’investiture de Donald Trump, qui a été comparé à d’autres bras levés qui n’avaient pas le même sens, les arrêts sur image utilisés comme justificatif sur les réseaux sociaux posent un problème. Comparer les deux événements pour les considérer comme similaires, c’est oublier un détail essentiel : le contexte. Il est justement très intéressant de comprendre en quoi ces deux événements sont intimement liés pour analyser la situation actuelle.
Quand Biden a snobé Tesla pour mettre en avant les autres marques
En août 2021, le président Biden a organisé un grand événement à la Maison-Blanche pour soutenir la transition vers les véhicules électriques et promouvoir l’industrie automobile américaine. Ford, General Motors et Stellantis sont invités… mais pas Tesla. La raison ? Officiellement, l’administration met en avant les constructeurs soutenant les syndicats, ce qui n’est pas le cas de Tesla, qui a toujours bloqué les projets du syndicat United Auto Workers (UAW) visant à s’implanter dans ses usines. Rappelons que le syndicat UAW est un soutien de taille pour les démocrates, qui sont donc brossés dans le sens du poil.

Elon Musk voit cela comme un affront. L’absence du meilleur constructeur américain de voitures électriques lors d’un événement concernant l’avenir des véhicules zéro émission aux USA est un parfait non-sens. Le fait d’exclure Tesla (et Elon Musk) des nombreuses discussions sur le sujet est indéniablement une erreur politique de l’administration Biden, qui va avoir de lourdes répercussions sur la suite des événements. C’est en tout cas l’un des déclencheurs du virage politique d’Elon Musk.
Pourquoi ces voitures électriques étaient-elles à la Maison-Blanche ?
Lors de cet événement, trois véhicules sont présents dans le jardin de la Maison-Blanche : un Hummer EV, un Jeep Wrangler hybride rechargeable et une Chevrolet Bolt. Joe Biden, passionné d’automobiles, veut en essayer un pour montrer son intérêt pour ces véhicules. Il grimpe au volant du Wrangler (PHEV) de Jeep, fait un tour du jardin et en ressort enthousiaste. Il vante les mérites de l’électrification, photos et vidéos à l’appui. Personne ne crie alors à la publicité déguisée. Pourtant, la Maison-Blanche devient bien un décor promotionnel, notamment pour la Jeep.
Cela n’a pourtant rien à voir avec ce qu’il s’est passé avec Tesla en mars 2025. D’abord, parce qu’il n’y a pas qu’une seule marque présente, et que le discours du président en fonction ne fait pas la promotion d’un véhicule ou d’une marque, mais de la technologie au sens large. Surtout, cette démonstration intervient dans le cadre de la signature d’un ordre exécutif fixant un objectif ambitieux : que la moitié des véhicules neufs vendus aux États-Unis soient électriques d’ici 2030. Un ordre exécutif que Donald Trump vise à annuler depuis son retour au pouvoir.
Trump et Tesla : un coup de com’ sans précédent
Le contexte dans lequel intervient la présentation des Tesla à la Maison-Blanche le 11 mars est bien différent. Le président Trump, connu pour sa posture anti-véhicules électriques, se met soudainement à en vanter les mérites, mais uniquement pour celles produites par son principal financeur de campagne et plus proche collaborateur : Elon Musk. Forcément, l’opposition crie au conflit d’intérêts.

Ceci intervient en plus alors que la marque traverse une période trouble : ventes en recul, cours de bourse en chute libre, manifestations et vandalismes contre la marque, etc. Cette promotion a d’ailleurs eu l’effet escompté sur l’action, qui a stoppé sa chute vertigineuse. Tesla n’est pas tiré d’affaires, mais Elon Musk ne perd plus plusieurs milliards par jour. C’est un bon début pour l’homme d’affaires qui a besoin d’une action Tesla en bonne santé pour pouvoir financer ses autres activités dont le réseau social X (ex-Twitter).
Une histoire qui aurait pu être très différente
Cette mise en scène de mars 2025 à la Maison-Blanche n’est finalement qu’une revanche d’Elon Musk à l’affront subi quatre ans plus tôt. Il ne fait aucun doute que les deux événements sont liés, et le fait que les soutiens du duo Trump/Musk (y compris Fox News) l’exploitent le prouve. Elon Musk n’a jamais digéré l’exclusion de Tesla par l’administration Biden et il ne s’en est jamais caché. La rancune n’a fait que croître sur les dernières années. Imaginez, si un modèle Tesla avait été présent lors de cette présentation de 2021, l’histoire serait probablement très différente aujourd’hui.
En conséquence de tout cela, Tesla se retrouve désormais au milieu d’une guerre politique. Elle est même devenue un symbole politique, au même titre que la casquette rouge « Make America Great Again ». L’opposition au pouvoir de Donald Trump et d’Elon Musk passe désormais par l’opposition à Tesla, qui se retrouve victime collatérale. C’est une situation Kafkaïenne, virant presque à l’absurde, pour les clients de la marque.

Les présidents américains ont toujours eu un lien fort avec l’industrie automobile nationale, souvent avec une marque chouchoute. C’est également le cas dans tous les pays qui disposent de constructeurs nationaux (comme la France ou l’Allemagne). Les chefs d’État promeuvent souvent l’industrie automobile nationale, sans que cela soit perçu comme de la publicité, même si leurs discours sont parfois maladroits. Le contexte dans lequel les représentants du gouvernement mettent en avant les entreprises détermine si la communication est légitime ou publicitaire. Voilà ce qui différencie diamétralement l’événement d’août 2021 avec celui de mars 2025.
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