Entre vous et moi, il y a des jours où j’aimerais bien arrêter de parler de Tesla. Mais, difficile d’ignorer une marque qui continue de capter autant d’attention et de susciter un si grand enthousiasme de la part de ses fans, alors même que beaucoup de feux clignotent au rouge. Entre les polémiques autour d’Elon Musk, les revirements stratégiques et la spéculation boursière, Tesla reste un sujet incontournable.
Un doute s’impose de plus en plus en 2025 : doit-on toujours considérer Tesla comme un constructeur automobile ? L’entreprise est surtout devenue un patchwork d’activités, tiraillée entre la tech, l’IA, la robotique et certains jours encore l’automobile ? À force de brouiller son identité, la marque elle-même semble ne plus trop savoir où elle va. Beaucoup de fans restent sur l’image surannée du constructeur qui a révolutionné la voiture électrique. Pourtant, nous voilà déjà bien loin tout cela.

Une valorisation boursière insensée
Le cours de l’action Tesla reste l’argument phare des fans de la marque : la preuve ultime de sa réussite et de sa domination sur l’industrie automobile. Sa valorisation volatile est néanmoins plus proche d’une entreprise de la tech que de celle d’un industriel. Dans ces conditions, la comparaison ne sera jamais en faveur des constructeurs historiques, dont les cours réagissent aux bilans financiers et pas (ou peu) aux promesses d’un patron fantasque. Le cours de Tesla est une bulle spéculative que même Elon Musk redoute.
Les ventes ont beau stagner, les prévisions s’assombrir… l’action rebondit sans raison tangible. Pourquoi ? Parce qu’Elon Musk sait entretenir l’illusion avec des déclarations chocs. Dernier exemple en date : l’intervention en urgence du gouvernement Trump pour « soutenir » Tesla, après l’effondrement du titre en février. Une manœuvre grossière qui flirte avec l’illégalité. Et pourtant, la manipulation a fonctionné : les investisseurs particuliers, galvanisés par leurs leaders, ont misé sur Tesla… au risque de tout perdre si la bulle éclate.
Même en interne, le doute s’est immiscé : plusieurs dirigeants ont cédé des actions voyant le cours baisser. Elon Musk a voulu calmer l’hémorragie en exhortant ses employés à ne pas vendre leurs actions lors d’une réunion d’urgence, mais le discours sonne faux. La vraie question n’est plus de savoir jusqu’où l’action peut monter, mais combien de temps elle pourra défier la réalité avant de s’effondrer.

Un constructeur qui n’aime plus fabriquer des voitures
Tesla n’a pas abandonné la voiture électrique particulière, mais quelque chose a changé dans le discours de la marque depuis un an. Plusieurs innovations annoncées ont été mises en sommeil ou retardées. Pendant que ses concurrents font progresser leurs gammes et diversifient leurs offres, Tesla s’accroche à des modèles qui stagnent. La marque veut-elle encore vendre des voitures à monsieur et madame Tout-le-monde ? J’en doute.
Le Model Y vient de subir un restylage, mais celui-ci n’apporte rien de nouveau. Même constat pour le Model 3, légèrement retouché en 2023. Les Model S et X sont complètement délaissés. Le Cybertruck, censé incarner l’avenir de Tesla, enchaîne les problèmes et ses ventes sont très loin du million d’exemplaires vanté par Elon Musk. Cette déconvenue pourrait peser lourd sur les finances de l’entreprise. Le Roadster, lui, reste une chimère, ses acomptes engloutis depuis des années pour d’autres lubies. Et que dire du Model 2/A/Q ? Tesla tenait là une arme redoutable pour écraser la concurrence, mais Elon Musk l’a purement et simplement enterré, faute d’intérêt de sa part.

Une marque en transition… mais vers quoi ?
Après huit ans de promesses non tenues, Elon Musk pense toujours que Tesla va dominer la conduite autonome, et prévoit de produire des millions de robots taxis (Cybercab). Il annonce aussi une centaine de millions d’exemplaires de son robot humanoïde Optimus, qu’il présente aussi comme une révolution. Pourtant, Tesla est loin d’être le seul acteur à avancer sur ce terrain. Elon Musk a une vision et certains investisseurs le suivent aveuglément.

En attendant, Tesla semble délaisser l’automobile, suivant les nouvelles obsessions d’Elon Musk. Il veut désormais devenir le gourou de l’intelligence artificielle, de la robotique et du stockage d’énergie (Mégapack). Se diversifier n’est pas un problème en soi pour une telle entreprise. Mais Tesla le fait à l’image de son patron : dans un chaos total, et ce drôle de château de cartes n’inquiète pourtant personne.
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