Pour éviter certaines taxes, voire profiter de subventions, la Leapmotor T03 devait finir son assemblage dans une usine polonaise de Stellantis. À peine démarré, ce projet est déjà arrêté.

Stellantis a tenté un coup, celui-ci n’a pas fonctionné comme prévu, forçant le groupe à réviser la stratégie pour Leapmotor. Finalement, la petite citadine électrique chinoise – Leapmotor T03 – ne sera plus partiellement assemblée en Pologne, a découvert Les Echos le 7 avril 2025. Les véhicules seront finalement fabriqués et acheminés depuis la Chine, même si cela implique la surtaxe européenne sur les voitures électriques chinoises.

Pourquoi ce revirement ? Les calculs n’étaient certainement pas favorables pour maintenir ce montage. Les ventes Leapmotor sont timides pour le lancement de la marque en Europe. Et, ce qui était un mouvement audacieux porté par Carlos Tavares se transforme progressivement en déconfiture pour Stellantis, maintenant que le patron a quitté la direction du groupe.

Carlos Tavares sur le Mondial de Paris 2024 // Source : Raphaelle Baut pour Numerama
Carlos Tavares sur le stand Leapmotor au Mondial de Paris 2024. // Source : Raphaelle Baut pour Numerama

La manœuvre de Leapmotors bloquée par les législateurs français

Lors de son lancement en France en septembre 2024, Leapmotor pensait pouvoir compter sur l’obtention du bonus écologique pour booster les ventes en France, l’un des plus gros marchés pour ce modèle. Stellantis pensait avoir trouvé une faille réglementaire permettant de ne réaliser que l’assemblage final du véhicule en Europe. Même si les voitures arrivaient en kit depuis la Chine, cela aurait permis d’avoir accès aux précieuses aides gouvernementales. Les équipes y croyaient dur comme fer, mais l’administration française ne partageait pas le même enthousiasme.

Les législateurs font preuve de vigilance face aux marques chinoises qui tenteraient de profiter de failles dans les textes. Ils ont retardé le verdict sur l’éco-score avant de faire passer un amendement en janvier 2025, bloquant purement et simplement les constructeurs chinois qui voudraient copier la manœuvre. Les voitures de marques chinoises fabriquées en Europe peuvent bénéficier du bonus si elles atteignent l’éco-score nécessaire, mais en cas d’assemblages de voitures en kit, elles sont considérées comme des véhicules fabriqués en Chine. Ce qui correspond en effet à l’esprit du texte initial du score environnemental que Leapmotor a tenté de contourner.

La déception du bonus manqué

Cette décision est un coup dur pour Leapmotor, qui avait promis aux premiers clients français une offre particulièrement attractive avec un tarif bonus déduit à 14 900 €, soit la voiture électrique la moins chère du marché. Depuis ce refus d’éligibilité au bonus, Leapmotor tente quand même de séduire la clientèle avec une remise de 1 600 € ramenant le modèle à 17 900 € ou 89 €/mois, ce qui reste attractif. Mais, sans le précieux bonus, les ventes ne décolleront pas aussi bien. Leapmotor le sait pertinemment.

Le site Leapmotor qui mentionne toujours le mauvais prix // Source : Capture leapmotor.net
Le site Leapmotor qui mentionnait toujours le bonus en 2025. // Source : Capture leapmotor.net

Leapmotor a quand même livré 623 Leapmotor T03 à la fin du mois de mars en France — ce sont notamment les premières commandes enregistrées fin 2024, avant la sentence du bonus. Les particuliers représentent d’ailleurs 90 % de ses ventes. À l’échelle européenne, ce sont 1 495 exemplaires qui ont été immatriculés et livrés durant les deux premiers mois de l’année.

C’est 5 fois moins d’immatriculations que sa principale concurrente sur ce créneau : la Dacia Spring. Forcément, Leapmotor ne jouit pas du même réseau de ventes ni de la même notoriété. Le démarrage de Leapmotor n’est pas ridicule, mais reste certainement inférieur aux objectifs du groupe.

Un assemblage européen probablement peu rentable

L’intérêt de l’assemblage final dans l’usine polonaise de Stellantis était double : d’une part, être éligible au bonus français (raté) et d’autre part, éviter la surtaxe de 20,7 % sur l’importation des véhicules électriques produits en Chine. Les volumes de vente ne sont probablement pas suffisants pour que l’absence de surtaxe européenne gomme le surcoût de l’assemblage par des équipes de l’usine polonaise du groupe.

Fin mars 2025, les équipes assemblaient les dernières Leapmotor T03 en kit en Pologne. Les futures voitures seront acheminées par cargo depuis la Chine, comme l’autre modèle C10. Un futur modèle nommé Leapmotor B10, présenté lors du Mondial de Paris en 2024, sera quant à lui fabriqué en Espagne, avec une véritable chaîne d’assemblage. Ce modèle pourrait bénéficier du bonus français… s’il existe encore lors de sa commercialisation.

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