Alors que les discussions entre la Chine et l’Europe étaient à l’arrêt sur le sujet, la politique de Donald Trump pourrait avoir relancé les négociations en faveur d’une suppression des surtaxes douanières européennes. Cet éventuel rétropédalage ne signifie pas pour autant que les véhicules électriques chinois à bas coût pourraient envahir l’Europe.
Les journalistes du média allemand Handelsblatt ont obtenu des indiscrétions concernant la nature des échanges. L’Union européenne est ouverte à la discussion, mais demande certaines contreparties en retour : des prix minimums et des investissements en Europe.
Un assouplissement dans la guerre commerciale ?
En subventionnant massivement son industrie automobile, pour devenir les leaders des véhicules électriques, la Chine s’est attirée les foudres de l’Union européenne. Celle-ci considère que l’arrivée de ces véhicules en Europe relève d’une concurrence déloyale pour les constructeurs historiques européens. Pour freiner l’essor des constructeurs chinois, l’UE a décidé en 2023 de lancer une enquête anti-subvention pour définir des sanctions appropriées.
Depuis juillet 2024, les véhicules électriques et à prolongateur d’autonomie (EREV/REEV) produits sur le sol chinois sont soumis à une surtaxe lorsqu’ils sont importés en Europe. Tous les groupes automobiles ne subissent pas la même sanction : d’un peu moins de 8 % pour Tesla jusqu’à plus de 35 % pour MG, et BYD entre les deux à 17 %. Ils ne sont pas les seuls concernés : Dacia, Mini et Cupra ont aussi des modèles produits en Chine taxés à 20,7 %.

La Chine a toujours essayé de convaincre l’Europe que la mesure était injuste, qu’il y avait d’autres solutions que des droits de douane supplémentaires. Alors que L’UE a toujours rejeté la solution proposée par le gouvernement chinois, les choses pourraient être en train de changer. Fin mars, le commissaire européen au Commerce, Maros Sefcovic, a rencontré le ministre chinois du Commerce, Wang Wentao, pour relancer les négociations.
Des tarifs plancher plutôt qu’une surtaxe
La Chine propose de fixer des prix minimums pour les véhicules électriques fabriqués en Chine plutôt que les nouveaux droits de douane imposés. Une solution qui a déjà été utilisée avec les panneaux solaires, avec des résultats mitigés pour la filière européenne.
Le commissaire européen au Commerce ne s’y oppose pas, néanmoins il a déjà indiqué que « tout prix minimum devrait être aussi efficace et applicable que les tarifs de l’UE. » L’UE veut aussi obtenir en retour que la Chine incite ses constructeurs à investir en Europe, non pas simplement en assemblant des voitures, mais en créant des sites industriels entiers et en réalisant du sourcing de pièces auprès de fournisseurs européens. C’est une manière de faire du transfert de technologie, similaire à ce qu’exigeait le gouvernement chinois aux constructeurs étrangers quand ils voulaient s’implanter en Chine.

Surtaxe ou prix minimum : qu’est-ce que cela change pour le client final ?
Il est légitime de se demander quel est l’impact pour le client final. Dans la pratique, cela ne devrait pas changer grand-chose aux tarifs pratiqués par les marques visées par les surtaxes. Le prix minimum est une manière de dire que les constructeurs chinois vont s’aligner avec leurs concurrents européens, ce qui est déjà le cas en général. Il ne leur sera juste pas possible de « casser les prix » du marché. Reste à voir quelle usine à gaz sera proposée pour vraiment pouvoir juger de l’intérêt ou non pour le client de ce changement.
Qui y gagne vraiment ? La réponse est les constructeurs chinois. Au lieu d’avoir à verser des taxes supplémentaires à l’UE, ils conserveraient cet argent dans leur poche. En fait, les prix plancher sont une manière pour les constructeurs chinois de s’assurer une marge plus confortable en Europe, même si une partie de ces gains supplémentaires devraient servir à construire des sites de production en Europe.
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