La gigafactory d’ACC peine à monter en cadence. Pour passer la seconde, le nouvel espoir européen de la batterie appelle discrètement un industriel chinois à la rescousse.

Ambitions souverainistes et réalité industrielle font rarement bon ménage. L’image était belle : une gigafactory tricolore, portée par Stellantis, Mercedes et TotalEnergies, censée incarner l’indépendance énergétique de l’Europe, comme Northvolt avant elle en Suède. Mais deux ans après l’inauguration de son site de Billy-Berclau (Pas-de-Calais), ACC se heurte toujours à des difficultés techniques, selon l’enquête de La Tribune du 10 avril.

La montée en puissance est laborieuse, et les incertitudes sur la capacité de l’usine à tenir ses promesses industrielles grandissent. Le discours d’ACC se veut rassurant : tout est sous contrôle et suit un calendrier normal. Le doute subsiste néanmoins. D’autant que, selon des sources internes, ACC aurait discrètement sollicité l’aide d’un partenaire chinois, sans en dévoiler l’identité.

Le savoir-faire européen cale sur la ligne de production en grande série

Tant qu’il s’agit de construire des cellules de batterie à petite échelle, les challengers européens sont au rendez-vous. Les choses se compliquent lorsqu’il s’agit de passer à l’industrialisation massive du procédé pour livrer les commandes aux clients.

Malgré les milliards d’euros d’aides publiques injectés dans la filière, la réalité rattrape le discours plein de belles promesses : l’Europe accuse un sérieux retard technique, et seule, elle aura du mal à le combler. Là où les lignes chinoises atteignent jusqu’à 90 % de rendement, ACC plafonne aussi bien en quantité qu’en qualité. Les objectifs de production ont été revus à la baisse pour 2025.

Usine de batterie ACC en France  // Source : ACC
Usine de batterie ACC en France // Source : ACC

Deux étapes majeures de la fabrication de cellules posent particulièrement problème : le coating (application des matériaux actifs) et le calendering (compression thermique). Impossible, pour l’heure, de rivaliser avec la production asiatique. L’une des raisons de cette débâcle viendrait des machines utilisées pour cette fabrication de précision. Les fournisseurs de ces équipements sont chinois et coréens.

Même si ces derniers tentent de former les équipes à l’usage de ces outils industriels et de dépanner les problèmes à distance, la barrière de la langue agit vite comme un grain de sable dans l’engrenage. Northvolt a d’ailleurs été confronté au même problème. Ce n’est donc pas un cas isolé propre à ACC.

Une filière européenne sous haute tension

Ce recours à la Chine sonne comme un aveu d’échec pour un projet porté à bout de bras par Bruxelles. D’autant plus que l’usine d’ACC dans le Nord était censée illustrer le savoir-faire « made in France » et sa capacité à livrer, dès 2024, à Stellantis des batteries à grande autonomie pour plusieurs modèles.

Plateforme STLA Medium  // Source : Peugeot
Plateforme STLA Medium avec batterie ACC pour 700 km d’autonomie // Source : Peugeot

Il vaut mieux cependant faire appel dès maintenant à des experts capables de remettre la production sur la bonne voie, que de continuer à bricoler jusqu’à mettre l’aventure ACC en péril.

Avec des plans d’expansion revus à la baisse, la suspension de projets en Allemagne et en Italie, et une vague de départs chez les salariés, ACC devait réagir. Pendant ce temps, les acteurs asiatiques accélèrent, enchaînent les méga-usines (y compris en Europe), et maîtrisent les savoir-faire critiques.

Dans ce contexte, les ambitions européennes de souveraineté technologique paraissent de plus en plus fragiles, faute d’avoir investi assez tôt dans la formation, l’ingénierie et la montée en compétence de ses propres équipes. Les investisseurs risquent d’être de plus en plus frileux : il va falloir surmonter ces difficultés rapidement.

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