Vous n’avez jamais entendu parler de Slate Auto ? C’est tout à fait normal. Cette startup américaine s’est construite en toute discrétion : ni salon, ni conférence grandiloquente, aucun teasing. Jusqu’à ce que TechCrunch révèle l’information le 8 avril 2025 : Jeff Bezos, fondateur d’Amazon, aurait misé gros sur cette entreprise qui prépare un pickup électrique au prix cassé de 25 000 dollars. Plusieurs structures liées au patron d’Amazon seraient dans la boucle.
Dans un timing qui frôle la perfection marketing, un prototype aurait été repéré en Californie quelques jours plus tard et partagé sur Reddit, sans que l’on soit certain qu’il s’agisse du modèle en question. De quoi crédibiliser un projet qui semblait encore fumeux il y a peu. Sauf qu’à ce stade, il n’y a ni fiche technique, ni planning précis, ni stratégie claire, ni PDG officialisé. Le mystère est total autour de ce projet qui semble se structurer discrètement.
Un contre-pied face à Tesla et Rivian
Le marché du pickup électrique s’est bien développé ces dernières années aux USA, sans pour autant réussir à faire l’ombre aux modèles thermiques. Tesla rame avec son Cybertruck, Rivian lutte pour garder la tête hors de l’eau, et Ford perd de l’argent sur chaque exemplaire vendu de son F-150 Lightning. Arriver maintenant, avec une promesse de rupture tarifaire, c’est particulièrement culotté.

Slate Auto pourrait jouer la carte du bon sens industriel : faire simple, efficace et pas cher. L’entreprise veut sortir un pickup 2 places volontairement dépouillé, que les clients pourraient customiser avec de nombreux accessoires supplémentaires.
À condition que le prix annoncé tienne la route. Car à 25 000 dollars, la marge est vraiment trop restreinte pour durer, surtout pour une fabrication aux États-Unis. Tesla n’y arrive pas et Rivian non plus. Alors à moins d’un tour de magie signé Bezos, l’équation semble intenable, même en vendant des accessoires et du prêt-à-porter aux couleurs de la marque pour renflouer les caisses.
Un projet ambitieux… ou totalement déconnecté ?
Slate Auto arrive dans un contexte particulièrement instable pour l’industrie auto américaine. Entre les surtaxes sur les imports, le coût des matières premières qui s’envole, et les incertitudes sur les aides fédérales, le timing est loin d’être idéal alors que les véhicules électriques ne représentent qu’une faible part de marché. Il se dit en plus que l’entreprise voudrait produire ses premiers exemplaires en 2026. Sur le papier, tout ceci semble impossible à respecter.

Certains y verront une manœuvre offensive, portée par une vision à long terme, d’autres considèreront tout cela comme un projet hors-sol, qui ignore volontairement les réalités du terrain pour créer du buzz et attirer les capitaux. Reste que Bezos ne met pas son argent n’importe où. Quand il parie sur des projets, c’est qu’il croit au potentiel de ceux-ci. Mais l’automobile ne fonctionne pas comme le e-commerce ou la tech.
La voiture électrique est avant tout une industrie qui fonctionne encore à l’ancienne, même si les nouveaux acteurs comme Tesla ou Rivian tentent de révolutionner ce milieu depuis des années. On n’achète pas une voiture comme on achète une liseuse Kindle. Et avant même que le véhicule soit en vente : il faut qu’il soit fiable, qu’il réponde aux besoins des clients et surtout que l’usine soit capable de produire les véhicules sans défaut. L’entreprise va devoir brûler quelques centaines de millions de dollars pour acquérir de la notoriété, beaucoup de projets n’ont jamais dépassé ce stade.
Même en ayant débauché des salariés chez d’autres constructeurs depuis des années, la route est encore longue. Un lancement commercial en 2026 apparaît improbable quand on regarde le temps et les investissements nécessaires à ses concurrents pour y arriver.
Slate Auto pourrait donc être le début d’un joli conte industriel… ou une nouvelle coquille vide à la Canoo ou Lordstown. Il n’en reste pas moins que le projet intrigue, maintenant que les premières informations à son sujet ont fuité. Une petite guerre Elon Musk contre Jeff Bezos pourrait aussi un peu pimenter l’industrie automobile électrique.
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