Un recours collectif accuse Tesla d’avoir manipulé l’odomètre de ses véhicules via un algorithme interne. À la clé : des milliers de kilomètres « fantômes » qui écourteraient artificiellement la période de garantie.

L’entreprise Tesla est-elle en train de redéfinir la notion de kilométrage à sa sauce, ou s’agit-il d’une incompréhension du fonctionnement du logiciel ? En attendant que la justice tranche, l’affaire jette une ombre sur la fiabilité des données affichées à bord des véhicules électriques de la marque.

Une plainte a été déposée en février en Californie contre Tesla. L’affaire est désormais un recours collectif que le média The Street a relayé le 12 avril 2025. Plusieurs conducteurs américains indiquent avoir observé que le nombre de kilomètres parcourus par leur véhicule Tesla semble bien supérieur à la réalité de leurs trajets quotidiens.

L’odomètre de la Tesla ne compterait plus les kilomètres réels

L’odomètre de certains modèles Tesla ne se contenterait pas de mesurer la distance réellement parcourue par les roues. Il s’appuierait sur des algorithmes pour définir le kilométrage du véhicule avec de nombreuses erreurs à la clé.

Le Tesla Model Y Launch Series (2025) à l'essai // Source : Alfred Tertrais pour Numerama
Le Tesla Model Y Launch Series (2025) à l’essai. // Source : Alfred Tertrais pour Numerama

D’après la plainte enregistrée, « Tesla Inc. utilise un système d’odomètre utilisant des algorithmes prédictifs, des mesures de consommation d’énergie et des coefficients multiplicateurs de comportement du conducteur qui manipulent et déforment le kilométrage réel parcouru par les véhicules Tesla ». S’il existe toujours une marge d’erreur possible dans la mesure du kilométrage des voitures, le fonctionnement de l’odomètre de Tesla paraitrait particulièrement trompeur.

Le plaignant principal, Nyree Hinton, explique avoir constaté un kilométrage moyen de 115 km par jour sur sa Model Y achetée d’occasion, alors même qu’il effectue toujours la même routine quotidienne, qui ne fait qu’environ 32 km. Un autre ancien propriétaire indique sur Reddit qu’après avoir rendu sa Tesla contre une Lexus RZ, il a remarqué que « le compteur kilométrique [était] surestimé de 20 % par rapport à celui de sa nouvelle voiture ».

Un autre utilisateur en vient aux mêmes conclusions : « Mon trajet de 25 km pour aller au travail a été enregistré à 34 km. Je ne la possède que depuis 5 mois et elle affiche déjà 9 600 km. »

D’autres utilisateurs rapportent que cette progression anormale du compteur s’amplifierait à l’approche de la fin de garantie, ce qui soulève des soupçons sur l’objectif réel de cette méthode : faire payer les réparations hors garantie. Tesla pourrait économiser sur les réparations à fournir à ses clients dans le cadre de la garantie. C’était notamment le cas du plaignant à l’origine du procès.

Tesla, de son côté, n’a pas encore réagi officiellement à ces accusations, qui pourraient compromettre l’un de ses arguments phares : la fiabilité et la transparence de ses véhicules connectés.

Des pratiques accusées de « saper la valeur des véhicules Tesla »

Le recours collectif cible toutes les personnes ayant acheté un véhicule Tesla à usage personnel dans l’État. Le cabinet Singleton Schreiber, en charge de l’affaire, affirme que Tesla aurait intentionnellement développé un système biaisé pour raccourcir la couverture de garantie et éviter les réparations coûteuses. Selon la plainte, « ces inexactitudes systémiques et ces pratiques commerciales frauduleuses sapent la valeur des véhicules Tesla et de leurs garanties, et suggèrent des pratiques intentionnelles destinées à avantager financièrement Tesla Inc. aux dépens de ses clients ».

Tesla Model 3 odomètre // Source : Raphaelle Baut pour Numerama
Et si tous ces chiffres étaient faux sur les Tesla ? // Source : Raphaelle Baut pour Numerama

Certains utilisateurs auraient été poussés à acheter des extensions de garantie, pensant que leur véhicule approchait du seuil fatidique, alors qu’en réalité, ils n’avaient pas parcouru autant de kilomètres. Si les faits sont avérés, cela pourrait constituer un précédent potentiellement explosif pour Tesla, déjà dans le viseur de plusieurs agences de régulation.

Et l’Europe, dans tout ça ?

Les conclusions de ce procès seront particulièrement intéressantes, car la question qui pourrait se poser désormais est : toutes les Tesla à travers le monde seraient-elles concernées par la même inexactitude de l’odomètre ?

En Europe, aucun recours de ce type n’a encore été déposé, mais la technologie embarquée dans les Tesla est censée être la même partout. On peut trouver sur les groupes d’utilisateurs et les forums des propriétaires de Tesla francophones qui se sont déjà posés la question de l’exactitude des données de kilométrage. Si les compteurs sont effectivement influencés par des calculs logiciels et non par la distance réelle parcourue, cela pose un sérieux problème pour les consommateurs européens, notamment en matière de revente, de contrats de leasing, ou de garanties kilométriques.

Et, surtout : pourquoi un algorithme serait-il nécessaire pour mesurer une donnée aussi basique qu’un kilométrage ? Au lieu d’un outil de précision, serait-ce un levier pour écourter artificiellement la garantie ? Une fraude logicielle masquée sous des prétextes technologiques ? Les réponses apportées par Tesla pourront certainement faire la lumière sur ce phénomène. Sauf si, comme pour les procès relatifs à la conduite autonome, la marque arrive à se défausser sur les clients.

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