Polestar jette l’éponge en Chine, ou presque. Selon un article de Bloomberg publié le 14 avril, la marque suédoise du groupe Geely fermerait une grande partie de son réseau local et une coentreprise. Le constructeur Polestar s’est heurté à un marché chinois impitoyable, comme bien d’autres : faire partie d’un groupe chinois ne garantit pas le succès sur ce secteur hautement concurrentiel.
Cette décision dépasse le cadre de la Chine, et intervient alors que la marque traverse une période d’instabilité plus large. Le retrait partiel de Chine pourrait bien n’être que la première étape d’un repli plus inquiétant si l’Europe et les États-Unis ne prennent pas le relais au niveau des ventes. Malgré les discours rassurants de son PDG, le doute s’installe.
Un aveu d’échec sur le marché chinois ?
Polestar a beau parler de « réorientation stratégique », difficile de ne pas y voir une vraie déconvenue pour la marque. Avec seulement 3 120 véhicules vendus en Chine en 2024 — sur un total de 44 850 véhicules à l’échelle mondiale —, la marque premium du groupe Geely n’a jamais trouvé sa place sur le principal marché de la voiture électrique. Les chiffres de vente n’ont cessé de baisser d’année en année sur le marché chinois.

Depuis le début d’année 2025, Polestar a donc revu sa stratégie et ses priorités. La coentreprise locale avec Xingji Meizu (chargée des ventes et du marketing) est dissoute, et le réseau de distribution se réduit à peau de chagrin. Là où le site officiel affichait 36 points de vente, l’application de la marque n’en propose plus que 10 pour organiser un essai. Polestar a tenté de minimiser les rumeurs de départ du pays en mars. La marque y conserve quand même une activité commerciale, mais a transféré la production des véhicules dans d’autres pays.
Le PDG Michael Lohscheller veut pourtant rassurer : « Nous sommes engagés sur le marché chinois, mais nous devons prioriser certains marchés ». Une manière élégante de reconnaître que la concurrence sur ce marché est très certainement bien plus forte que les équipes Polestar ne l’imaginaient, surtout dans un pays où BYD et Tesla dictent le tempo avec des tarifs bien plus agressifs.
Une marque sous tension, à la croisée des chemins
Si cette diminution des investissements en Chine attire autant l’attention, c’est qu’elle arrive dans un contexte global déjà délicat. « Polestar est encore une jeune entreprise » comme l’indique son PDG pour justifier des ressources limitées et des réajustements stratégiques. La marque suédoise, même si elle appartient au groupe Geely, veut s’accrocher à un espoir de croissance en Europe et aux États-Unis, un pari qui reste risqué dans le contexte actuel.

Au lancement de Polestar comme nouvelle marque, les annonces semblaient prometteuses, mais quelques grains de sable sont venus enrayer le développement. Sans même parler de son combat avec Citroën qui a bloqué son implantation en France, l’aventure Polestar a déjà été émaillée de quelques couacs, y compris des erreurs dans ses rapports financiers qui ont jeté le doute sur le sérieux de la marque.
En 2024, la marque a aussi un peu déçu avec les lancements poussifs des Polestar 3 et 4. Elle a aussi repoussé à 2026 son objectif d’équilibre financier. Ses actions stagnent sous la barre du dollar, et son image de startup premium électrique commence à s’effriter.
Le vrai risque est que cette perte d’ambition en Chine préfigure un désengagement plus large. Si les marchés européens (Royaume-Uni, Allemagne et les pays nordiques) ne répondent pas présents aux nouveaux modèles, Polestar pourrait rapidement manquer d’air. Espérons pour la marque que les bons résultats de la Polestar 3 au crash-test de l’EuroNCAP attirent les clients.
Aux États-Unis, la marque va subir les effets de la surtaxe. Seul le Polestar 3 est produit localement (Polestar 2 est produite en Chine et Polestar 4 en Corée du Sud), mais il est difficile de tenir un marché avec un modèle unique. Apparemment, le jeune constructeur ne s’inquiète pas des lois bannissant des USA les véhicules comportant des technologies chinoises.
Ralentir en Chine peut apparaître rationnel aujourd’hui, mais cela pourrait malgré tout être le début d’une spirale descendante.
+ rapide, + pratique, + exclusif
Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.
Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.

Toute l'actu tech en un clin d'œil
Ajoutez Numerama à votre écran d'accueil et restez connectés au futur !
Marre des réseaux sociaux ? Rejoignez la communauté Numerama sur WhatsApp !