Réduire l’empreinte carbone de l’industrie automobile, cela passe bien entendu par la transition vers le 100 % électrique. Chez Renault, l’objectif est d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2040 en Europe. Pour ce faire, le constructeur au Losange va jouer sur différents leviers de ce qu’on appelle la « décarbonation ». Nous avons été conviés par la marque pour découvrir comment mettre en application ce principe avec comme figure de proue le « démo-car » Emblème, présenté au Mondial de l’Auto de Paris en octobre 2024.
Comparé à un véhicule thermique (Renault prend un Captur essence de 2019), une Mégane E-Tech électrique avec la batterie de 60 kWh rejette sur l’ensemble de son cycle de vie (15 ans et 200 000 km) deux fois moins de CO2 que le SUV thermique, soit 25 t. Mais il est possible de faire mieux, beaucoup mieux.
Seulement 5 tonnes de CO2 pour le Renault Emblème
Avec son démo-car Emblème, Renault serait capable de faire chuter l’empreinte carbone à seulement 5 tonnes de CO2 « du berceau à la tombe ». Pour y arriver, le constructeur au losange a donc travaillé sur plusieurs aspects, que ce soit au niveau de la conception, production ainsi que de la motorisation du véhicule. Cette dernière est particulièrement questionnable puisqu’il s’agit d’un genre d’hybride hydrogène/électrique. Grâce à ce groupe motopropulseur d’une puissance de 218 ch, Renault annonce une baisse de 3,3 tonnes de CO2 rejetés par rapport à une électrique dotée d’une batterie 87 kWh (comme le Scénic E-Tech).

L’un des mots d’ordre du constructeur était de décarboner, sans rogner sur la mobilité. En d’autres termes, il fallait que l’Emblème possède une bonne autonomie. En l’occurrence, Renault annonce « jusqu’à 1 000 km ». Voici comment la démo-car utilise sa motorisation :
- En mode 100 % électrique : uniquement sur sa batterie (40 kWh), pour les trajets du quotidien
- Grâce à la pile à combustible (hydrogène) : lorsqu’il y a besoin de parcourir de longues distances
Un habitacle écoresponsable pour le Renault Emblème
L’habitacle du Renault Emblème a fait bien évidemment l’objet d’un développement poussé afin d’être le plus durable possible. Outre la planche de bord « Blade » et son écran gigantesque d’1,2 m de long pour 12 cm de haut (48 pouces), l’intérieur du démo-car au losange intrigue par ses matériaux, majoritairement naturels (38 %) et surtout recyclés (46 %). La planche de bord, par exemple, est faite de lin tissé comme de la fibre de carbone, tandis que les garnitures de portes et la console centrale sont fabriquées à partir de fibre… de feuilles d’ananas, nous explique Forvia, l’un des partenaires responsables de l’habitacle. On retrouve au toucher une sensation de cuir animal.

La sellerie est réalisée entièrement en tissu, dont les chutes ont servi à fabriquer les tapis de sol. Résultat, ces derniers n’utilisent qu’une seule matière au lieu de quatre habituellement, représentant un gain notable de 7 kg. Par ailleurs, l’intérieur se passe de tous procédés de coloration. Les couleurs sont obtenues par le tissage de 4 fils de couleurs différentes (cyan, magenta, jaune et noir) comme sur une imprimante, ce qu’on appelle la synthèse additive (rappelez-vous vos cours de physique du collège).

À propos de poids, le système audio a également été développé dans un objectif de durabilité. Malgré les 14 haut-parleurs et le caisson de basse, l’ensemble est 40 % plus léger. Grâce aux matériaux utilisés à l’intérieur, l’acoustique se veut déjà optimale, permettant ainsi de réduire les composants.

Enfin, oubliez le réglage électrique des sièges à l’avant nécessitant un moteur, il faut repasser à un ajustement manuel. Un nouveau gain de poids, ce qui est primordial pour réduire l’empreinte carbone d’une voiture. Dans le cas du démo-car Emblème, Renault annonce un poids limité à 1 800 kg.
Une baisse drastique des rejets de CO2 sur les matériaux
Les matériaux pour concevoir « l’enveloppe » de la voiture ont, eux aussi, fait l’objet d’une cure minceur pour diminuer leur impact environnemental. L’acier constituant la caisse brute du Renault Emblème utilise un alliage permettant d’économiser 40 kg sur la balance, tandis que les ouvrants en aluminium (portes et capot) ont été fabriqués à partir de matières recyclées. De quoi baisser respectivement les émissions de CO2 de 69 % et 30 %. Plutôt impressionnant.
D’un diamètre de 22 pouces, les roues font gagner 4 kg et sont enveloppées de pneumatiques Michelin spécifiques issus à 36 % de matériaux recyclés également.

Renault Emblème : une aéro optimisée par Alpine
C’est quoi le Cx ?
Le Cx est l’unité correspondante au coefficient de trainée, ce qui mesure la pénétration d’une voiture dans l’air. Le sCx est la même mesure mais rapportée à la surface totale du véhicule.
La décarbonation passe aussi par l’efficience d’une voiture, avec à la clé une économie de 5 t de CO2 rejetés. Sur le Renault Emblème, l’aérodynamique a été mise au point par les ingénieurs F1 d’Alpine, résultant d’un bon Cx de 0,25 et d’un sCx de 0,60. Tout a pensé pour soigner au mieux ce paramètre : capot plongeant, rétroviseurs caméra, ligne de toit fuyante, aéro active ou encore poignée de portes creusées. Ces dernières ouvrent les portes via un capteur sensitif et sont notamment 400 g plus légères que celles d’une Mégane E-Tech (50 composants en moins !).

Les essuie-glaces sont cachés derrière le capot pour ne pas perturber le flux d’air, tandis que les projecteurs utilisent des lentilles spécifiques nécessitant 80 % de matériaux en moins.
Les Renault électriques du futur ?
Au vu de l’état actuel de l’hydrogène (infrastructure inexistante, production très polluante), nous avons posé la question de savoir ce que donnerait un Renault Emblème 100 % électrique. Ce serait tout à fait possible d’après le responsable du projet, Pascal Tribotée. Au lieu d’une petite batterie de 40 kWh (fournie par la start-up française Verkor sur l’Emblème), il faudrait passer à une capacité de 60 kWh.

Cela demanderait alors de travailler davantage sur la décarbonation des matériaux (on y reviendra) : une réduction de 74 % de l’empreinte carbone au lieu de 70 % actuellement. Il serait également possible de loger un accumulateur de 87 kWh, mais cela aurait pour conséquence d’augmenter le bilan carbone du véhicule (+ 2,7 tonnes de CO2 émis).

En revanche, tous les autres axes de décarbonation appliqués sur le démo-car Emblème restent applicables sur les voitures 100 % électriques. De quoi promettre un avenir encore plus propre pour cette motorisation. Toutefois, il restera toujours à « verdir » les aspects logistiques ainsi que l’extraction minière pour la fabrication des batteries.
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