La Chine vient de taper du poing sur la table concernant quelques dérives constatées sur les mises à jour à distance (OTA). Les constructeurs devront se plier à de nouvelles règles bien plus restrictives.

Le ministère chinois de l’Industrie (MIIT) vient de serrer la vis sur les mises à jour logicielles dites OTA (Over-The-Air). Ces updates déployées à distance permettent d’ajouter des fonctions, d’en désactiver d’autres, de corriger des bugs ou même de modifier des comportements dynamiques d’un véhicule sans que le client n’ait le moindre mot à dire. Derrière cette innovation utile à la fois au propriétaire de la voiture et à la marque, se cachent aussi quelques dérives qui ne sont pas sans risque.

La réunion qui s’est tenue le 16 avril entre les autorités chinoises et une vingtaine de constructeurs locaux est une sacrée douche froide pour le secteur. Outre les nouvelles restrictions qui s’appliquent sur la conduite autonome, tout un pan de la discussion concernait aussi un contrôle plus strict des mises à jour OTA.

Un meilleur contrôle du système de mise à jour OTA

Pékin a décidé qu’il était temps d’arrêter de jouer aux apprentis sorciers avec des véhicules en circulation. De plus en plus de constructeurs se servaient des mises à jour à distance pour finaliser leurs véhicules après livraison au client. Cette tendance initiée par Tesla a depuis été adoptée par de nombreux groupes automobiles. S’il est positif que les véhicules évoluent dans le temps grâce à ces évolutions logicielles, ces modifications du code dans les véhicules n’excluent pas d’ajouter des bugs aux conséquences potentiellement mortelles.

Tesla, mise à jour de décembre 2021 // Source : Reddit
Tesla, liste des mises à jour de décembre 2021 // Source : Reddit

Désormais, les autorités chinoises souhaitent « réduire la fréquence des mises à jour OTA et améliorer la gestion des risques liés aux versions ». Il faut dire que l’on en arrivait parfois à des modifications envoyées au véhicule qui corrigeaient un bug introduit par la précédente évolution du logiciel. Il n’est ainsi plus question de cacher sous le tapis des développements poussés à la va-vite.

Les constructeurs vont devoir mieux documenter auprès des autorités les modifications apportées, tester et notifier correctement le client du contenu de l’actualisation logicielle. C’est une démarche plutôt intéressante de la part de la Chine, même si certains constructeurs (chinois comme occidentaux) le font déjà correctement. Tout cela devrait devenir la norme pour tous les véhicules, y compris en Europe.

Les mises à jour d’urgence seront considérées comme des rappels 

Selon les informations qui ont fuité de la réunion, les véhicules qui nécessitent des mises à jour logicielles d’urgence, suite à la détection d’un problème grave, seront désormais traités comme des rappels. Ce qui pourrait amener à un arrêt de production et des ventes jusqu’à ce que l’ensemble des véhicules soient mis à jour.

Là encore, l’objectif est de ne pas chercher à minimiser les risques inhérents aux nouveaux modèles. Ce qui avant aurait fait l’objet d’un rappel en atelier ne doit pas être caché derrière l’idée d’une simple mise à jour sans conséquence.

Un coup de frein qui profite aux constructeurs plus traditionnels

Les constructeurs qui proposent ces fameuses mises à jour OTA vont avoir du travail administratif en plus, car le nouveau règlement impose également une déclaration de chaque mise à jour OTA majeure au ministère. Toute modification affectant la direction, le freinage, la gestion de la batterie ou la conduite devra passer par une sorte de processus d’homologation.

La Chine envoie donc un signal fort : la voiture ne sera plus une app mobile sur roues, soumise aux expérimentations permanentes des constructeurs. Ce durcissement vise aussi à éviter les dérives marketing d’une « voitures en bêta perpétuelle », servant à masquer une mise sur le marché d’une voiture inachevée.

Tout ceci met des bâtons dans les roues à des constructeurs comme Tesla, Nio, Xpeng, Li Auto ou Xiaomi. À l’inverse, les constructeurs traditionnels, qui ne sont pas passés à la voiture connectée et à la conduite autonome, sont eux certainement ravi des décisions des autorités chinoises. Il sera intéressant d’observer les impacts que tous ces changements auront sur ces nouvelles marques automobiles. La réaction des constructeurs européens pourrait être à surveiller également.

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