Après les difficultés du Cybertruck, le Cybercab pourrait bien creuser le sillon d’un nouvel échec commercial. C’est en tout cas ce que redouteraient certains responsables de Tesla en désaccord avec Elon Musk.

À force de jouer les visionnaires, Elon Musk finit-il par perdre le fil du marché ? Selon un article de The Information, le projet de robotaxi, nommé Cybercab, serait mal parti pour séduire le grand public, voire une partie des équipes Tesla.

Faire des voitures électriques n’exalte plus vraiment le patron de Tesla. Alors, pour continuer à faire flamber l’action, il faut des projets toujours plus technologiques comme le robotaxi ou les robots humanoïdes. Sauf que l’homme le plus riche du monde semble quelque peu déconnecté des besoins réels des acheteurs, et cela pourrait coûter très cher à Tesla.

Un robotaxi déconnecté des réalités du marché

Selon l’article de The Information, plusieurs employés de Tesla doutent du potentiel commercial du Cybercab. Son design radical, dérivé du Cybertruck, pourrait ne pas séduire les clients finaux ni les gestionnaires de flottes de robotaxis. Certains ingénieurs auraient même proposé une version plus classique, avec volant, pour élargir son attrait — une option écartée par Elon Musk, fidèle à sa vision d’un véhicule 100 % autonome et sans commandes manuelles. Cela correspond à ce que l’on retrouve dans la biographie officielle d’Elon Musk par Walter Isaacson.

Franz et le projet Tesla Robotaxi ou tesla abordable  // Source : Autohome
Franz et le projet Tesla Robotaxi // Source : Autohome

Ce que l’on découvre en revanche, c’est que le potentiel de clients estimé pour ce type de véhicule est bien moins grand que ne l’affirme Elon Musk auprès des investisseurs, un peu comme pour les centaines de millions de robots Optimus. Les États-Unis vendent un peu plus de 15 millions de véhicules neufs par an. Le fonctionnement quasi permanent de robotaxis tel que l’imagine Elon Musk, pourrait faire baisser la demande à 3 millions de véhicules par an. Néanmoins, si l’on retire les populations qui restent attachées à la voiture personnelle et ceux qui vivent dans des zones rurales, cela fait chuter le potentiel de ventes annuelles bien en dessous du million de véhicules.

Tesla mise donc sur une niche encore balbutiante, au moment même où son Cybertruck — tout aussi clivant — peine à décoller commercialement. Certains en interne craignent que ce nouveau pari n’aggrave les difficultés de la marque à élargir sa clientèle et à maintenir l’activité des usines dans des seuils de rentabilité. Surtout qu’il faudra composer avec les retards de production et des réductions sur les ventes du reste de la gamme, puisqu’il séduira en premier les soutiens de la marque. En plus, dans le contexte réglementaire actuel, ce véhicule serait limité au seul marché nord-américain, ce n’est donc pas suffisant, car deux tiers des revenus de Tesla viennent du reste du monde.

Tesla Cybercab // Source : Tesla
Tesla Cybercab // Source : Tesla

Le pari du Cybercab, au détriment du Model 2

Elon Musk a décidé de mettre fin au développement du Model 2 pour concentrer tous les efforts de l’entreprise sur ce nouveau véhicule « unique au monde », censé être le premier sans pédale ni volant à embarquer des clients. Le patron de Tesla veut prouver au monde entier qu’il est un visionnaire, quand bien même le cybercab ne répond à aucune demande formulée sur le marché automobile et que le business model présenté est irréaliste.

Tant pis pour la voiture abordable, pourtant attendue comme la clé de voûte de la démocratisation de Tesla, et redoutée par la concurrence chinoise et européenne. Abandonner ce projet au profit d’un robotaxi dont la conduite autonome complète reste hypothétique, c’est faire un pari technologique au détriment d’un succès commercial quasi garanti. Les concurrents de Tesla s’en frottent les mains. Certains dirigeants de Tesla ont décidé de claquer la porte face à un Elon Musk qui ne les écoute plus. L’avenir n’est peut-être pas aussi rose qu’il n’y paraît pour Tesla.

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