Mine de rien, les scooters électriques se multiplient. Moins onéreux que les voitures et plus mobiles pour affronter les embouteillages urbains, ils apparaissent très vite comme le moyen de transport le plus efficace pour les trajets quotidiens en ville. Problème : c’est aussi un secteur qui a été vite investi par des importateurs, posant simplement un badge sur des scooters chinois, sans penser longue durée, SAV ou finitions. Il devient donc difficile de trouver un scooter électrique qui n’est pas fait en Chine aujourd’hui, mais certaines entreprises tentent de sortir du lot. En France, c’est le cas notamment de 2Twenty.
2Twenty est une entreprise qui a cherché à donner à l’électrique un genre définitivement rétro. Avec son Roma, inspiré d’un Vespa, l’entreprise tente de s’imposer sur un marché tourné vers les scooters au design futuriste et impersonnel. À cela, elle ajoute une ingénierie maison, une conservation des pièces détachées pour assurer la garantie et une attention particulière sur le SAV. Avec une batterie capable de lui assurer 50 km d’autonomie, l’emplacement pour une deuxième batterie de capacité équivalente, une vitesse max à 50 km/h, et une homologation pour deux personnes, le tout à moins de 3 000 euros, le Roma a de quoi séduire. Malgré sa taille imposante, qui saute toutefois aux yeux.
Qu’en est-il en pratique ?
Design et finitions
Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce scooter bleu layette qu’on nous amène en test pour une semaine près de la Porte Saint-Martin à Paris dénote. Garé au milieu d’une foule de scooters au look scooter, formant un dégradé de bleu nuit à noir avec quelques touches de gris, le Roma attire l’œil. Le plastique qui compose son armature ressemble à s’y méprendre au métal utilisé sur les modèles historiques dont il s’inspire. Ce n’est qu’au toucher qu’on remarquera une surface moins froide et plus souple.
Pour autant, les finitions du Roma frôlent la perfection. Si le scooter a bien été fait en Chine, on sent que la marque s’est émancipée d’un catalogue de pièces et a cherché à bien faire. Les formes sont très régulières, les angles ne tranchent pas. Tout transpire la robustesse, du guidon particulièrement imposant au siège, en passant par le support arrière. Rien ne couine sous le poids ou la vitesse et on se sent immédiatement en sécurité.
Contrairement à des modèles qui multiplient de manière incompréhensible les actions pour accéder aux compartiments, le Roma mise sur la simplicité : la clef permet de mettre le contact, d’ouvrir le coffre à batterie sous le siège par un deuxième port et d’ouvrir le petit compartiment de rangement par un troisième port. Pas de quarts de tour bizarres à faire avec les clefs ou de compartiments cachés : tout est accessible en un clin d’œil. Le rangement sur la droite permet de mettre grosso modo une bouteille, un antivol ou le chargeur pour les batteries. Cela ne vous permettra pas de stocker un casque ou de partir en week-end, mais c’est appréciable.
On retrouve ce soin dans les différentes commandes, réglages et afficheurs. Par exemple, le Roma ne fait pas de bruit strident ignoble à chaque action. On a trop testé de scooters électriques qui ponctuent chaque minute de conduite par des biiiiip infernaux, attribués aux clignotants, à la marche arrière ou, pire, à la veille. Même les meilleurs cèdent à cette mode et on est heureux de voir que le Roma s’en passe tout en gardant de la clarté, visuelle, sur les commandes : les indicateurs sont gros et bien lumineux.
Dernier bon point : le ventilateur du chargeur est remarquablement faible en décibels quand il est utilisé. Il n’est pas inaudible, mais nous n’avons pas eu à le déplacer dans une pièce isolée du bureau comme celui de la plupart des concurrents.
Conduite et autonomie
Sur la route
Mais assez passé de temps à regarder le scooter : mettons le moteur. Habitués aux scooters électriques nerveux et de tout petit gabarit — ceux de Coup font encore référence parmi les amateurs –, nous ne vous cacherons pas notre surprise quand nous avons… tenté d’accélérer avec le Roma.
En mode économie d’énergie, configuré par défaut, le scooter va se faire distancer aux feux rouges par tous les scooters thermiques, embêter les voitures derrière et même se faire prendre une longueur par des vélos ou VAE. 2Twenty nous a expliqué qu’un démarrage trop brusque était critiqué par les premiers utilisateurs… Mais peut-être la marque est-elle allée dans le trop mou. Aussi, les pentes de Montreuil ne permettent pas de dépasser les 30 km/h si l’on n’a pas pris suffisamment d’élan. Le temps (long) d’arriver à pleine vitesse, le scooter est déjà en haut.
Heureusement, un cheat code détaillé dans le manuel permet d’activer le mode sport qui correspond grosso modo à un mode par défaut sur les scooters électriques concurrents. Sans être une flèche, le Roma devient utilisable en ville et permet des démarrages rapides par une reprise d’accélération beaucoup plus réactive. Ce mode sport aurait dû, pour nous, être le mode par défaut : il n’est franchement pas brusque ni déstabilisant. Une fois qu’on a pris le coup, on se plaît à conduire au milieu des pots d’échappement parisiens, perdant probablement une minute de vie par seconde passée sur les grandes artères. Au moins, on peut passer devant tout le monde.
Le maintien sur la voie est très bon, car le scooter est pataud. C’est un gros scooter, qui n’a pas un profil effilé. Plusieurs fois, il a fallu que nous vérifions derrière nous si l’angle de braquage permettait bien de faire passer l’arrière de l’engin. Ce sera un défaut pour les amateurs et amatrices de mobilité rapide, et une qualité pour les débutants et débutantes qui cherchent avant tout le confort de conduite.
Côté freinage, nous avons eu quelques frayeurs sur sol glissant et mouillé, mais plus parce que l’engin n’est pas très permissif sur la pression des freins que parce que son système est défaillant. Sans ABS pour optimiser le tout, il faut être vigilant et ne pas trop bloquer les deux roues (frein de gauche) et privilégier un freinage doux au frein droit — des recommandations conformes à ce qui est enseigné au permis moto. Par temps sec, le Roma n’a aucun problème de freinage ou de direction dans le freinage, et se montre même très rassurant de ce côté-là.
Enfin, si l’on apprécie que le frein coupe entièrement les moteurs à l’arrêt (tourner les gaz puis lâcher le frein permettra un démarrage avec tout le couple disponible), on regrette que le clignotant n’ait pas de bouton poussoir central pour le remettre à 0. Résultat, on tend à l’oublier bien trop souvent dans une position.
2 batteries
Contrairement à Askoll qui pompe sur les deux batteries à la fois, 2Twenty a choisi de laisser à l’utilisateur le changement de batterie. En pratique, c’est très simple : un câble à débrancher et rebrancher sous le siège. L’opération peut se faire en moins d’une minute et nous l’avons réalisée à mi-parcours en nous rabattant quelques instants sur un trottoir. Notre expérience peut confirmer la fiche technique : on se retrouve avec plus ou moins 50 km d’autonomie par batterie, qu’on peut recharger l’une après l’autre et donc ne jamais être à court.
En revanche, la version testée du Roma a un problème que 2Twenty reconnaît bien volontiers : l’indicateur de batterie n’est pas fiable. À l’usage, nous avons trouvé qu’il fonctionnait un peu comme celui des trottinettes électriques, montrant le niveau restant à un instant T et fonction de l’effort demandé aux batteries. Typiquement, il pourra vous montrer une barre sur le total quand vous montez et en retrouver 3 ou 4 sur du plat. Quand vous vous arrêtez, vous ne savez pas combien de batterie il vous reste vraiment.
L’astuce aujourd’hui est très low tech : notez le kilométrage indiqué après un arrêt et additionnez pour savoir où vous en êtes. Bonus low tech : quand il reste environ 10 km dans une batterie, le scooter se traîne comme jamais. C’est un signe qu’il va falloir recharger. Corriger ce fonctionnement aléatoire, qui n’est pas gênant si votre trajet quotidien est inférieur à 50 ou 100 km est l’un des objectifs de 2Twenty pour la prochaine mise à jour du Roma.
Le verdict
On a aimé
- Look, finitions
- Conduite agréable
- Entreprise et SAV français
On a moins aimé
- Pataud
- Afficheur batterie aléatoire
- Mode économie vraiment lent
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