La voiture autonome a encore tout à prouver. En coulisses, les différents acteurs s’activent pour faire de cette technologie ambitieuse un outil de mobilité de demain. En France, c’est notamment le cas de Renault, qui a invité la presse à l’occasion de l’inauguration du Autonomous Lab sur le campus tech de Paris-Saclay à la mi-mai 2019. Là-bas, l’entreprise travaille sur la conduite autonome en compagnie de Transdev, un opérateur avec lequel elle s’est associée pour tester des cas d’usage. L’occasion pour nous de monter dans une ZOE — citadine électrique — capable de rouler toute seule.
C’est sans crainte que nous avons grimpé dans le véhicule, en compagnie d’un ingénieur et d’un opérateur de sécurité installé derrière le volant (il ne le touche qu’en cas de force majeure).
Dès le démarrage, on est rapidement surpris par le naturel avec lequel se comporte la voiture au moment de gérer des intersections, des feux, des passages piétons, des dos d’âne (vrai ralentissement) ou encore des ronds points — certes à une vitesse limitée (30 km/h) et sur une zone précise et très contrôlée. Il n’y a guère que les freinages un peu brusques sur les derniers mètres pour nous rappeler que c’est une machine qui est aux commandes.
La conduite autonome, d’abord comme un service
Cette opération Autonomous Lab représente une deuxième étape pour Renault, qui fait déjà rouler des véhicules autonomes depuis quelques mois à Rouen. Pour le constructeur, l’idée est d’expérimenter afin d’emmagasiner un maximum d’expériences, avec une emphase sur la sécurité (le principal enjeu de la conduite autonome). Côté hardware, Renault se base sur des ZOE bardées de capteurs (six LIDAR, une caméra frontale et un GPS haute précision) mais tâtonne encore sur certaines technologies à employer. Il n’optera pas nécessairement pour une solution 100 % intégrée en faisant appel à des dispositifs installés sur les infrastructures présentes aux abords des routes (feux tricolores connectés, LIDAR intégré à des poteaux électriques). Le but ? Étendre la perception du véhicule dans certaines zones problématiques (marquages au sol effacés et/ou signal GPS en perdition).
Des tests publics en fin d’année ?
C’est d’ailleurs le principal intérêt du Autonomous Lab, qui repose sur un terrain de jeu faisant office de mine d’or remplie de situations à appréhender pour l’intelligence artificielle (qui s’améliore de jour en jour). Dans un premier temps, les essais resteront privés pour assurer performance et sécurité. Mais Renault espère pouvoir lancer des tests publics en fin d’année, via un panel d’utilisateurs choisis qui passeront par l’application Marcel (service d’autopartage).
Ils pourront commander une ZOE autonome qui les conduira d’un point A à un point B (dans un premier temps, ce sera un modèle à la uberPOOL, avec des lieux de rencontre à rejoindre). À terme, le constructeur français entend faire de son service de mobilité un moyen de sensibiliser à la conduite autonome. Lire : on est encore très loin de devenir propriétaire d’une voiture autonome pour une utilisation personnelle.
En parallèle de ce service d’autopartage baptisé ZOE Cav, Transdev compte faire rouler un mini-bus autonome répondant au nom I-Cristal. Il s’agit également d’un service collectif, qui opère de nuit (00h30-3h) et assure la liaison entre la gare de Massy et les quartiers du plateau de Saclay. Compacte (jusqu’à 16 personnes au maximum) et accessible aux personnes à mobilité réduite, la navette s’appuie aussi sur des divertissements à bord (du Wi-Fi, un accès à des titres presse…). Ainsi, Transdev promet une expérience passager aussi bonne, sinon meilleure, que les solutions traditionnelles.
Du côté des dispositifs hardware autorisant la conduite autonome de niveau 4, elle s’en remet à cinq LIDAR, cinq radars, dix caméras et un GPS pour la localisation — sans oublier la connexion aux infrastructures extérieures (comme la ZOE). Pour l’heure, Transdev n’est pas en mesure d’annoncer une date de lancement pour des tests publics (là encore avec un panel). L’entreprise peut néanmoins confirmer qu’il y aura un opérateur à bord pour rassurer les passagers (un conducteur de bus qui sera formé à l’exercice).
De par leur alliance, Renault et Transdev partagent un poste de contrôle centralisé (PCC), où un superviseur s’assure que tout fonctionne correctement. Transdev n’a pas su nous dire combien de véhicules un seul opérateur pouvait prendre en charge. À l’heure actuelle, un seul suffit pour s’occuper de la flotte composée d’une navette et de trois ZOE. Le PCC permet à un humain d’observer plusieurs écrans et, en cas de souci, d’arrêter un ou plusieurs véhicules à distance. En d’autres termes, il s’apparente à un matelas de sécurité supplémentaire.
Petit à petit, l’oiseau fait son nid
Pour Renault, la mobilité du futur nécessite des partenariats. Ils permettent à des entités de mettre à profit leur savoir-faire propre pour répondre aux nombreux enjeux que pose la conduite autonome. Patricia Villoslada, directrice Systèmes de Transports Autonomes chez Transdev, appuie ce constat : « Le dossier est suffisamment complexe pour qu’on le gère à plusieurs ». À Renault d’ajouter : « On est en train de découvrir la nouvelle répartition des rôles », avec un engagement collectif sur la sécurité.
Le chemin vers des ambitions plus grandes — une mise à l’échelle — est encore long. Sans compter la question de la législation, les parties prenantes doivent rassurer sur la sécurité, prouver que le service est fonctionnel et prévoir un business model rentable (aujourd’hui, ces technologies coûtent encore très cher). Néanmoins, il se dégage du Autonomous Lab l’idée que, petit à petit, l’oiseau fait son nid et prend son autonomie. En tout cas, et malgré toutes les limites mentionnées, on a bel et bien roulé dans une ZOE qui conduisait seule. Une preuve que certaines étapes clés ont déjà été franchies.
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